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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°4, 30 janvier 2012  >  La fusion des communes a éte imposée «d’en haut» [Imprimer]

La fusion des communes a éte imposée «d’en haut»

Interview de Damien Lachat, Bassecourt

Dans le canton du Jura – comme déjà dans d’autres cantons – une vague de fusions est en train de déferler sur les communes. Le 5 février, les citoyennes et citoyens de la Haute-Sorne se prononceront sur la question de savoir s’ils veulent dissoudre les sept communes autonomes de Bassecourt, Boécour, Courfaivre, Glovelier, Saulcy, Soulce et d’Undervelier et fusionner en une seule grande commune de près de 8000 habitants. Le même jour, les citoyens du Val Terbi décideront d’une fusion des communes de Corban, Courchapoix, Courroux, Mervelier, Montsevelier, Vermes et Vicques. La prochaine fusion de communes est planifiée déjà pour le 25 mars: Elle vise à réunir toutes les 13 communes du district des Franches-Montagnes en une commune unique.
De plus en plus d’opposition se manifeste pourtant contre tous ces projets. Des citoyennes et citoyens de la Haute-Sorne de différents points de vue politiques se prononcent dans le courrier des lecteurs. Au Val Terbi, une association «Pro Val Terbi» s’est créée, se prononçant de manière critique au sujet de la fusion. Dans les Franches-Montagnes le mouvement citoyen «Franches-Montagnes, je m’engage» s’active déjà depuis quelque temps et a lancé sa campagne de votation le 10 janvier en publiant une résolution contre la commune unique.
Des citoyennes et des citoyens disent Non à la dissolution de leur commune politique. Ainsi ils disent Oui au maintien de leur administration communale proche des citoyens et Non à une administration centrale au sein d’une grande commune à laquelle les gens ne se sentent pas vraiment attachés. Ils disent Oui au maintien de leur droits politiques étendus, Oui à la possibilité unique de la population active, de contribuer en tant que membre du système de milice à l’organisation vivace de leur commune, par exemple au sein du Conseil communal, de l’Assemblée communale ou de commissions. Car dans les petites communes l’expression de la démocratie directe est particulièrement prononcée: Tous ceux qui veulent participer de manière active, peuvent le faire. Cette forte identification des habitants avec leur communauté ne se transférera pas facilement sur une grande commune. Pour cette raison, il sera probablement plus difficile de trouver des gens qui seront prêts à s’engager au sein des services et de l’administration de la commune fusionnée et qui s’identifieront avec les besoins et les soucis de chaque village particulier autant que les secrétaires ou les conseillers communaux actuels.
Malgré la charge croissante de devoirs et de règlements imposés de la part des cantons, l’autonomie des communes suisses est toujours extrêmement grande.
Et c’est un secret de Polichinelle que les petites communes savent généralement bien mieux gérer leur budget que les grandes. C’est pourquoi l’argument qu’une grande commune coûterait moins cher que sept petites communes ne tient pas la route.
Quelle est donc la motivation du canton du Jura – mais aussi des cantons des Grisons, du Tessin, du Valais, de Schwyz et d’autres –, de pousser leurs communes à fusionner? D’où vient l’idée que le système fédéraliste suisse serait dépassé? Comment peut-on nourrir l’idée absurde que la Suisse se compose de trop de petites entités, et qu’il lui faut absolument une restructuration pour diminuer massivement le nombre des communes et à moyen terme aussi celui des cantons – et cela bien qu’en Suisse, grâce à notre démocratie directe aux niveaux fédéral et cantonal, nous avons introduit, entre autre, l’instrument efficace du frein à l’endettement grâce auquel nos dettes sont bien inférieures à celles d’autres pays?
Reste à dire à cette occasion: l’idée que les petites entités politiques devront être remplacées à long terme par de grandes régions – par des entités politiques dépassant les frontières nationales –, n’est pas sortie de notre caboche. Ou y a-t-il quelqu’un qui croie encore que les espaces métropolitains et les parcs naturels, visant à établir le régime des exécutifs au détriment du droit de décision du peuple, du souverain, soient une invention suisse?
Quatre citoyens de Bassecourt, dans le canton du Jura, ont écrit le 18 janvier une lettre de lecteur au «Quotidien Jurassien», dans laquelle ils prennent position contre la fusion de leur commune avec six autres communes de la Haute-Sorne. «Horizons et débats» a eu l’occasion de s’entretenir avec Damien Lachat, un des auteurs de la lettre de lecteur. Député au Grand Conseil jurassien, il habite Bassecourt.

Horizons et débats: Monsieur Lachat, nous vous remercions de cet échange de points de vues sur la fusion éventuelle de la Haute-Sorne. Dans votre lettre, vous affirmez que la fusion «a été imposée d’en haut.» Ce ne sont donc pas les citoyens des communes qui désirent une fusion?

Damien Lachat: C’est juste, c’est une idée des différents conseils communaux. Il n’y a pas vraiment de demandes de la part des citoyens pour fusionner. Parce qu’en fait au Jura, il y avait bien certaines très petites communes qui ne trouvaient personnes pour les conseils communaux et les commissions. Là, ça fait du sens de se mettre ensemble avec d’autres petites communes. Mais Bassecourt, c’est une grande commune, entre 3000 et 4000 habitants, on n’a jamais eu des problèmes de trouver des gens.

Lesquelles de vos sept communes de la Haute-Sorne sont petites?

Ce sont trois petites communes, Saulcy, Soulce et Undervelier.

Et ces communes ne trouvent pas de gens?

Si, ils les trouvent! C’étaient d’autres communes du Jura qui ne trouvaient personne et qui ont fusionné … Là, ça fait du sens de faire des fusions.

Si vous dites que les fusions viennent d’en haut, vous pensez aussi au canton qui veut ces fusions?

Oui, le canton, lui aussi, il les veut, parce que moins il y a de communes, moins il y a de personnes pour discuter, s’il y a quelque chose à régler. Et puis le canton donne une aide financière à la fusion, les premières années seulement, des centaines de francs par habitant pour «aider la fusion», mais c’est plutôt pour cacher un peu les chiffres dans ces premières années.

Et les grands coûts viennent plus tard?

Oui, car quand vous faites les budgets et que vous y ajoutez cette aide – les budgets, ils sont jolis!
Oui, au début. Après, quand il n’y a plus cette aide, on doit le trouver, cet argent. Dans le cadre de notre fusion de la Haute-Sorne, même avec cette aide, il y a déjà un déficit. Même avec cette aide, il y a, je crois, 900 000 mille francs de déficit. Donc, s’il n’y avait pas cette aide, ce serait encore pire. Sans fusion, il aurait fallu beaucoup augmenter les impôts. Qu’est-ce qu’ils ont fait? Ils ont augmenté un petit peu les impôts, et puis avec cette aide, la première année, le budget qu’ils ont fait pour la fusion, ce n’est pas trop mauvais. Grâce aux impôts et aux taxes qui montent un petit peu, et avec cette aide du canton, ça marche. Mais à partir de l’année prochaine de toute façon, on doit augmenter les impôts, parce qu’on ne peut pas toujours faire des dettes.
C’est aussi un grand reproche – on veut fusionner des communes, mais personne n’a demandé que les budgets soient équilibrés. Elles sont toutes pauvres, sauf une commune, Boécourt. Là, ils ont plusieurs bons contribuables, des industriels, et puis eux, ils ont évidemment un taux d’impôts qui est assez bas par rapport aux autres. Ils sont les seuls dont le conseil communal demande de voter Non. Avec beaucoup de pauvres, vous ne faites pas un riche. Donc financièrement, vous ne gagnerez rien.

Mais les arguments financiers ne sont pas les seuls. Dans votre lettre de lecteur, j’ai bien apprécié que vous mentionniez aussi d’autres arguments contre la fusion.

Il y a de grandes communes, comme Bassecourt, qui ont 3000 à 4000 habitants, et puis les petites, Saulcy et Undervelier avec 200 à 300 personnes. Donc les petites communes auront de la peine à obtenir une représentation au conseil général. Si l’on accepte la fusion, on a in-fine une grande commune avec un seul conseil général. Pour faire accepter la fusion, ils ont dit, pour la première législature, on prend un conseiller pour chaque village – comme ça, tout le monde est dedans. Mais dès la prochaine législature, la distribution sera proportionnelle, car ce sera une seule et unique commune. Même si tous les gens dans ces petites communes de 200, 300 habitants, votent pour la même personne du village, elle n’a aucune chance, à cause de la proportionnalité.

Par la suite, il n’y aura plus qu’un seul cercle électoral pour toutes les communes?

Oui, pour toutes. Sauf la première législature.

Un petit sucre …

Oui, un petit sucre de nouveau. Mais il ne faut pas tromper les gens. C’est un des grands problèmes. Quand il faut dépenser de l’argent pour une route, pour acheter quelque chose pour la commune et vous n’avez personne de votre village au conseil communal, il y a beaucoup de chances que vous ne receviez jamais de l’argent. Et un village qui n’a plus guère d’habitants, n’a plus besoin de route …

… où d’école?

Comme il n’y a pas beaucoup de gens dans ces petits villages, il n’y a plus partout une école. L’école secondaire est déjà à Bassecourt, les autres villages dépendent donc déjà de Bassecourt.

Et les écoles primaires?

Les petits villages n’ont pas d’écoles primaires, mais Boécourt, Courfaivre et Glovelier en ont encore. Mais plus tard, quand il s’agira de distribuer l’argent, est-ce qu’on ne va pas dire, on met toutes les écoles à un endroit, dans le plus grand village, à Bassecourt?

Et on aura besoin d’un bus pour les élèves …

Oui, il y aura un bus. Voilà, il faut payer le bus. Et si vous n’avez personne à la commune qui vous représente, ce sera difficile de défendre ses intérêts.

Ne pensez-vous pas que la qualité des travaux communaux sera meilleure si les fonctionnaires sont professionnels? Je vous cite: «Le secrétaire communal est du point de vue administratif la personne la plus compétente d’une commune.»

Oui, c’est juste. Le secrétaire communal, c’est celui qui dans chaque commune s’occupe vraiment de l’administratif. Et après, il n’y en aura plus qu’un. Lui, il connaîtra pour son village, c’est-à-dire Bassecourt, parce que c’est le plus grand. Tous les autres vont disparaître, et le personnel au centre ne saura plus ce qui se passe et ce qu’il faut faire dans les six autres villages. Aujourd’hui, il y a un secrétaire communal dans chaque commune, et il sait ce qui se passe, il sait ce qu’il faudrait faire, et il peut aller voir le conseil
communal et lui dire: voilà, il faudrait faire ceci ou cela. Ce sont vraiment ceux qui sont le plus au courant du point de vue administratif dans la commune. Si il disparaît, après, vous êtes uniquement un simple citoyen qui peut s’adresser au conseil général et dire, il faudrait de l’argent pour la route, et vous n’aurez aucune chance. Vous perdrez tout le pouvoir de ces petites communes. Pour les grandes, ce n’est pas un problème.

Et les salaires des professionnels sont plus chers …

Oui, il faut payer les gens. A Bassecourt, c’est déjà un salaire de 100%, mais dans les petites communes, je ne crois pas que ce soient des 100%. On dit qu’on fait des économies, parce qu’on va centraliser les tâches de la commune, mais ce n’est pas vrai. On doit quand-même laisser un bureau dans chaque village, alors on n’économise rien. Les petits villages, ils sont dans la montagne, alors vous ne pouvez pas demander à une personne âgée, quand il faut aller voter, quand il faut régler quelque chose à la commune, qu’elle descende chaque fois à Bassecourt. Du point de vue administratif, moi, je ne pense pas qu’on économise, sur les infrastructures où sur le personnel.

Le système de milice fonctionne-t-il encore à Bassecourt?

Oui, ça marche très bien. Si vous regardez pour les élections, il y a toujours des listes bien remplies, il y a aussi un conseil de ville, un petit Parlement, et il y a toujours assez de candidats – il y a plus de monde que de places, également au conseil communal.

Un de vos arguments contre la fusion est la perte de droits populaires. La population serait privée de quels droits? Il y aurait par exemple un conseil général au lieu de l’assemblée populaire.

On peut quand même dire que le conseil général, le petit Parlement, est elu, il a 41 membres, ça donne une bonne représentativité. C’est clair que les communes comme Bassecourt seront bien représentées. Mais les trois plus petits villages ont un problème. Au conseil général, chacun d’eux aurait trois sièges sur 41. Si tous les autres ne veulent pas donner des sous à ces trois représentants, ils n’auront pas un sous.
Le législatif, c’est une chose, mais si vous voulez faire changer les choses, il faut être à l’exécutif, au conseil communal. Et là, comme je l’ai dit, au conseil communal, les petits villages n’ont pratiquement aucune chance d’accéder à l’exécutif. C’est dans ce sens-là qu’il y a une perte de droits populaires.
Et puis, au lieu des assemblées populaires, il y aura la possibilité d’un référendum contre les décisions du conseil général. Pour le référendum et aussi pour l’initiative, il faudra 300 signatures. Le message pour la votation du 5 février dit que cela présenterait un avantage pour les petits villages! Mais la question se pose de savoir comment un village de 300 habitants fera pour récolter 300 signatures?

Monsieur Lachat, nous vous remercions de cet entretien et nous souhaitons à vous et à vos communes bonne chance pour le 5 février.    •

Ce n’est un secret pour personne: les petites communes gèrent leurs affaires de manière plus économique que les grandes

mw. L’argument avancé depuis plus de 10 ans en faveur des fusions de communes est qu’une grande commune coûte moins cher que sept petites. Bien qu’on ne cesse de la répéter, cette affirmation est fausse. C’est ce qu’ont constaté maintenant des organismes officiels et des «spécialistes». A elles seules, la préparation et l’organisation d’une fusion coûtent, même dans le cas de petites communes, des centaines de milliers de francs. «Tout d’abord, les projets de fusion […] nécessitent presque toujours la collaboration d’experts extérieurs. Ensuite, la réorganisation (nouvelles structures administratives, nouveaux locaux, adaptation des moyens informatiques) entraînent des frais.» C’est ce qu’écrit un partisan des fusions, Daniel Kettiger dans son ouvrage «Gemeindefusionen, ein Thema mit vielen Facetten» (Berne, 2004).

Les administrations professionnelles sont plus coûteuses et plus anonymes

N’importe quel politicien communal sait que le système de milice est toujours moins coûteux qu’une administration professionnelle. Les administrations des
villages, contrairement à celles des grandes communes, travaillent à moindres frais car elles emploient moins de personnel, souvent à temps partiel, mais ce sont des gens qui connaissent bien l’endroit et se débrouillent sans beaucoup de bureaucratie. La maison de commune et son équipement sont amortis depuis longtemps. A cela s’ajoute le fait que les «miliciens» travaillent à titre bénévole ou contre une faible rémunération et seuls ceux qui se sentent liés à leur village en sont capables. Chacun sait que les frais de personnel ainsi que la bureaucratie augmentent avec la taille de la commune. Le secrétaire d’une commune villageoise dépose rapidement en rentrant chez lui une note dans la boîte aux lettres d’une famille, ce qui est impossible dans une grande commune. Conclusion: Une grande commune coûte plus cher que sept petites.

Les petites communes gèrent mieux leur budget que les grandes

Une petite commune ne construit pas une école ou une route si elle n’en a pas les moyens financiers. Avant de prévoir de nouvelles infrastructures ou de nouveaux équipements, on commence par examiner de près si les anciens ne peuvent pas être remis en état. En revanche, dans les villes, on dépense sans compter.
Humainement, socialement et financièrement, les petites communes sont les moins coûteuses.

Exemple d’une opposition réussie de la population

Echec d’une fusion en Haut-Valais

Malgré des années de pressions des autorités cantonales et de «bureaux de conseil», la fusion des 6 communes haut-valaisannes de Visp, Visperterminen, Baltschieder, Ausserberg, Bürchen et Eggerberg en une grande commune de Visp a échoué en février 2011. Visperterminen, Baltschieder et Ausserberg ont refusé la fusion: Visperterminen par 70% de «non», Ausserberg par 58% et Baltschieder par 54%. La participation a été extrêmement forte: 63% à Visp et dans les autres communes entre 80 et 92%.

mw. Les citoyens de 3 communes ont résisté aux appâts financiers du canton: Les autorités cantonales voulaient dégager une «aide» de 7,2 millions de francs pour la création de la nouvelle grande commune. Si le canton se voyait obligé d’offrir une pareille somme, cela prouve manifestement que l’affirmation courante – dont on sait depuis longtemps qu’elle est fausse – selon laquelle une grande commune issue d’une fusion est moins coûteuse que six petites ne tient pas la route.

A qui profitent les grandes communes?

Pour inciter le peuple à accepter la fusion, on lui a fait croire que la nouvelle commune de Visp, la deuxième plus grande du Haut-Valais, «gagnerait en importance, en réputation et en influence vis-à-vis de l’extérieur». Cette affirmation est absurde. Dans notre démocratie directe fédéraliste aux petites structures en tout cas, chaque commune a son importance et sa place en tant que plus petite unité de l’ensemble. On devrait savoir maintenant que les petites collectivités permettent une meilleure construction identitaire, sont plus sociales et, par-dessus le marché, moins coûteuses que les grandes. C’est pourquoi elles jouissent du plus grand prestige.

Qu’est-ce qui est le plus important pour les citoyens?

Dans les communes de Visp et ses voisines, ni les incitations financières cantonales ni l’espoir d’une baisse du taux d’impôt n’ont convaincu la population. Le plus important est pour elle que les habitants puissent conserver leur identité, leur vie villageoise et le caractère de leur village. «Je crois que nombreux sont ceux ici qui craignent de perdre leur identité, de ne plus être des Ausserbergeois, de n’être plus rien. […] Jusqu’ici, Ausserberg a toujours eu les pieds sur terre, ce serait vraiment difficile d’abandonner cette situation. C’est pourquoi nous disons non.»
Et les citoyens d’Ausserberg, comme ceux de Visperterminen de Baltschieder ont dit «non» lors de la votation qui a eu lieu deux semaines plus tard.

Haute-Sorne – Un miroir aux alouettes

Tous ensemble «soyons plus forts», tel est le slogan du comité de la Haute-Sorne.
Serait-on plus fort pour brader du terrain industriel à Glovelier à une multinationale plutôt qu’à des entreprises de la region?
Serait-on plus fort pour demander que nos lieux d’origine ancestraux soient préservés?
Serait-on plus fort encore lorsqu’on nous propose une quotité à 2,1 avec un déficit présumé d’un million de francs sachant au demeurant que certaines communes ne rejoindront vraisemblablement pas la nouvelle entité?
Soyons sereins, tout ceci n’est qu’un leurre, un miroir aux alouettes. Ne vendons pas notre âme au diable. Les citoyens de la Haute-Sorne ne s’en laisseront pas compter: ils déposeront un Non résolu dans l’urne le

5 février.
Frédéric Juillerat, Courfaivre

Val Terbi – Trop vite et trop imprécis

C’est extraordinaire, à 10 jours de la votation sur la fusion des communes du Val Terbi, une partie des propositions faites par «Pro Val Terbi», et auxquelles le Comité de fusion avait répondu par un «non, pas possible» semble aujourd’hui possible.
Par exemple: étendre au-delà de 5 ans le maintien de cercles électoraux par village (art. 9.3); possibilité pour une commune de sortir de la commune fusionnée. Les interventions du chef des communes, lors des dernières séances d’information, sur ces points, amènent encore plus de confusion à la convention de fusion proposée en votation. Effectivement, le texte de la convention soumise à votation est clair, ces clauses n’y figurant pas, cette convention n’est plus d’actualité. Un débat aurait dû avoir lieu sur ces points, sa fin d’en déterminer les conditions. Cela signifie qu’il est demandé à la population de signer un chèque en blanc. A cela s’ajoutent tous les autres points mentionnés par «Pro Val Terbi».
Je maintiens que toute l’étude de fusion qui aboutit à cette votation est allée trop vite et manque de précision. Il ne s’agit pas de compter des crayons, mais bien de décider de l’avenir de notre région sur des bases qui sont restées floues. Je ne peux pas me contenter des «on verra bien» si souvent répétés et des «tout se mettra en ordre gentiment». Plus de temps de réflexion permettrait de sortir du flou.

Cécile Vuillemin, Courchapoix

Haute-Sorne: brader ma commune? Non merci

Avec les assemblées d’informations sur la fusion, nous avons pu assister à un déficit démocratique de haut vol, comme nous le promet la convention à voter! En effet, aucun débat contradictoire, des questions précises sur lesquelles on passe comme chat sur braise, dommage! […]
Le manque d’informations précises fait dire un peu n’importe quoi à tout un chacun, par exemple: une commune qui dira non à la fusion, ne pourra plus scolariser ses enfants à l’école secondaire!
Nous devons être attentifs aux points de la convention qui posent particulièrement problème et du respect de sa teneur qu’en feront les futures applications des règlements en rap-port avec les taxes communales qui devront être élaborés dans les 3 ans après la fusion, (selon le message joint à l’arrêté du gouvernement portant l’approbation de la convention) et non 5 ans comme mentionnés à l’art. 8 al.2. Le fait de la perte d’origine, du déficit de représentation des communes qui adhéreront à la nouvelle entité avec la suppression des assemblées communales remplacées par un seul conseil général, des droits d’initiative et de référendum avec un quota qui ne pourra pas être trouvé dans chacune des petites communes concernées et un seul cercle électoral dès la 2e législature, sont autant d’éléments auxquels nous ne pouvons souscrire.
La problématique financière n’est pas réglée. L’affectation pour moitié de l’allocation de fusion à la réduction du déficit structurel global sur une durée de 5 ans nous semble contestable et peu en regard avec les principes comptables. Il s’agit purement et simplement d’améliorer artificiellement le déficit de la nouvelle commune fusionnée. […]
Le seul argument que nous serons plus fort ensemble n’est pas pertinent. Plus fort envers qui? L’Etat nous répond-on. Les relations Etat-communes ne se résumeraient-elles qu’à des rapports de force? […]

Marie-Noëlle Willemin, députée PDC, Saulcy Eric Dobler, député PDC, Basscourt

Non à l’abandon du pouvoir politique local

Le débat des fusions pose des questions fondamentales sur l’avenir des communautés jurassiennes. Elles jouissent d’une situation enviable et qu’elles ne devraient pas brader pour une poignée de dollars et des promesses d’une meilleure efficacité ... bureaucratique!
Le simple fait que l’Etat encourage financiellement cette démarche a de quoi inquiéter. On achète le vote de manière plus ou moins camouflée, et ceci n’est pas une pratique synonyme de liberté démocratique. Plus encore si l’on pense que l’argent «à disposition» provient dé toutes les poches, y compris celles des opposants. L’argument financier est hypocrite, car si on réfléchit un tant soit peu, si le fonds n’avait pas été imposé, cet argent pourrait aider bien des communes en difficultés sans imposer leur dissolution.
Les fusions, si elles se réalisent comme prévu, changeront fondamentalement la donne en termes de pouvoir et de gestion. Les premiers gagnants seront les «élites» que la professionnalisation des mandats communaux imposera et les partis qui verront leurs pouvoirs augmenter.
La perte du pouvoir local est flagrante et voulue d’en haut. Ainsi, les communes de la Haute-Sorne auraient désiré garder la pos­sibilité de maintenir des référendums locaux lorsque les sujets ne concernent qu’une seule «ex-commune», mais «la jurisprudence
cantonale ne le permet pas»! Aucune jurisprudence cantonale n’est éternelle ni immu­able.
J’espère que, comme à Sursee le week-end passé, les habitants de la Haute-Sorne garderont leurs libertés et leurs responsabilités sous leur contrôle et ne laisseront pas passer la vague de la dissolution voulue par une élite politique bien mal inspirée. Les réactions de soulagement à Sursee à la suite du refus indiquent qu’une autre voie est possible. Non à la dissolution, non à la fusion!

Pascal Prince, Soyhières

Haut-Sorne – Collaboration accrue oui, fusion non

La fusion des communes a été imposée «d’en Haut» aux très petites communes; au départ Montfavergier. Les sept communes de la Haute-Sorne ont toujours trouvé des conseillers communaux, des maires. Aucune n’est placée sous l’administration du canton, et l’expression démocratique par le biais des assemblées communales y est préservée. Les grands perdants de la fusion seraient les petites communes et leurs citoyens à qui l’on supprime les assemblées communales. Dans la 2e législature, il n’est pas garanti qu’elles disposent d’un siège au nouveau Conseil communal. De plus, l’affiliation à un parti politique sera nécessaire. Aujourd’hui le citoyen peut côtoyer un conseiller communal, un maire au quotidien, mais aussi le contrôler ou le mettre en minorité à une assemblée communale. Pour les citoyen(ne)s de six communes, la fusion implique une perte de leurs droits populaires sans précédent!
On leur répond qu’ils/elles peuvent lancer une initiative ou un référendum et n’ont qu’à chercher 300 signatures … Dans une commune fusionnée les conseillers généraux ne regarderont pas à la dépense, ce d’autant plus qu’ils n’ont pas de comptes à rendre. Qui en voudra et même se souviendra des votes de Pierre ou Paul 5 ans après? Ainsi la fiscalité augmentera toujours, alors le Comité de fusion fait miroiter des économies dans tous les coins sans les chiffrer. Plus une entité est petite, mieux les deniers publics sont gérés.
On a parfois l’impression que fusion rime avec démission collective et qu’on se réjouirait de mettre en place des conseillers communaux professionnels, car certains nouveaux conseillers sont confrontés à des matières administratives complexes. C’est négliger le secrétaire communal, à plein-temps, qui est administrativement la personne la plus compétente d’une commune. De plus l’accès aux charges publiques est un droit fondamental de la Constitution jurassienne. […]
Avec la fusion toute personne et toute famille originaire d’un des sept villages perd son lieu d’origine, remplacé par le néologisme et peu attachant vocable de «Haute-Sorne». […] Suite au regroupement des pompiers en SIS, les efforts de la Microrégion ont débouché sur une importante Zone d’activité micro-régionale de Glovelier (ZAM), une Société propriétaire pour des machines de voirie, une nouvelle desserte de bus, une UAPE (Union d’Accueil Parascolaire pour Ecoliers).
Résumons. Collaboration accrue: oui, fusion: non.

Jean-Jacques Kottelat, Yves Girard, Damien Lachat et Willy Habegger,
pour l’UDC Bassecourt-Berlincourt