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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°38|39, 17 septembre 2012  >  Seule une attitude clairement défensive contre les «pseudo-événements» est utile [Imprimer]

Sans neutralité, pas de CICR

«La position de la Suisse dans le monde est définie par la neutralité armée perpétuelle. Elle n’est ni imposée de l’extérieur ni un simple moyen pour l’affirmation de soi. Elle est l’expression de l’esprit de la Suisse en tant qu’Etat de droit qui implique nécessairement le renoncement à la politique de force. Cette neutralité, appliquée depuis 500 ans, légitime la Suisse d’héberger le Comité international de la Croix-Rouge dont seulement des Suisses font partie et qui jouit d’une réputation internationale comme peut-être aucune autre institution au monde.»

Wolfgang von Wartburg, Unterentfelden, «Aargauer Zeitung» du 5/2/97

Seule une attitude clairement défensive contre les «pseudo-événements» est utile

Pourquoi aussi les Suisses de gauche et les «gentils» devraient éviter de se faire manipuler et plutôt soutenir la neutralité armée

par Tobias Salander

A notre époque, où la Suisse est exposée aux attaques venimeuses de l’Empire à travers son représentant en Allemagne, le SPD complaisant et téléguidé par les services secrets, un regard sur l’histoire s’impose. D’une part sur l’époque des dernières attaques massives d’Outre-Atlantique des années 90 du dernier siècle, d’autre part sur l’époque de la grande mise à l’épreuve de la Suisse, l’encerclement de notre pays par les puissances de l’Axe et le double blocus par eux et par les Anglo-Saxons durant la Seconde Guerre mondiale. A l’époque valait et aujourd’hui vaut encore: le dégonflage, la flatterie et l’attentisme ne font qu’empirer la situation. L’exigence de l’heure est le rappel des bases de notre Nation née de la volonté collective: être inébranlablement résolus de vivre libres, une vie de dignité et de respect de ses semblables, à l’intérieur et face au monde, l’organisation de l’économie tenant compte des aspects sociaux et de ceux de la nature, et un comportement non polluant sérieux. Cela ne peut se faire que par une attitude de neutralité, reliée de façon indélébile à la volonté de défense armée. Dans l’histoire, tout le reste a conduit à l’assujettissement et à la vassalité.

Que les attaques allemandes contre la Suisse, contraires au droit international public, et la souveraineté de décider nous-mêmes de nos lois, y compris des lois fiscales, soient lancées par le SPD, ne devrait tromper personne, surtout pas nos gens de gauche. Le parti, qui a naguère obtenu avec clémence des puissances occupantes l’autorisation de sa fondation, et qui a été accompagné de près et pris en charge par les services secrets (qu’on compare par exemple les affirmations de l’agent de la CIA compétent dans le film «Germany made in USA» sur youtube) ne s’exerce aujourd’hui pas au tir par exemple sur le Delaware, les Iles anglo-normandes ou les Iles Caïmans, où l’on lave de l’argent sale dans les grandes largeurs. Non, au contraire, de façon absurde, il tire sur la Suisse, dotée d’une loi exemplaire contre le blanchissement d’argent. Chaque Confédéré de gauche devrait voir ici quelle est l’intention et en être mécontent. Il s’agit de savoir si nous voulons entrer dans l’histoire pour nous être fait avoir, comme une niaise cinquième colonne, par une manipulation majeure organisée par un fascisme financier. Que l’UE de Jean Monney, en piteux état, doive être sauvée et transformée par une «German Europe», comme proposé par le numéro actuel de la revue Foreign Affairs – certainement pas le journal préféré des gauches européens – ou que l’Allemagne, par le MES et une FED européenne, obtienne le droit de se soumettre au groupe Rockefeller-Rothschild est égal, respectivement devrait donner des renvois aigres à un homme de gauche. Le vision claire et la conviction de la volonté de défense en tant que bases de toute liberté et indépendance, précisément face à la haute finance et ses Gauleiter du SPD, ont été contrefaits et brouillés pour les Suisses de gauche et les gentils par la mission Bergier des services secrets. On donnera donc ici la parole à quelqu’un qui, partant du sein de l’Empire, n’a jamais perdu la vision claire, a toujours fait la différence entre la réalité et la conduite d’une campagne et a volé au secours de la Suisse dans des temps tourmentés.

Celui qui ne reconnaît pas la manipulation est bien bête

Il s’agit d’Angelo Codevilla, professeur de relations internationales à l’Université de Boston, officier dans la marine américaine, collaborateur du service américain des Affaires étrangères, membre de l’Etat-major de la Commission sénatoriale des services secrets et Senior Research Fellow au ­Hoover-Institut de l’Université de Stanford. C’est par conséquent un scientifique qui connaît les services secrets américains de l’intérieur et qui devrait gagner le cœur de tout anti-impérialiste de gauche – pour autant qu’il ait des convictions sociales et qu’il ne confonde pas le fait d’être de gauche avec un tremplin de carrière au sein du projet américain pour l’Europe de Jean Monnet. Un projet qui a accordé à la haute finance de nouveaux débouchés et a ouvert et ouvre encore, après le «Overstretching» des forces armées américaines, un grand potentiel d’hommes en âge de servir qui doivent garantir la protection militaire aux ploutocrates pour leurs expéditions de pirates globalisées. Celui qui ne reconnaît pas la manipulation dans ces jeux est bien bête et il devra plus tard accepter de se faire poser, par ses propres jeunes gens, la question pourquoi on a laissé les spin-doctors faire gober des mensonges, comme la génération précédente qui a eu besoin de beaucoup de temps pour résister aux chants des sirènes du totalitarisme et pour mettre sur pied sa défense.
Codevilla, un connaisseur des relations interaméricaines, estime que ce qui valait dans les années 1990, l’est à nouveau aujourd’hui: la Suisse fait l’objet d’une campagne. Une campagne qui a peu à voir avec l’éthique, la vérité historique et une éventuelle réparation qu’avec de la recherche d’argent, du chantage et du profilage per­sonnel et de partis politiques!
A l’époque comme aujourd’hui, la campagne contre la Suisse n’est que du vent. Codevilla parle même de «pseudo-événements», et cela en connaisseur de la politique de ses concitoyens, qui ne reculent devant aucun moyen quand il s’agit de faire du cash et de conserver la zone d’influence de l’Empire ou même de l’étendre – bien dommage, quand nous Européens ne nous en apercevons pas. C’est ainsi que Codevilla écrit dans son livre, et ça vaut encore aujourd’hui mot pour mot:
«Le terme qui définit le mieux la campagne anti-Suisse de 1995–1999 est ‹pseudo-événement›, forgé il y a une trentaine d’années par le bibliothécaire du Congrès, Daniel Boorstin, dans son monumental ouvrage The Image: A Guide to the Pseudo Event in America. Autrefois, écrivait Boorstin, on rapportait des événements qui s’étaient réellement produits. Aujourd’hui, les pseudo-événements n’existent que dans la mesure ou quelqu’un réussit à les rapporter. Le caractère artificiel de la controverse sur la pré­tendue infamie de la Suisse, récemment mise à jour, saute aux yeux, lorsqu’on se rend compte qu’elle ne comporte aucun élément d’information nouveau. En 1996, le Sénateur Alfonso D’Amato (Républicain – NY), qui contribua par tous les moyens à répandre la rumeur, le reconnut à sa façon en disant que, bien que la question eût été étudiée de façon exhaustive depuis longtemps, elle était totalement nouvelle pour lui. Hélas, le passé est riche d’incertitudes pour ceux qui n’ont pas fait l’effort de les découvrir.
En fait, toutes les informations, si minimes soient-elles, à la charge ou à la décharge de la Suisse, avaient été archivées un demi-siècle plus tôt, après avoir été examinées sous toutes leurs coutures par les acteurs de cette partie de la guerre. En bref, les instigateurs de la campagne ressuscitaient des fragments d’une vieille histoire pour étayer des jugements diamétralement opposés à ceux des protagonistes de l’époque.» (p. 20)

Des campagnes américaines – hier comme aujourd’hui

Et quelles leçons pouvons-nous, citoyens de 2012, en tirer? Les paroles de Codevilla de l’an 2000 résonnent comme s’ils étaient d’aujourd’hui:
«Les leçons les moins importantes concernent la campagne anti-Suisse à proprement parler. Elles ont surtout trait à l’état de la politique américaine à la fin du XXe siècle. Seul fait tangible, en résumé: une coalition d’Américains puissants a orchestré une campagne nouvelle en se servant du pouvoir et du prestige du gouvernement des Etats-Unis pour faire main basse sur d’importantes sommes d’argent.» (p. 21/22)
Il faut être vraiment bien naïf ou être un membre des Jeunesses socialistes à la Cédric Wermuth pour croire que l’argent suisse obtenu par chantage via les accords fiscaux impossibles reviendra au fisc allemand, ou même au bénéficiaire allemand de Hartz-IV. En passant par le MES, tout va directement dans la poche des dompteurs de la finance.
Rendons une fois encore la parole à Codevilla puisqu’il nous montre, à nous Européens, comment, avec un peu de courage civique, des campagnes peuvent être reconnues, désignées et correctement appréciées. Et combien il est plus agréable et digne de marcher le dos droit au lieu de ramper – et combien il est honteux de ne même pas reconnaître les courbettes en tant que telles, mais de les célébrer en tant qu’œuvre personnelle …
«Mais, entre 1995 et 1999, une campagne de publicité orchestrée par l’administration Clinton, conjointement avec Edgar Bronfman, magnat des médias et de l’alcool, a caricaturé le rôle de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale, au point de donner une idée dangereusement fausse de la marche du monde aux personnes peu familiarisées avec les réalités de la guerre. Bronfman, le plus grand donateur du parti démocrate des Etats-Unis, président et financier du Congrès Juif Mondial, a usé de son formidable pouvoir pour persuader le président des Etats-Unis, le président du Senate Banking Committee, un réseau de fonctionnaires locaux et nationaux, une armée de juristes et les médias de raconter une histoire ahurissante: de nouvelles découvertes auraient montré que la Suisse avait été, en fait, l’alliée de l’Allemagne nazie, que le peuple suisse partageait la responsabilité de l’Holocauste et que les banques suisses avaient volé les capitaux des juifs exterminés. A l’évidence, il n’y avait pas une seule donnée nouvelle dans cette explication. Mais Bronfman n’en réussit pas moins à convaincre deux des plus grandes banques suisses, qui ensemble réalisent quelque 4 milliards de dollars de profits annuels aux Etats-Unis, qu’elles ne pourraient plus poursuivre leurs activités à New York si elles ne mettaient pas d’importantes sommes d’argent à sa disposition. Le 12 août 1998, lorsque ces banques acceptèrent de verser 1,25 milliard de dollars sur trois ans à l’organisation de monsieur Bronfman, l’opération de dénigrement s’interrompit brusquement, et l’on cessa bientôt de parler de l’attitude de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale. Tant pis!
Cette campagne était significative en soi: une puissante organisation privée avait persuadé de hauts fonctionnaires américains, ainsi que le système juridique américain, qu’il fallait obliger des étrangers faisant affaire dans ce pays à verser un énorme pot-de-vin. Des agents du service public avaient servi des intérêts privés, sans qu’aucun corps législatif n’eût voté, sans qu’un représentant de l’exécutif n’eût pris une seule décision dont il pourrait avoir à répondre par la suite, sans qu’un tribunal n’eût rendu de jugement ou n’eût seulement déclaré recevables les témoignages ou les preuves. Nous avons là une illustration supplémentaire du fait que les Etats-Unis ne cessent de s’écarter du respect de la loi et d’une politique étrangère responsable.» (p. 11/12)

Encerclée par l’UE, dépendante de la faveur des USA

Après cette classification claire des dessous de la raclée administrée aux Suisses – par un scientifique américain connaissant particulièrement bien le monde des services secrets –, posons à présent la question de savoir comment on peut s’en défendre. Puisqu’après le rouleau compresseur de Bergier et les élucubrations d’un Jakob Tanner, Thomas Maissen et d’autres, un regard suisse sur l’histoire suisse a toujours éveillé de façon générale les soupçons, donnons ici une fois de plus la parole à une personne extérieure. Il faut se poser à ce sujet la question: quel est le degré de dégénérescence d’un pays, respectivement de ses «élites» autoproclamées, quand des citoyens et des scientifiques indigènes ne trouvent plus d’écho ou ne sont plus pris au sérieux lorsqu’ils font valoir des résultats en béton de recherches concernant leur propre pays? Qu’on imagine que d’autres pays, par exemple les Etats-Unis, la Chine ou Israël, se laisseraient imposer leur propre histoire de l’extérieur et se laisseraient cracher dessus. Impensable!
Rendons donc la parole au professeur américain Codevilla qui dépeint la situation dans laquelle la Suisse se trouvait durant la Seconde Guerre mondiale, – et celui qui a présente à l’esprit la situation actuelle, encerclée par les membres de l’UE, verra que selon l’aggravation des attaques, une situation pas totalement différente pourrait se produire. Etant donné que la topographie et la position géostratégique demeurent constantes même si les convoitises peuvent varier, le destin d’un petit pays qui veut rester indépendant change peu durant des décennies, voire des siècles. Si autrefois c’était le passage des Alpes qui excitait la convoitise des grandes puissances, ça pourrait être aujourd’hui l’eau contenue dans le massif du Gothard, les finances communales en pleine santé, les beaux paysages etc. etc. Mais le modèle d’une communauté structurée de bas en haut et qui préserve, dans un système de démocratie directe, la dignité humaine comme nulle part ailleurs, pourrait être une insulte permanente pour les oligarques de l’Empire. En effet, leurs sujets pourraient avoir l’idée de se saisir eux-mêmes de ces droits. Car s’ils étaient unis et décidés à vouloir vivre sur un petit espace, selon un système de démocratie directe, et donc pacifiquement, les «banksters» internationaux seraient acculés à la démission.
Voici donc ce que dit Codevilla de la situation perpétuelle de la Suisse vu sa position géopolitique:
«Historiquement parlant, les pays neutres sont toujours soumis aux pressions des deux blocs de belligérants. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Suisse s’est trouvée coincée entre deux blocus concentriques. Le blocus externe, imposé par les Alliés, limitait les échanges commerciaux à la fois vers la Suisse et en provenance de la Suisse, ceux-ci sachant pertinemment que les Allemands pouvaient faire pression sur les Suisses pour exiger une partie des matières échangées. Le blocus interne, imposé par les Allemands, limitait les exportations suisses en direction des pays alliés, les produits manufacturés suisses pouvant eux aussi être utilisés avec profit par les Alliés. Pour intensifier la pression, l’Allemagne limita également les importations suisses de combustibles et de denrées alimentaires. En conséquence, les Suisses devaient solliciter l’autorisation des pays de l’Axe et des Alliés pour la moindre cargaison de marchandises qui entrait sur son territoire ou en sortait. Cela signifiait que l’Axe et les Alliés devaient marchander entre eux, par le biais d’intermédiaires suisses. Chacune des parties était consciente de la pression que l’autre exerçait sur les Suisses.» (p. 39/40)

Business as usual – l’arrangement entre Nazis et Américains

Que les élites américaines aient toujours voulu mettre leur propre magot en sécurité n’est pas nouveau. Qu’aujourd’hui ils puissent se servir de la social-démocratie allemande ne déconcerte qu’au premier coup d’œil. N’oublions pas que les documents de la Stasi ont été évacués par la CIA directement de la Normannenstrasse aux Etats-Unis. Les 30 000 agents occidentaux de la Stasi, à présent un joli potentiel de chantage pour la haute finance déposé dans les soi-disant Rosewood-Files, étaient certainement aussi actifs au sein de partis politiques – combien d’entre eux vraisemblablement dans le SPD??
Mais l’«amitié» germano-américaine n’a pas été créée qu’après la guerre. Non, aux Etats-Unis, durant la guerre aussi, beaucoup de P.D.G. des grandes entreprises se comportaient selon la devise «business as usual», ce qui signifiait qu’ils ne voulaient pas se laisser dissuader de faire des affaires avec les Nazis génocidaires. Au moment culminant des attaques contre la Suisse, l’historien américain juif Herbert R. Reginbogin publia une étude qui fit sensation, dans laquelle il révéla les machinations de certains groupes faisant partie de l’Empire anglo-saxon – le «big business» n’a donc jamais eu peur des contacts avec l’adversaire politique.
Dans son ouvrage «Hitler, der Westen und die Schweiz», publié en commun avec l’historien suisse Walter Hofer, Herbert R. Reginbogin examine une question qui a été négligée par la Commission Bergier (par manque d’argent, de temps, ou bien?). La question est: Comment la Suisse était-elle perçue durant la Seconde Guerre mondiale par la communauté internationale? Comment sa politique, son économie et sa société est-elle différente de celle d’autres pays de cette époque? C’est le mérite de Reginbogin d’avoir fait la lumière sur le rôle des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, en se basant sur le matériel d’archives le plus récent. Les résultats de ses recherches ne manquent pas de piquant. Sa conclusion: si quelqu’un d’autre que l’Allemagne national-socialiste porte la responsabilité de la durée de la Seconde Guerre mondiale, de l’holocauste, du laisser faire du totalitarisme, alors ce sont la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Ce disant, Reginbogin ne veut pas laver la Suisse de tout soupçon, mais maintenir les proportions. Le bilan qu’il dresse est le suivant:
«Quand aujourd’hui des politiciens américains, des journalistes ou des soi-disant «historiens» accusent des pays européens neutres d’avoir, suite à leur rapacité pendant la Seconde Guerre mondiale, contribué à prolonger la guerre, alors il doit être permis d’y opposer les activités des dirigeants économiques américains ainsi que des banques et des industries-clés. L’ampleur des affaires conclues entre les industriels américains, les financiers et l’Allemagne hitlérienne a beaucoup contribué à augmenter le potentiel d’armement allemand et d’obtenir avant et aussi pendant la guerre des avantages stratégiques.» (Hofer/Reginbogin, p. 623)

Il faut toujours imaginer toute éventualité: les Etats ne sont jamais des amis, seuls leurs intérêts comptent

Ajoutons à ces messages clairs des deux chercheurs américains Codevilla et Reginbogin une voix éclairante provenant de Suisse qui relève aujourd’hui la volonté de résistance. Non, certainement pas provenant d’un historien du sérail, car les chaires de celui-ci sont toutes occupées par les adeptes de Bergier. Il s’agit au contraire d’un économiste diplômé en gestion d’entreprise ayant une grande expérience du monde, qui a fait pour les Alémaniques ce que Christian Favre, ingénieur électricien de formation, a fait pour les Romands. Après des recherches méticuleuses et complètes des sources et des descriptions s’y rapportant, les deux ont publié des livres qui devraient faire partie des lectures obligatoires de l’enseignement civique!1
La quintessence du message de Frick, à transcrire particulièrement à notre époque, est celle-ci: dans un monde où il n’y a finalement jamais de véritable amitié entre Etats, mais seulement la défense d’intérêts, la liberté et la dignité se perdent, si les Etats démocratiques ne réfléchissent pas constamment et ne se préparent pas aussi à toute éventualité. Celui qui construit un Etat social et se déclare neutre, tout en déclarant fièrement ne rien investir dans l’armement, ne devra pas s’étonner si la situation politique change brusquement et qu’une puissance autrefois amicale remplit elle-même le vide politique ainsi créé. Cela s’est produit au Danemark et en Norvège en 1940, mais ça pourrait aussi se produire aujourd’hui. On peut évidemment dire qu’on ne se défendra pas en cas d’attaque, puisque ça n’a pas de sens de se défendre contre une puissance supérieure! Les conséquences? La puissance occupante déportera évidemment les hommes du pays occupé comme travailleurs obligatoires pour renforcer l’industrie d’armement et pour libérer les ouvriers et paysans indigènes au profit de sa propre armée d’agression. L’assujetti devra éventuellement même faire du service militaire, deviendra un membre de la machinerie de conquête, tuera, rien que pour ne pas être tué lui-même. Dans son étude, Frick décrit les épouvantables conséquences auxquelles les pacifistes de Belgique, du Danemark, de Norvège, de France etc. furent confrontés. Mais il parle aussi des résistants, tels les Serbes, qui furent battus. Ce disant, il détruit de façon salutaire toute illusion prétendant qu’on peut de nos jours aussi rester passif, qu’on serait alors assujetti, ce qui tout compte fait ne serait pas si terrible que ça. Frick démontre que l’histoire a toujours convaincu de mensonge les tenants de cet avis, de façon douloureuse.

Un peuple qui ne se défend pas, n’est pas pris au sérieux

Un peuple qui ne se défend pas, n’est pas pris au sérieux. C’est ainsi actuellement quand on entend la voix railleuse du valet SPD et celle de son maître au-delà de l’Atlantique. C’était déjà ainsi autrefois, mais en même temps aussi au sens inverse: les efforts des Suisses pour se défendre pendant la Seconde Guerre mondiale, surtout la construction du réduit, ont été pris très au sérieux, et pas seulement dans le «grand canton» au-delà de la frontière. Là, il n’était pas du tout question d’un soi-disant défaitisme des Confédérés, mais d’esprit combatif et d’esprit de résistance et que la Wehrmacht s’y casserait les reins, selon l’expression du général des troupes de montagnes de la Wehrmacht, Franz Böhme, dans son étude pour une attaque contre la Suisse. Et le «Times» de Londres a sou­ligné qu’aucune armée au monde ne pouvait mobiliser ses troupes aussi rapidement que l’armée suisse, de même l’étude d’attaque Tannenbaum de 1940 confirme ce jugement, bien qu’avec d’autres arrière-pensées. Pour cette raison, il serait de grande importance aujourd’hui encore de contrer les attaques contre la Suisse de manière résolue et de se faire ainsi respecter!
Le «Kleine Orientierungsheft Schweiz» [petit carnet d’orientation pour la Suisse], rédigé pour les troupes allemandes par l’état-major de l’armée de terre en septembre 1942, dit sur le système de milice de la Suisse, ce que les idéologues de Bergier dans leur dépendance de l’OTAN ont toujours su calomnier: «Le système de milice suisse rend possible un recensement complet des hommes aptes au service militaire avec des coûts relativement bas. Il maintient au sein du peuple suisse l’esprit militaire toujours présent, et permet pour un si petit pays la mobilisation d’une armée forte, bien organisée et rapidement opérationnelle. Le soldat suisse se distingue par son amour pour la patrie, sa trempe et sa résistance.» (Cité d’après Frick, p. 55)

Qu’en est-il de votre dignité, messieurs les professeurs?

C’est toujours ainsi, si l’on observe les jeunes qui s’opposent de plus en plus à l’arrogance intellectuelle de ceux qui dédaignent la Suisse dans les chaires universitaires, en politique et dans les rédactions.
Le général Böhme, déjà cité, a dit sur ce que les falsificateurs de l’histoire du groupe Bergier appellent un mythe, c’est-à-dire le réduit: «La défense nationale suisse dispose d’une armée qui représente un facteur très important, déjà uniquement suite à ses effectifs. De prendre le réduit alpin, certainement défendu de manière acharnée par les troupes, représente un problème difficile à résoudre.» (Cité d’après Frick, p. 57)
Cela procure une impression étrange de retrouver la reconnaissance des prouesses de nos ancêtres dans des sources de la Wehrmacht, pendant qu’en Suisse des mensonges historiques ordonnés par l’Etat veulent nous faire croire le contraire.
A la fin de son livre, Frick dresse un bilan en dix points, dont nous allons rappeler le quatrième, sixième et dixième, car ils donnent des indications précieuses comment aussi de nos jours, dans une situation tout aussi explosive, les conclusions tirées de l’histoire peuvent être utilisées pour maintenir notre dignité: Sans esprit de résistance et la mise sur pied d’une armée crédible, un pays n’est pas vraiment souverain.
Une attaque contre le pays doit apparaître trop coûteux à l’attaquant et s’il ose quand même attaquer, ils doit être pris dans un long combat mené avec détermination. Pour cela il faut un bon équipement, une formation dure et orientée aux réalités de la guerre, de la discipline et une grande autonomie des officiers et des soldats. Si l’on néglige l’esprit de résistance pendant un certain temps, il est très difficile de le faire revivre à court terme […].
Qui croit trouver de la clémence en renonçant à la défense, sera démenti par l’histoire: Prise d’otage, recrutement de travailleurs forcés et utilisation d’êtres humains comme chair à canon sont les conséquences. Frick le décrit ainsi: «Il n’y a qu’une réponse qui est moralement impeccable: s’engager pour la paix, mais maintenir une armée forte qui se bat uniquement en cas d’attaque, mais alors d’une manière résolue et sans aucun compromis.» (Frick, p. 119)
En ce qui concerne la neutralité, celle-ci ne protège ni des amis, ni des ennemis et elle a donc besoin d’un bouclier protecteur, d’une armée crédible: «L’Allemagne a attaqué de nombreux pays neutres, même ceux qui avaient peu avant conclu un pacte de non-agression avec elle. Mais les Alliés ont agi de la même façon lorsque cela convenait à leurs intérêts.» (Frick, p. 121)
Pour que la neutralité soit crédible, elle doit être défendue contre toutes les parties. Sans égards aux sympathies ou aux antipathies. Frick classe la rencontre du Général Guisan avec le général de la SS, Schellenberg dans ce contexte. Guisan avait ainsi fait parvenir au Haut Commandement allemand la confirmation que la Suisse était décidée de lutter contre tout un chacun qui blesserait son intégrité territoriale, aussi contre les Alliés: «Il fallait empêcher que l’Allemagne attaque la Suisse à titre préventif parce qu’elle pourrait se méfier de la volonté suisse d’empêcher de toutes ses forces aussi une traversée alliée par son territoire.» (Frick, p. 122)

Donner des signaux clairs de volonté de défense à l’Empire

Finalement Frick nous soumet à réflexion un point dont nous devons être conscient lors de toutes nos décisions, «que pas toutes les questions dont nous décidons ne touchent qu’à la politique intérieure. Nous envoyons aussi en même temps des signaux dans le monde qui seront captés et interprétés.» (Frick, p. 126)
Jusqu’en 1939 la plupart des gouvernements européens ont signalé à Hitler qu’ils étaient démoralisés et pas prêt à défendre leurs valeurs. La Grande-Bretagne et la France se sont également rendues coupables de la Seconde Guerre mondiale, parce qu’à Munich elles ne se sont pas tournées résolument contre Hitler: «Avec leur capitulation, les deux puissances ont aussi désavoué la population de Berlin, qui, trois jours avant Munich, avait clairement manifesté leur opposition contre la guerre». (Frick, p. 126) En Suisse, cela s’est passé autrement: elle a émis un signal clair qu’elle était résolument décidée à se battre. Ainsi, le chef de l’état-major allemand Halder a noté dans son journal de guerre, au printemps 1940, qu’une attaque lancée contre la France à travers une Suisse non défendue serait une chose séduisante. Il a cependant dû exclure cette option, car la Suisse était bien défendue.
Et qu’en est-il de nos signaux aujourd’hui? Montrons-nous au valet SPD et à son maître notre résolution de façon assez claire?
Pour terminer, nous donnons encore la parole à l’ancien secrétaire d’Etat Franz Blankart, un diplomate de la meilleure vieille école. Dans sa préface de l’ouvrage de Codevilla, cité ci-dessus, il a décrit en 2001, quelles étaient les leçons à tirer des attaques contre la Suisse des années 1990 lancées de la côte orientale des Etats-Unis. Les mots de Blankart n’ont aujourd’hui certainement rien perdu de leur force d’expression:
«De l’interprétation de la «ratio legis» de la Constitution, une conclusion s’impose impérativement: dans une crise diplomatique majeure, il faut un responsable politique au niveau du Conseil fédéral pour le front interne, un négociateur en chef pour le front externe ainsi qu’un porte-parole; et que les autres représentants de l’exécutif se taisent. Rien n’est plus nuisible à la négociation et à la crédibilité de la position suisse que les propos contradictoires parmi les membres du Conseil fédéral et parmi leurs fonctionnaires comme d’ailleurs les multiples initiatives «diplomatiques» de parlementaires.» (p. 9)
Et pour continuer la pensée de Blankart: Ce qu’il faut arrêter avant tout ce sont les activités de la 5e colonne constituée de personnes fatiguées de la patrie et corrompues! Et il faudrait assurer que les responsables soient bien ancrés dans la population et liés à la démocratie directe, au fédéralisme et à la neutralité armée perpetuelle. Blankart souligne plus loin: «Un Conseiller fédéral ne fait pas de pèlerinage […]», cela veut dire, en citant un mot du conseiller fédéral courageux Hermann Obrecht – qui s’était fermement opposé au devoir de se présenter à Berlin comme Benes – que ni la conseillère fédérale Widmer-Schlumpf ni Doris Leuthard ne devraient aller faire des courbettes devant un pouvoir étranger au sujet de questions fiscales ou de nuisances aériennes pour se faire ensuite couvrir de sarcasmes par les médias allemands.
Et finalement la quintessence de Blankart: «Enfin, ce qui nous manquait douloureusement lors de cette crise, était une personnalité de l’envergure morale d’un général Guisan, une personne clairvoyante, crédible et fidèle, une personne qui sache s’entourer des meilleurs conseillers du pays, quel que soit leur parti.» (p. 10)
Voilà des paroles qui devraient être recommandées expressément à la classe politique actuelle et devraient leur faire honte. Un appel aussi à tous les citoyens ayant du courage civique de soutenir dans la situation actuelle notre pays et d’éliminer les décombres des faussaires de l’histoire du groupe Bergier là où est leur place: le dépotoir de l’histoire – et si l’on peut en même temps se débar­rasser des simagrées impériales, tant mieux. Il siérait bien à tout Suisse qui a de réelles tendances sociales, de se mettre dans le rang et de s’opposer à l’arrogance impériale de ses camarades de parti allemands. Ce que nos aïeux de la gauche ont réussi à faire pendant la Seconde Guerre mondiale – rester fidèle à l’idée de la liberté, soutenir l’Armée contre le «Gröfaz» [Grösster Feldherr aller Zeiten = le plus grand général de tous les temps, ndt.] et voir clair dans sa propagande – leurs fils ne devraient plus y être capables face à la chutzpah de
la haute finance, à sa propagande un peu plus raffinée et à ses valets? Mais c’est pas vrai!     •

1     Gotthard Frick. «Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945. Eine neue, umfassende Sicht auf die Selbstbehauptung der Schweiz im Zweiten Weltkrieg und die daraus für die Zukunft zu ziehenden Lehren». Edité par l‘auteur, 2011. ISBN 978-3-033-02948-4. Cf. aussi la critique dans Horizons et débats, no 30 du 1/8/11.
Et: Christian Favre. La Suisse avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Lyon 2011.
ISBN 978-2-35508-841-4

Bibliographie:
Gotthard Frick. Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945. Eine neue, umfassende Sicht auf die Selbstbehauptung der Schweiz im Zweiten Weltkrieg und die daraus für die Zukunft zu ziehenden Lehren. Eigenverlag Gotthard Frick, CH-4103 Bottmingen. Février 2011.
ISBN 978-3-033-02948-4
Angelo M. Codevilla. La Suisse, la guerre, les fonds en déshérence et la politique américaine. Editions Slatkine, 2001. ISBN 978-2-051-01876-0
Walther Hofer, Herbert R. Reginbogin. Hitler, der Westen und die Schweiz. 1936–1945. Zurich 2001, éditions NZZ, ISBN 3-85823-882-1
[citations traduites par Horizons et débats]

La Suisse représente un problème ardu

«Un dixième de la population suisse est sous les drapeaux, c’est plus que dans tous les autres pays du monde. Elle est prête à se battre pour défendre son style de vie. […] Les Hollandais seront une proie facile pour les Allemands car leur armée est misérable. La Suisse représentera un problème ardu et je doute que les Allemands vont se risquer à le résoudre.»

William L. Shirer, journaliste américain,
peu après le début de la guerre
(in: Gott­hard Frick, Hitlers Krieg und die Selbst­behauptung der Schweiz
1933–1945, p. 54

L’amour de la patrie des Suisses est extrêmement profond

«Le désir de se battre des soldats suisses est élevé et doit être placé sur le même plan que celui des Finlandais. Un peuple qui a de bons gymnastes a toujours eu de bons soldats. L’amour de la patrie des Suisses est extrêmement profond.»

Franz Böhme, général des troupes allemandes de montagne, dans un plan d’attaque de la Suisse élaboré à l’intention de la SS à l’été 1943 (in: Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 57)

Churchill à propos de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale

«J’écris cela pour mémoire. De tous les pays neutres, la Suisse mérite une distinction particulière. Elle a été la seule force internationale à avoir fait le lien entre des nations hideusement désunies et nous-mêmes. Qu’importe si elle n’a pas été en mesure de nous accorder les avantages commerciaux que nous souhaitions ou si elle en a accordé trop aux Allemands afin d’assurer sa survie? C’était un Etat démocratique qui défendait sa liberté, retranché dans ses montagnes, et qui, en pensée, était largement de notre côté.»

Winston Churchill, in: Angelo M. Codevilla. «La Suisse, la guerre, les fonds en déshérence et
la politique américaine», p. 30.

La devise des grands trusts: Business as usual – autrefois comme aujourd’hui?

«Le manque de patriotisme des grandes entreprises américaines et britanniques est fondé sur le fait que le ‹state of war […] [was] an inopportune interlude necessitating retrenchment until the cessation of hostilities, when again the world markets […] could be apportioned.› (L’état de guerre était une perturbation désagréable qui contraignait certaines mesures d’économie jusqu’à ce que, à la fin des hostilités, les marchés mondiaux aient pu être à nouveau divisés.)»

Walther Hofer, Herbert R. Reginbogin, Hitler, der Westen und die Schweiz 1936–1945, p. 622.

«Avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, le réseau des relations économiques et financières des industries-clés et des banques britanniques, américaines et allemandes avait comme principale exigence le principe du ‹Business as usual›. Celui-ci a été poursuivi inébranlablement et au mépris des évolutions politiques dans le seul but de maintenir, voire renforcer l’influence économique avant et pendant la guerre, ainsi qu’à l’égard de l’après-guerre.»

Walther Hofer, Herbert R. Reginbogin, Hitler, der Westen und die Schweiz 1936–1945, p. 623.

Chase Bank, la banque de Rockefeller – la banque principale des nazis aux Etats-Unis – et aujourd’hui?

«En relation avec les diverses transactions bancaires, ce n’étaient pas seulement certaines industries-clés des Etats-Unis, mais aussi des banques américaines qui ont rendu de bons services à l’Allemagne hitlérienne. La liaison bancaire la plus importante des entreprises allemandes aux Etats-Unis fut, par exemple, la Chase National Bank à New York. La banque dominée par la famille Rockefeller a assisté, avec la Henry Schroder Bank, au réarmement allemand et au financement des services de renseignement en Amérique du Nord et du Sud. La Chase Bank à Paris a fait des affaires avec les forces d’occupation et la Ge­stapo durant toute la guerre. A la fin de la guerre, les directeurs de la banque furent poursuivis en justice, mais il n’en résulta jamais de condamnation.» (Hofer/Reginbogin, p. 607)

Prendre le réduit – une tâche difficile à résoudre

«La défense nationale suisse dispose d’une armée qui représente un facteur très important, déjà uniquement suite à ses effectifs. De prendre le réduit alpin, certainement défendu de manière acharnée par les troupes, représente un problème difficile à résoudre.»

(Franz Böhme, général des troupes allemandes de montagne, dans un plan d’attaque de la Suisse élaboré à
l’intention de la SS à l’été 1943. (in: Gotthard Frick, p. 57)

Big Business sans éthique, morale et démocratie – jadis et aujourd’hui?

«Mais c’est un fait que les hommes d’affaires font des affaires également avec des gens et des gouvernements qu’ils n’admirent pas. Personne ne doit se faire d’illusions. Les hommes d’affaires allemands, américains et britanniques, dont on aimerait de nos jours tant que les activités apparaissent dans l’historiographie à la rubrique des apôtres de la paix, ne s’intéressaient qu’à la stabilité atteinte par le contrôle des marchés et des prix, et non pas au renforcement de la pluralité et de la démocratie. Ce sont spécialement certaines directions de firmes américaines qui tentent de cacher leur soutien de l’économie de guerre allemande. Faire des profits, c’est toujours la seule raison d’être d’une entreprise. La politique étrangère des Etats-Unis existe pour protéger les intérêts nationaux du pays. Cela ne peut jamais être le rôle du monde des affaires d’assumer cette tâche. La législation américaine a négligé fondamentalement de donner des prescriptions claires aux firmes américaines, interdisant le transfert de know-how sensible, par exemple sur la fabrication de l’éthylène. Leur omission a eu pour conséquence que des entreprises américaines de l’industrie et de la finance ont pu soutenir le réarmement d’Hitler dans les années 30 et 40. Ainsi, ils ont restreint la sécurité nationale et ont contribué à la prolongation de la Seconde Guerre mondiale.» (Hofer/ Reginbogin, p. 592)

«Corporate capitalism» et la haute finance relient l’Axe et les Alliés – et aujourd’hui?

«En janvier 1940, le ‹Trading with the Enemy Department› a consenti à la continuation de la participation britannique au consortium Transradio. […] Le gouvernement britannique et des parties de l’industrie anglaise n’ont pas souhaité une répétition de la guerre totale contre l’Allemagne comme entre 1914 et 1918. On a cherché des compromis permettant à l’Angleterre, à l’Allemagne et, si possible, également aux Etats-Unis de garder les structures mondiales du «corporate capitalism» et de la finance internationale qui s’étaient développées entre les années de guerre, et ainsi également la répartition des marchés mondiaux en sphères d’influence.» (Hofer/Reginbogen, p. 510 sq.)