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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°31, 30 juillet 2012  >  Islande – reconstruire modestement, mais de manière solide [Imprimer]

Islande – reconstruire modestement, mais de manière solide

«En 2008, nous avons d’abord laissé s’écrouler les banques par une loi d’urgence»

par André Anwar, Stockholm

Pendant que la crise de l’euro guette l’Europe, l’Islande se relève de son écroulement de 2008. L’économie croît grâce à des mesures d’économie et la couronne islandaise remarquablement dévalorisée. L’écroulement des banques, lui aussi, a aidé à l’essor.

Voilà l’Islande repartie à la montée. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pronostique au pays, pour 2012, une croissance économique de 2,7%. Mais la base en est pourtant basse. En 2008, l’économie a chuté de 18,2%, en 2009 encore de 9,2%. En 2010, la performance économique a encore baissé de 2,2%.

Baisse du chômage

Avant la crise, c’était le contraire. Là, l’Islande atteignit, avec 8,3%, des taux de croissance qui étaient hors de la portée de presque tous les autres pays occidentaux. Mais même pendant la crise, l’Islande réussit à contrôler plus ou moins le chômage. Avant la crise, il s’élevait à environ 3%, en 2009 il monta à 7,2% et, en 2010, à 7,5%. Voilà une raison de cette croissance relativement modérée: beaucoup de travailleurs immigrés, notamment dans la construction, furent renvoyés chez eux. Le reste, beaucoup d’entreprises l’ont réglé en baissant les salaires. En plus, il y a une certaine fierté, conditionnée par la culture et l’histoire, de ne pas solliciter des allocations de l’Etat. Aujourd’hui, le taux de chômage baisse de nouveau. Pour 2012, les pronostics annoncent une baisse en dessous de 7,0%. Le système de sécurité sociale a fonctionné entre autre aussi, parce que les Irlandais, profitant traditionnellement du plein emploi, n’en ont pas vraiment fait usage avant la grande chute.

Perte des postes de travail, baisse des salaires

«La reconstruction de l’Islande repose sur plusieurs piliers», dit Pordur Snaer Juliusson dans le journal économique «Vidskiptabladinu». Il passe pour un des rares commentateurs objectifs en Islande. «En 2008, nous avons d’abord laissé s’écrouler les banques par une loi d’urgence». Les crédits du Fonds monétaire international et de pays scandinaves garantissaient au pays sa solvabilité, mais ils le contraignirent à faire des économies massives. «Dans tous les domaines, tous les paiements furent réduits de près de 10%, les salaires du secteur privé d’environ 20%. En même temps, alertés par cette situation d’urgence, nous avons constaté que nous étions capables, dans le secteur de la santé, par exemple, mais dans d’autres aussi, de faire des économies considérables supplémentaires par l’augmentation de notre efficacité», explique Juliusson. Un autre pilier était le fonds de retraite, dont l’Etat lui-même empruntait de l’argent. Les banques ou l’Etat ont remis une partie des dettes aux particuliers.

La valeur de la couronne réduite de moitié

La dévalorisation de la couronne après la chute fut une mesure salutaire. Sa valeur, face à l’euro, s’est réduite presque de moitié. Alors qu’au début de la crise, en 2008, un euro équivalait à 85 couronnes islandaises environ, il en est, aujourd’hui, à 157. Cela profite aux exportations classiques. «C’est la pêche qui nous a sauvés. Elle représente à nouveau, comme dans le passé, 30 à 40% de nos revenus, et ceux-là nous parviennent en devises étrangères», dit Juliusson.
Entre-temps, l’Islande est devenue capable de rembourser, et même avant l’échéance, les montants des crédits d’aide provenant du FMI qui atteignirent les 2,1 milliards de dollars (1,7 milliards d’euros/2 milliards de francs suisses) et d’autres crédits supplémentaires provenant des pays nordiques limitrophes.

La bulle immobilière déclencha la chute

L’Islande a vécu de véritables montagnes russes, comme aucun autre pays occidental. D’abord elle jouissait des possibilités apparemment sans limites qu’offraient les années de 2002 à 2007. Là, il se pouvait que, lors de fêtes d’anniversaire privées, l’on fît arriver, par avion, Elton John, par exemple. Des jeeps aux roues immenses appartenaient au ménage standard de beaucoup de familles. Les vols d’achats hebdomadaires des classes moyennes faisaient plaisir au commerce de détail en Grande-Bretagne comme à New York. Aux jeunes Islandais, la couronne forte donna le sentiment, à l’étranger, d’être richissimes. Ils en tiraient profit pour élargir leur horizon d’expériences dans le monde entier. Lorsque la bulle immobilière américaine éclata, ce fut la fin de ce rêve. D’abord, personne ne voulait en parler. Mais en 2008, toutes les trois grandes banques s’écroulèrent et furent obligatoirement nationalisées. Elles avaient pratiqué des affaires à hauts risques et n’avaient apporté au pays que des richesses empruntées. Avec les grandes banques, l’économie s’écroula aussi. La couronne perdit sa valeur à une vitesse effrénée, alors que les importations – c’est-à-dire la quasi-totalité des marchandises – devinrent plus chères. Les manifestations dans la rue contraignirent le gouvernement conservateur, qui avait marqué le pays dès son indépendance pendant la Seconde Guerre mondiale, à abdiquer.

L’ancien chef du gouvernement fut condamné

Fin avril, un tribunal a condamné Geir Haarde, ancien chef du gouvernement, pour «des fautes grossières dans l’exercice de ses fonctions» et en jugeant qu’il en portait «personnellement la responsabilité». Le jugement de Reykjavik a attribué une partie de la responsabilité de la chute de l’Islande en automne 2008, sur le plan financier et économique, au chef du gouvernement. Le jugement n’entraîna pourtant pas de peine correctionnelle. Avec le redressement du pays, dont la promptitude étonna, la colère contre l’ancienne clique autour de Haarde baissa vite. Aujourd’hui, le Parti indépendant de Haarde, conservateur et anti-européen, regagne de nouveau du terrain chez les électeurs.    •

Source: CE Wirtschaft, Islands Aufschwung, du 27/6/12
(Traduction Horizons et débats)

Etude: une sortie de l’euro serait attrayante pour l’Italie et l’Irlande – «Nesawissimaja»

Lors d’une étude, les analystes de la Bank of America (BofA) Merrill Lynch ont découvert que la zone euro et l’euro sont moins stables que l’on ne pense, a écrit le journal «Nesawissimaja Gaseta» lundi dernier.
Face à la nouvelle crise, plusieurs pays de la zone euro essaieront de recevoir des avantages individuels en sortant de leur plein gré de l’union monétaire. L’Italie et l’Irlande pourraient bénéficier de grands avantages: Elles pourraient rétablir leur compétitivité le plus rapidement en dévaluant leur monnaie.
Selon beaucoup d’investisseurs, les pays leader de l’UE paieraient n’importe quel prix pour empêcher l’effondrement de la zone euro.
Dans l’étude, les experts de BofA ­Merrill Lynch doutent de la stabilité de la zone euro. La tentative de certains pays de rester à tout prix dans la zone euro leur apporte plus d’inconvénients que d’avantages. Une sortie volontaire de la zone euro pourrait être plutôt rentable pour beaucoup de pays, constatent les experts de BofA Merrill Lynch. L’Italie et l’Irlande font partie de ces «traîtres» potentiels de la zone euro, dont l’économie pourrait se redresser vite après un renoncement à la monnaie unique européenne.
L’Allemagne et l’Autriche n’ont aucun intérêt à ce que la zone euro s’effondre. C’est pourquoi Berlin paie n’importe quel prix pour garder la Grèce, l’Irlande et le Portugal dans la zone euro. Mais Berlin ne serait plus en mesure de payer l’Italie pour sa fidélité à l’euro. Selon BofA Merrill Lynch, les aides financières ne se révéleraient avantageuses ni pour Rome ni pour Berlin.

Source: RIA Novosti du 16/7/12