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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°34, 11 novembre 2013  >  Renforcer la famille [Imprimer]

Renforcer la famille

par Erika Vögeli

Dans toutes les civilisations, la famille constitue le noyau et la base du vivre-ensemble des êtres humains. En tant qu’être vivant social, l’être humain dépend des relations humaines solides pour qu’un développement complet de son corps, de son esprit et de son âme soit possible. Dans «l’utérus social» (Adolf Portmann) de la famille comme première communauté humaine, l’enfant vit le soutien émotionnel qui est le fondement du développement complet de sa personnalité, c’est ici qu’il apprend une orientation, c’est ici que les valeurs fondamentales de la vie et du vivre-ensemble des hommes lui sont communiquées. Sous un point de vue anthropologique et psychologique, la famille est l’unité sociale et naturelle qui garantit le mieux le développement de l’être humain. Même si, dans des cas particuliers, elle échoue à remplir cette tâche, ou si elle remplit trop peu cette mission – aucun Etat et aucune institution ne peut faire ce que les mères et les pères apportent comme engagement humain tous les jours, et cela durant des années. La vie de famille est en plus une affaire très personnelle et intime qui se situe au premier niveau, préalablement à l’Etat – le devoir de l’Etat et d’un ordre juridique raisonnable est en premier lieu de protéger et de promouvoir cette sphère personnelle. La famille est la base d’un Etat libéral et démocratique, et elle n’est pas l’objet des influences et des directives qui viennent de l’Etat. Nous ne voulons rien dire par là contre les crèches bien guidées pédagogiquement – elles sont nécessaires, et ce sont elles aussi, qui apportent une contribution précieuse et indispensable pour de nombreuses familles.
Malheureusement, au cours des dernières décennies, la discussion au sujet de l’importance de la famille a été complètement déformée par la théorie des genres et par les débats sur l’égalité des femmes par rapport aux hommes: tout ce qui se passe et se passait dans le sens de ces formules toutes faites a en soi été défini comme progressif, la femme qui se décide pour l’éducation de ses enfants est dénigrée comme «ménagère popote»; l’importance de l’éducation s’est transformée en un «devoir organisateur» à côté du métier. On croyait qu’il s’agissait de l’émancipation et de la libération de la femme des clichés transmis, on croyait qu’il s’agissait des droits égaux et des chances égales dans le développement professionnel – il y a eu peu de gens qui ont objecté que l’on jetait le bébé avec l’eau du bain et que l’on minait aussi les fondements de l’existence humaine, la liberté et la démocratie.
L’étiquette avançant le mot «progressif», et cela de manière efficace dans les médias, semble avoir bloqué l’accès à la question de savoir «cui bono» concernant ce développement. Comme l’article intitulé «La politique familiale dans le contexte international» l’a rendu clair, il y a des forces tout autres qui sont impliquées et intéressées dans ce développement. Et si c’est justement Goldman Sachs qui attise1 le débat du genre mentalement aussi bien que financièrement pour générer un plus grand potentiel pour une croissance économique, il y aurait lieu, ici aussi, de s’adonner à une mûre réflexion. Il n’y a probablement personne qui avancerait des objections contre l’égalité des droits de la femme. Mais, il y a certainement des opposants à une surévaluation de la contribution des parents à la croissance économique vis-à-vis de l’importance et la valeur de la mission éducative. En Norvège – qui, à cet égard, n’est certainement pas un Etat «conservateur» – les femmes, quand on leur pose la question, ne manifestent apparemment que peu d’envie à pousser de plus en plus dans les domaines soi-disant réservés aux hommes.2 Et quand il est question de carrière professionnelle, on pense apparemment en premier lieu aux femmes bien instruites – c’est une autre question de savoir si l’ouvrière travaillant à la chaîne, en usine, dans les services de nettoyage etc. s’épanouit par sa contribution à la croissance économique.
Les adversaires de l’initiative avancent souvent les arguments qu’un Oui à l’initiative pour la famille réduirait l’attrait d’une carrière professionnelle. Le message du Conseil fédéral3 dit aussi très clairement que la déduction pour les frais de garde a eu pour effet que les parents travaillent plus souvent tous les deux ou qu’ils ont étendu leur champ d’activité professionnel. Grâce à cette mesure, il est plus intéressant pour les parents, notamment pour les mères, d’exercer une activité lucrative supplémentaire. Il devient tout aussi clair qu’il ne s’agit pas du tout des femmes moins qualifiées. Elles sont nombreuses à dépendre en effet existentiellement d’un gagne-pain supplémentaire de la femme – c’est justement elles qui ne peuvent pas se payer une garde par des tiers (Message du Conseil fédéral, p. 6712). Les femmes bien qualifiées par contre s’investiraient davantage sur le marché du travail et feraient une contribution supplémentaire à la croissance économique. En d’autres mots: l’introduction d’une déduction pour les frais de garde n’a rien à voir avec la justice fiscale, mais a été introduite consciemment comme un instrument de contrôle pour promouvoir certains «effets favorables en termes d’évolution sociétale et de croissance.» (Message du Conseil fédéral, p. 6733)
Ce contrôle de la famille est illicite – un Oui à l’initiative pour la famille ouvre la voie là-contre et est l’expression d’une estime pour les travaux souvent les plus beaux, une tâche à la maison parfois exigeante et qui est certainement très précieuse pour le bien commun et pour l’Etat.     •

1    cf. site Internet de Goldman Sachs, mots-clés comme «Womenomics» etc.
2    Source: cf. Norsk Gendergate – 56 Millionen für Brainwash ausgegeben und das Gegenteil erreicht! http://agensev.de/wp-content/uploads/Norsk_Gendergate.pdf
3    Message du Conseil fédéral concernant l’initiative populaire «Initiative pour les familles»