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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°35, 5 septembre 2011  >  Le projet du village des noix de Frümsen [Imprimer]

Le projet du village des noix de Frümsen

Comment une initiative est devenue un projet pour toute la population

par Hedwig Schär

La perte de la diversité génétique avec la culture de nouvelles sortes et le traitement négligé des cultures anciennes précieuses est de plus en plus un sujet de discussion. Différentes organisations comme «Pro-SpezieRara» et «Fructus» s’y opposent en pratiquant l’élevage actif d’anciennes races d’animaux et la culture de plantes anciennes. Pour l’avancement et la sauvegarde de la diversité génétique des noyers, un projet intéressant a été créé à Frümsen dans la région de Werdenberg, qui rencontre un grand intérêt au sein de la population de la commune.

Savez-vous où se trouve Frümsen? En consultant la carte, on trouve le village dans la Vallée du Rhin suisse, appartenant à la commune de Sennwald.

Qu’est-ce qui est si spécial à Frümsen? Jusque dans les années 1940 du siècle dernier, il y avait à Frümsen le plus grand nombre de noyers en Suisse. Cet arbre y poussait dans la forêt et en terrain cultivé. Le climat de cette vallée du föhn, la topographie et le sol sont idéaux pour cette variété d’arbres. Le noyer préfère les sols légers des pentes d’éboulis; il y ancre ses racines puissantes résistant aux tempêtes. Semblable à la vigne, le noyer aime des sites au climat clément et ensoleillé, on peut le trouver de 450 à 700 mètres au-dessus du niveau de la mer. En plus il a besoin de beaucoup de place pour sa couronne.

La noix – une ancienne plante de culture

Le noyer est une des plus anciennes plantes de culture. Ses noix contiennent des matières précieuses et les feuilles peuvent être utilisées comme remède (cf. encadré). Il était très apprécié comme arbre à côté de la maison, planté entre l’écurie et la maison, il éloignait les mouches de l’écurie de l’habitat. Son bois est également très apprécié pour en faire des meubles et des manches de fusil, car il est très dur. C’est pour cette raison que beaucoup d’arbres ont été coupés. Malheureusement les arbres n’ont plus été soignés depuis le milieu du siècle dernier, ce qui a entraîné une diminution du peuplement. Le noyer a été supplanté par les hêtres, les épicéas et avant tout les frênes.

A Frümsen, on trouvait pendant longtemps encore un peuplement étendu de noyers. Dû probablement à une décision de 1737. A cette époque, le roi Frédéric-Guillaume Ier de Prusse a sollicité les cantons de la Confédération de lui permettre un achat illimité de bois de noyer pour ses usines de fusils. Les autorités de Sax-Forstegg, à cette époque le gouvernement zurichois, ont refusé dans l’intérêt de leur propre besoin. Mais au siècle dernier, le peuplement a diminué rapidement, aussi à Frümsen. Ceci depuis 1921, lorsqu’on comptait 3010 arbres, jusqu’au début de ce millénaire, où le nombre d’arbres a été réduit à 200–300 arbres, donc à moins de 10%! C’est l’année 1956 qui a été lourde de conséquences. Un mois de janvier clément a fait monter la sève dans les arbres, suivi, le dernier jour du mois, par un froid soudain avec des températures jusqu’à – 30°C. Des contemporains racontent que les arbres ont littéralement explosé et l’on a entendu comme des détonations. D’autres arbres ont également eu des déchirures par le gel. L’année suivante, le 6 mai 1957, il y a eu de la neige jusqu’en plaine et après une nuit claire, tout a gelé. Par la suite, beaucoup d’arbres ont péri et il a fallu les abattre.

Premiers reboisements

En 1970, l’association de soins pour les malades de Frümsen a pris l’initiative de replanter le noyer. Avec un don de 20 francs, on pouvait devenir le propriétaire symbolique d’un noyer avec une petite plaque métallique avec son nom sur l’arbre. Cette plaque, accrochée à l’arbre, indique son «arbre généalogique». La commune a trouvé cette idée tellement bonne qu’elle a laissé les dons à l’association de soin pour les malades et a repris toutes les autres dépenses. Ces arbres forment une belle allée jusqu’aujourd’hui.

Ces dernières dix années, les gardes forestiers ont commencé à protéger les jeunes pousses naturelles des noyers dans la forêt et participent ainsi au renouvellement du peuplement de noyers.

Un jardin national de variétés

Hans Oppliger, agronome EPFZ et habitant de Frümsen, participe au groupe suisse alémanique pour les noyers de «fructus», et il savait de par ses activités par rapport au maïs de la vallée du Rhin (Rheintaler Ribelmais), qu’on cherchait un endroit approprié pour un jardin de variétés national pour les anciennes variétés de noyers, avec l’objectif de sauvegarder la diversité des variétés de noix pour les générations à venir. D’après lui, Frümsen était l’endroit idéal. Depuis les temps d’autrefois, c’était bien connu que les arbres y poussaient bien. Il a commencé à parler aux gens du village et il a présenté son idée à la commune. Dès le début, le garde-forestier et les conseillers communaux ont été impliqués. Par la suite, on a fondé l’Association Nussdorf Frümsen. Cette association d’utilité publique a pour but «la culture et les soins des jardins de variétés nationaux de noyers, la documentation, la culture, la promotion de la culture villageoise de Frümsen, la publicité et le développement de produits à partir des noix». (cf. www.nussdorf.ch) Au début, c’étaient sept personnes avec le président Hans Oppliger, le garde forestier Hans Tinner et des représentants des villages de Haag et de Frümsen. Aujourd’hui, l’association compte à peu près quarante membres. Chacun aide et s’en occupe depuis son domicile. Hans Oppliger, par exemple, s’occupe avant tout de la communication avec la Confédération et le canton. L’association bénéficie de beaucoup de soutien dans la population du village. Les aînés se réjouissent que le noyer, appartenant pour ainsi dire à Frümsen, soit de nouveau soutenu. Les villages de Frümsen et de Haag ont aidé en mettant à disposition du terrain. Le projet est planifié pour une période indéterminée, car les noyers ne donnent une récolte qu’au bout de dix ans. Ce jardin de variétés de noyers est maintenant créé sur le terrain des villages de Frümsen et de Haag et sur les biens communaux, appelés «Frümsner Tratt». Mais il en faut beaucoup plus pour un tel projet: Les arbres et le matériel sont payés par l’Office fédéral de l’agriculture. Le travail est fourni par la population de Frümsen et par les membres de l’association.

En 2006, on a commencé les préparatifs pour ce jardin de variétés. Ce travail a été fait en collaboration étroite avec l’Association fructus. Cette association se voue à la sauvegarde des anciennes sortes de fruits. En 2007, un projet pour les noix a débuté, dans le cadre duquel on a cherché des variétés indigènes intéressantes de noix et on a examiné leur aptitude pour le jardin de variétés. A partir de nombreux envois, en plusieurs jours de détermination, les échantillons de noix ont été examinés par des experts et sélectionnés pour le programme de sauvegarde. Ensuite, les variétés sélectionnées ont été greffées sur de jeunes arbres dans une pépinière. En avril 2010, les premiers arbres d’un an ont pu être plantés à Frümsen. Avec des tracts, les habitants ont été invités pour le premier jour de plantation. Les trous pour les premiers 30 arbres ont déjà été creusés. Hans Oppliger et Lorenz Huber, spécialiste des noix, ont fait attention aux distances entre les arbres (au moins 14 mètres) et de bien les adapter au paysage. Ils n’ont pas été plantés en une allée, mais en groupes libres dans le paysage de culture. Les variétés de même origine ont été groupées pour qu’on puisse bien les retrouver. Autour de chaque arbre, on a installé une clôture de protection contre le gibier et le nom de la sorte y a été marqué en blanc. La population est venue en grand nombre, des jeunes et des vieux, tout le monde a aidé à planter les arbres. La conseillère d’Etat, Heidi Hanselmann, et les autorités de la commune de Sennwald, presqu’au complet, ont mis la main à la pâte. Après cette action à succès, c’était la partie conviviale avec des boissons et du «Ribelmais du Rheintal».

En avril de cette année, dans une autre action, 70 autres arbres ont été plantés. Tous les arbres qui ont été plantés se sont bien enracinés, et ceux de l’année passée ont déjà besoin d’être taillés.

Maintenant, déjà 100 arbres sur les 140 arbres planifiés se trouvent dans ce jardin de variétés. De 2000 noyers, 70 variétés d’importance nationale ont été sélectionnées, qui pousseront en double dans la région autour de Frümsen. Dans un jardin de variétés national, on plante toujours au moins deux arbres parce qu’un des arbres risque toujours de périr. Dans un but de recherche, on plante toujours entre les arbres un arbre de référence de la variété «Franquette» (juglans regia). Ainsi, on peut comparer quand un arbre fleurit ou fait mûrir les fruits, la récolte et le goût d’une variété ou bien ses propriétés de résistance par rapport aux autres sortes.

Le prochain objectif est la reconnaissance du jardin de noix comme collection primaire nationale pour les variétés de noix de Suisse alémanique par la Confédération en 2012.

Les soins du paysage de culture

L’idée de Hans Oppliger va encore plus loin que la création d’un jardin de variétés. Tout le paysage culturel de cette région doit être soigné. On restaure donc avec des classes d’écoliers de vieux murs de pierre sèche. Chaque année, 100 mètres de ces murs devront être reconstruits.

Pour la population, on a planifié une promenade a travers la région. Dans ce contexte, Hans Oppliger voudrait se servir du tracé de la Via Rhenana, un sentier pédestre national, qui traverse justement le jardin des noix. Ce bout de chemin pourrait devenir un genre de sentier pédagogique pour ce thème. Hans Oppliger a déjà noué les premiers contacts avec les associations des sentiers pédestres.

Des produits de noix

Une autre idée, définie aussi comme objectif de l’association, est la production de produits à base de noix, comme de presser l’huile de noix, de faire du pain ou des sucreries aux noix ou bien du bricolage avec des coques de noix. Cette idée n’en est cependant qu’à ses débuts. A l’heure actuelle, le boulanger de Frümsen fait un bon pain aux noix.

Ce qui a commencé avec peu de personnes, le projet du village de noix de Frümsen s’est étendu à toute la population du village. Comme dans beaucoup d’autres villages, ces dernières années un magasin après l’autre a fermé ses portes. Cela a des répercussions sur toute la culture villageoise. Un tel projet, soutenu activement par toute la population, peut renforcer la solidarité entre les gens.

Ce jardin de variétés de noix, une idée d’abord, poursuivie avec une ténacité aimable, ensuite une association, fondée sur des bases historiques et ancrée dans la population, peut être considéré comme le service d’un village à toute la Suisse. Ainsi une idée, pas ordonnée d’en haut, mais qui a grandi naturellement, peut avoir une grande durée!  •

Pour de plus amples informations: www.nussdorf.ch

 

Valeur nutritive de la noix

La noix est bonne pour la santé. Elle a une grande teneur en graisse: 62%, dont 42% d’acides gras non saturés qui aident à faire baisser la pression artérielle et donc importants pour la prévention de l’infarctus. Avec sa teneur en sels minéraux et antioxydants, la noix agit contre l’artériosclérose et le cancer. Un goûter avec des noix et des pommes est très sain!

Indications pour le traitement de produits à base de noix: garder tous les produits au frais et au sec, si possible à l’abri de la lumière. L’huile de noix ne peut pas être chauffée à haute température, pour cette raison il faut l’utiliser crue pour la cuisine froide.

Comme plante médicinale on utilise les feuilles. On les cueille en juin et on les sèche. Les feuilles contiennent des produits tanniques, utiles pour le traitement des muqueuses infectées. On en fait une tisane avec deux cuillères de feuilles de noix coupées et ¼ litre d’eau.

Pesto de noix

100 g   de basilic frais

100 ml  d’huile de noix

             piler finement dans le mortier

2 cerneaux de noix

            hachés finement et -assaisonnés avec un peu de sel

Ce pesto est très bon avec des nouilles. On peut le conserver dans un verre bien fermé et au frais pendant plusieurs semaines.