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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°42, 8 octobre 2012  >  Droit international ou justice d’opinion? [Imprimer]

Droit international ou justice d’opinion?

Dans l’UE la justice décrète les souvenirs et couvre le flanc de son néocolonialisme – à propos du nouveau livre de Hannes Hofbauer

par Tobias Salander

A qui, chers lecteurs, confieriez-vous la tâche de répondre aux questions portant sur un jugement de processus historiques? Aux politiciens? A ceux de droite ou de gauche? Aux ecclésiastiques? De provenance chrétienne, musulmane, juive, hindoue ou autre? Ou aux Européens? Ou plutôt aux Asiatiques ou aux Africains? Aux Allemands ou aux Français, aux Roumains ou aux Portugais? Aux Sénégalais ou aux Congolais, aux Marocains ou aux Africains du Sud? Aux Palestiniens ou aux Israéliens? Aux Wahhabites, aux Chiites ou à l’OTAN? A la Chine ou à la Russie? – Ou bien? Peut-être plutôt aux historiens qui se tiennent uniquement aux faits, c’est-à-dire aux sources, donc des historiens ouverts à de nouveaux résultats, qui procèdent de façon polyperspective ainsi que critique envers les sources et les idéologies. Ils sont donc intéressés à dénicher et à démasquer ce qui est derrière les faits – des scientifiques respectueux de l’éthique des Lumières et des valeurs humanistes?
Et voici les questions: Les croisades, s’agit-il là d’un génocide? L’extermination de la population indigène américaine et la déportation de millions d’Africains comme esclaves vers le Nouveau Monde est-ce le plus grand génocide de tous les temps? Comment juger l’insurrection en Vendée pendant la Révolution française? Qu’est-ce qui s’est réellement passé sur le «Maine», le cuirassé américain? Quels sont les dessous du coup de feu de Sarajevo de 1914? Et du massacre d’Arméniens lors de la Première Guerre mondiale? A qui Lénine doit-il son confortable voyage en train jusqu’à Saint-Pétersbourg? Qui a incendié le Reichstag? Qu’est-ce qui s’est passé à Katyn? Pourquoi est-ce que les Alliés n’ont-ils pas bombardé la voie ferrée menant à Auschwitz? Pourquoi a-t-on largué les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki? Qu’est-ce qui s’est réellement passé en Hongrie en 1956? Et dans le golfe de Tonkin? Que se serait-il passé si le président John F. Kennedy n’avait pas refusé l’opération Northwoods comme immorale? Qui est-ce qui a attaqué l’USS «Enterprise»? Que signifient les relations que le meurtrier de Benno Ohnesorg a entretenues avec la Stasi? Quelle est la différence entre la première et la quatrième génération des terroristes RAF? Qui était derrière les attaques terroristes en Italie des années 70 et 80? Gladio était-ce un groupe de résistance ou une organisation terroriste? Le dimanche sanglant de Vilnius du 13 janvier 1991 – un nouvel Auschwitz? Qui est derrière le «massacre de la boulangerie» à Sarajevo? Et derrière le massacre de Srebrenica? Qu’est-ce qui se passe au Darfour? Les crimes de l’Europe communiste correspondent-ils aux crimes de la dictature nazie? Milosevic était-il le nouvel Hitler? Comment peut-on expliquer les incohérences lors de l’effondrement du WTC 7 le soir du 11 septembre 2001? Saddam avait-il la bombe nucléaire?

Pourquoi l’UE a-t-elle besoin de la «pensée correcte» orwelienne?

Voilà de nombreuses questions dont chaque élève doit s’occuper pendant sa scolarité. Et d’où lui viennent les réponses, ou au moins des tentatives d’explication ou même l’aveu qu’on ne sait pas répondre à cette question actuellement? De son professeur d’histoire, qui se donne la peine d’explorer l’état actuel de la recherche, et qui doit souvent remarquer que l’une ou l’autre question ne peut pas être éclaircie, les archives n’étant pas encore ouverts, les documents soumis à un délai de blocage ou n’existant plus?
Celui qui pense que l’éclaircissement des questions historiques est un processus ouvert, que dans une démocratie la vérité doit toujours de nouveau être acquise et résister à des examens scientifiques sévères, qu’il s’agit d’un processus toujours ouvert à des corrections quand de nouvelles sources ou des faits apparaissent, se voit détrompé par certains déroulements des dernières années au sein de l’UE. Ce qui serait impensable aux Etats-Unis (au moins jusqu’à présent) et qui rendrait impossible l’excellent travail d’un journaliste investigateur comme Seymour Hersh (élucidation des vrais dessous du massacre de My Lai, des scandales d’Abou Ghraib et des soldats américain en Afghanistan etc.), prend dans l’UE des formes toujours plus extrêmes: De plus en plus souvent, depuis une décision-cadre de l’UE de 2008, des jugements remplacent la recherche et déterminent, sous peine de sanctions juridiques, la façon de juger certains événements. Celui qui ne tient pas compte de ces verdicts et continue ses recherches et qui ose émettre des doutes sur la base de ses expériences avec des opérations sous fausse bannière, des mensonges de guerres et de la propagande déjà dévoilés, et qui veut établir des hypothèses contraires, se retrouve tout à coup devant un tribunal qui le condamne à une peine de prison ou à une amende salée. Cette «pensée correcte» orwellienne, ordonnée par les autorités veut-elle cacher les déficits de démocratie de l’UE, ou l’emprise juridique sur des conflits en cours, comme dans les Balkans des années 90, où l’UE et l’OTAN ont mené une guerre offensive à l’encontre du droit international, veut-elle servir de couverture de flanc – ou bien l’UE soutient-elle les multinationales dirigeant la Commission européenne selon leur volonté dans leur conquête de nouveaux marchés, et donne donc sa bénédiction juridique à un comportement néo-colonialiste – toutes ces questions sont abordées dans un petit livre soigneusement rédigé et récemment publié par Hannes Hofbauer. Il est intitulé «Verordnete Wahrheit, bestrafte Gesinnung – Rechtsprechung als politisches Instrument» [Vérité ordonnée, conviction punie – la juridiction comme instrument politique]. Hofbauer est historien économiste et journaliste, connaisseur de l’UE, en particulier de son élargissement vers l’Est, qu’il a déjà désigné dans ses travaux précédents comme «Retour au colonialisme» – mentionnons seulement le comportement absolutiste des «Hauts représentants» en Bosnie-Herzégovine qui, bien qu’engagés par l’ONU, exerçaient en même temps la fonction de représentants spéciaux de l’UE.

Ce qui est écrit dans la Convention de l’ONU concernant le génocide

Le génocide est bien le pire des crimes que connaît l’histoire humaine. La discussion entre historiens, pour savoir combien de douzaines de millions d’êtres humains ont été victimes de tels crimes, n’est de loin pas terminée. Mais comment définit-on le génocide? D’après la Convention de l’ONU du 9 décembre 1948, intitulée «Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide», le génocide comprend des actes commis dans l’intention de «détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel: a) meurtre de membres du groupe, b) atteinte grave à l’intégrité physique et mentale de membres du groupe, c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, d) mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe, e) transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.» (cité d’après Hofbauer, p. 27)
Ce n’est pas le nombre de victimes de meurtres qui est décisif pour ce crime, mais le motif politique ou religieux de tuer ces êtres humains ou de détruire leurs bases de vie.

Deux lois pénales – deux vérités historiques?

Mais qui est-ce qui définit alors à quel moment un crime doit être classé comme génocide? Quels sont les tribunaux compétents et quel est l’impact du contexte historique contemporain ou géopolitique? Hofbauer: «Qui est-ce qui se permet un jugement d’événements historiques qui conduit à une interdiction de négation, punissable de prison? Des tribunaux nationaux? La Cour internationale de justice de La Haye?» En guise d’introduction à la problématique, Hofbauer écrit dans la préface: «Nier et minimiser des forfaits, décrétés par décision de justice comme génocides, crimes contre l’humanité ou crimes de guerres, est punissable dans de plus en plus de cas et dans de plus en plus de pays. Ainsi un doute émis à haute voix sur le génocide de Srebrenica est, depuis la décision-cadre de l’UE de 2008, dans toute l’Union européenne un cas pour le procureur. Contester le génocide du peuple arménien peut amener quelqu’un devant un tribunal suisse. De l’autre côté, quelqu’un qui désigne l’expulsion des Arméniens de l’Anatolie en 1915 comme génocide, se retrouve devant le tribunal en Turquie (aussi dans la partie européenne). Dans quatre pays membres de l’UE de l’Europe de l’Est, la négation des crimes communistes – indépendamment de qui les décrète comme tels – est punissable. Entre Lviv, Odessa et Donetsk, le ‹Holodomor›, de son côté, doit être appelé un crime contre la nation ukrainienne, autrement on est menacé d’une procédure judiciaire.» (p. 10)

Poursuivre en justice dans toute l’UE des souvenirs collectifs discrédités

Hofbauer est très préoccupé par la judiciarisation croissante de la formation de l’opinion et la poursuite d’opinions «fausses» au sein de l’UE. Partant de paragraphes contre le racisme et de paragraphes contre la négation des crimes national-socialistes, mis en vigueur depuis longtemps dans les Etats européens et remplissant tout à fait leur fonction, Hofbauer voit une tendance de poursuivre des souvenirs collectifs discrédités dans toute l’UE. Qu’ainsi la singularité de l’Holocauste est tacitement jetée par-dessus bord, est apparemment acceptée sans problèmes par les acteurs. «Le fait que la négation de toute sorte de crimes de guerre et de génocides devient punissable, dès qu’ils ont été identifiés comme tels par un tribunal international, a entraîné une inflation d’opinions à punir, ce qui est en opposition avec le statut particulier initial de l’Holocauste (c’est-à-dire le fait de le minimiser ou de le nier) et veut donc dire, qu’en quelque sorte, on s’en moque.» (p. 10)

Des lois mémorielles comme couverture de flanc pour des intérêts géopolitiques et économiques

Vu la tendance d’établir une comparaison entre Auschwitz et toutes sortes de forfaits que Hofbauer reconnaît comme tels, mais dont il juge démesuré le poids qu’on leur donne, il demande avant tout que ces faits restent accessibles aux futures recherches scientifiques: Srebrenica, un nouvel Auschwitz; le dimanche sanglant de Vilnius avec 14 morts, un nouvel Auschwitz; les conflits au Darfour, un nouvel Auschwitz; le règne communiste en Pologne, en République tchèque, en Hongrie et d’autres pays encore entre 1949 et 1989, au même rang que le fascisme d’Hitler – suite à cet état des choses, l’historien autrichien soutient la thèse suivante: «Les nouveaux délits d’opinion et les nouvelles lois mémorielles servent de couverture de flanc aux intérêts géopolitiques et économiques. Cette conclusion a été ma motivation pour écrire ce livre. Je m’en suis rendu compte pour la première fois en observant le processus de désintégration de la Yougoslavie au cours des années 90 et surtout la ‹politique mémorielle›, menée ensuite par l’Occident. Déjà les facteurs intérieurs de la désintégration slave méridionale ont été dynamisés de l’extérieur. De vagues arguments de droits de l’homme se prêtant aux interprétations diverses servaient de justification d’interventions politiques et militaires multiples, avant tout en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo, alors que le droit international était violé. L’OTAN et les médias occidentaux ont travaillé la main dans la main. Les intérêts externes à la désintégration de l’Etat pluriethnique ont été minimisés ou carrément tus.» (p. 10 sq.) Selon Hofbauer, cela a été fait à tort: «Car un coup d’œil sur la carte de l’année 2011 montre comment les intérêts étrangers se sont imposés: Des soldats américains entretiennent la plus grande base militaire en Europe, Camp Bondsteel au Kosovo; les soi-disant Hauts représentants (de l’UE et de l’ONU) administrent la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo dans un style colonial qu’on croyait dépassé depuis longtemps; et les pièces maîtresses économiques de l’ex-Yougoslavie, la Slovénie et la Croatie, sont ou deviennent parties de l’Union européenne. Pour cette raison, pour tirer le plus grand profit de la désintégration slave méridionale, les institutions occidentales, avant tout l’OTAN, font la guerre.» (p. 11)

Ordonner la vérité fait école

Déjà pendant la guerre, le président serbe a été accusé par un tribunal ad hoc: «La demande de mise en accusation du Tribunal pour la Yougoslavie a élargi les moyens politiques, économiques et militaires d’une dimension juridique.» (p. 11)
Pour assurer la conquête néocoloniale et pour ancrer le déroulement «juste» du conflit dans les cerveaux des Européens, l’UE a fixé juridiquemet quelle était la vérité – et elle punit tous ceux qui n’ont jamais fait confiance à l’histoire écrite par les vainqueurs.
Jusqu’à quel point cette forme de vérité ordonnée a fait école, montrent les mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre les chefs d’Etat de pays contre lesquels l’Occident fait ou a fait la guerre, notamment contre al-Bashir au Soudan et Kadhafi en Libye. Hofbauer souligne que la punition des deux hommes était certainement justifiée, mais que la Cour agissait de façon trop unilatérale. Qu’en est-il des atrocités de l’autre côté? Ceux que l’Occident appelle les «bons» ne seront-ils pas punis, et avec quelle justification? Et l’ironie de l’histoire? Elle consiste dans le fait «que les Etats-Unis, eux-mêmes instigateur principal de ces procédures, ne reconnaissent pas la Cour pénale internationale.» (p. 12) Comme tout le monde le sait, La Haye devrait s’attendre à l’apparition d’une troupe d’intervention rapide des unités spéciales américaines pour «libérer» les criminels de guerre américains, qui, sur la base de révélations comme celles notamment de Seymour Hersh, attendraient leur procès à La Haye.

Des historiens italiens se sont opposés avec succès

La critique de Hofbauer envers la justice d’opinion [«Gesinnungsjustiz»] qui se lève en Occident vient de gauche, comme il le dit lui-même, mais toute personne de pensée libérale pourrait s’y joindre, car: «L’indignation s’élève lorsqu’il s’agit de restriction de la liberté d’expression qui représente un véritable droit citoyen.» (p. 263) Des appels d’historiens italiens et français de tous les camps politiques contre les paragraphes d’opinion et la pénalisation de la recherche, confirment Hofbauer dans sa position – en Italie, la dictature mémorielle a, jusqu’à présent, pu être évitée, alors que la France avance gaiement et instaure des diktats absurdes, par exemple la Loi Taubira et la Loi Mékachéra, la première condamnant certains aspects de la traite d’esclaves française, alors que la seconde, comme réaction des colonialistes, ordonne le blanchiment de sa propre histoire coloniale en Afrique du Nord et en Indochine, mis sous peine de sanctions par un Tribunal. (cf. ­Hofbauer, p. 57 sqq.) C’est un déroulement qui montre combien de telles lois mémorielles sont liées à des situations spécifiques et combien elles sont instrumentalisées, et une insulte à la démocratie et à la libre recherche.

Des paragraphes d’opinion, conséquences de l’hystérie anti-terroriste du 11-Septembre

Etant donné que les bases légales en Europe sont largement suffisantes pour endiguer des groupes extrémistes, il s’agit, d’après Hofbauer, d’autre chose, compréhensible seulement dans le contexte de l’alliance de guerre néoconservatrice et néolibérale à la suite du 11-Septembre: «Les paragraphes d’opinion, dissimulés dans des interdictions de négation, seraient impensables sans l’hystérie anti-terroriste, répandue par la politique et par les médias. Beaucoup a été écrit sur la perte des droits citoyens qui s’en est suivi. La criminalisation de l’opinion, le sujet central du livre présenté, va plus loin: Elle menace les débats politiques et la recherche scientifique, hégémonise la mémoire collective, soumet les événements historiques à la judiciarisation et tabouise des notions (telles que par exemple ‹génocide›). La justice d’opinion analysée ici fait partie d’une politique répressive, menée de façon étendue, avec laquelle les élites politiques de l’Union européenne veulent compenser leurs pertes en acceptation sociale. On peut douter que l’on y réussisse par le biais d’interdictions et de réglementations. Dans ce système, l’avis comminatoire pour une ‹fausse› opinion a la fonction d’un petit mais important rouage, puisqu’il vise le discours intellectuel.» (p. 264)

Protection de la liberté d’expression comme premier devoir citoyen

Il serait souhaitable que ce livre de Hofbauer trouve un large public. S’il fait naître une discussion vivace et sérieuse sur une base honnête, orientée à la dignité humaine, pour les millions de victimes de guerres, ce serait certainement plus juste que la construction d’une dictature d’opinion en Europe et dans le reste de l’Occident facile à déceler. Peut-être que quelques Européens se laissent encore impressionner par la vague de propagande et ne voient pas la différence entre les soi-disant valeurs et les intérêts effectifs se cachant derrière les belles paroles, telles qu’«intervention humanitaire», «responsabilité de protection» et «tapis de bombes pour les droits de l’homme». Très certainement, le reste du monde, et ce sont quand même 88% de la population, n’est pas aussi naïf et décèle l’hypocrisie et l’ambiguité du comportement de l’Occident – c’est en tout cas ce que ne cesse de souligner le grand diplomate de Singapour, Kishore Mahbubani. Si donc l’analyse approfondie de Hofbauer enfonce des portes déjà ouvertes en dehors de l’hémisphère occidentale, on ne peut que souhaiter une réception sérieuse à l’Occident (12% de la population mondiale). L’Occident, fier de la Renaissance, de l’Humanisme et des Lumières, ne devrait-il pas être capable d’avancer dignement dans le XXIe siècle en protégeant un des principes fondamentaux de la démocratie qu’est la liberté d’opinion?    •

Hannes Hofbauer, «Verordnete Wahrheit, bestrafte Gesinnung – Rechtsprechung als politisches Instrument». Vienne 2011, ISBN 978-3-85371-329-7