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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°12, 26 mars 2012  >  Un projet contraire au bon sens [Imprimer]

Un projet contraire au bon sens

Le gouvernement vert-rouge du Bade-Wurtemberg veut introduire, via une modification de la Loi scolaire, l’«école unique» en tant qu’école «régulière»

Malgré de sérieuses réserves de l’opposition au parlement du Land, de l’administration du ministère de l’Education, de directeurs d’école, d’associations d’enseignants, des syndicats patronaux, du Congrès des maires notamment, le gouvernement vert-rouge de Bade-Wurtemberg veut faire voter au Landtag en avril 2012 un projet de loi sur une modification de la Loi scolaire qui vise à introduire un nouveau type d’école, la Gemeinschaftsschule (école unique). Et cela non pas seulement à titre d’essai.

km. Au Bade-Wurtemberg, dès le début de l’année scolaire 2012/2013, 34 écoles (le Ministère parle d’«écoles pionnières»), avant tout des Hauptschulen (étblissements du premier cycle du secondaire aboutissant à un brevet à finalité professionnelle), doivent poursuivre leurs activités sous forme d’écoles uniques. Ces écoles sont agréées par le ministère de l’Education, sur demande des autorités locales responsables de l’école, c’est-à-dire les municipalités ou les communes. Il s’agit d’établissements qui regroupent des actuelles Hauptschulen et Realschulen, intègrent les élèves en difficultés et peuvent avoir également une filière menant au baccalauréat. Mais ce n’est pas tout. Plus important encore que la réunion de différents types d’école est le fait que les futures écoles uniques sont basées sur un «concept pédagogique» qui diffère radicalement de celui pratiqué jusqu’à présent.
La ministre de l’Education du Bade-Wurtemberg, Gabriele Warminski-Leitheusser, bien qu’elle soit membre du Parti social-démocrate (SPD) de Rhénanie du Nord-Westphalie, ne fait, avec cette réforme, qu’appliquer un des projets majeurs des Verts et du ministre-président vert du Bade-Wurtemberg Winfried Kretschmann. Or l’école unique, qui va devenir la règle grâce à la nouvelle loi, figurait comme revendication principale dans le programme des Verts en vue des élections au parlement du Land en mars 2011 et les arguments en faveur du nouveau type d’école figurent, presque littéralement, dans ce programme.

Mise en question de toute structure juridiquement contraignante

L’école unique ne va pas seulement saper le système scolaire différencié en divers types d’écoles, elle met également en question toute structure juridiquement contraignante. Idéologiquement, l’école unique est une application de l’éducation antiautoritaire et de l’«anti-pédagogie», idéologies à caractère fortement subversif, et elle représente un nouveau marché gigantesque pour des entreprises internationales telles que Bertelsmann qui, profitant de leurs excellents contacts avec les milieux éducatifs, ne tarderont pas à vendre leurs matériels pédagogiques onéreux pour cet enseignement individualisé et atomisé. Mais pour Bertelsmann non plus, il ne s’agit pas uniquement de faire des affaires.
Cette nouvelle pédagogie néglige tous les résultats de la recherche qui insistent sur le rôle prépondérant de la personne de l’enseignant et de son style pédagogique dans la réussite des élèves, sur l’importance du vécu de la classe pour le développement du sens social des élèves et sur les conséquences désastreuses, notamment pour les élèves faibles, du manque de structures claires, autant de résultats qui sont rappelés de façon claire et précise dans un livre récemment paru. (Michael Felten: Schluss mit dem Bildungsgerede. Eine Anstiftung zum pädagogischen Eigensinn, 2012, ISBN 978-3-579-06670-7).
Ce que prônent les Verts sous l’étiquette «Schule von unten» n’est en réalité que la tentative, grâce à un financement généreux et en usant de la force politique, de donner la préférence à des communes ou des municipalités et avant tout à des directions d’écoles qui manifestent un penchant idéologique à expérimenter avec les enfants. Ils veulent privilégier l’école unique au détriment d’écoles qui ont effectué jusqu’ici un bon travail.
De plus, ils cherchent à appâter notamment les petites communes dont les écoles sont menacées de fermeture en leur disant qu’elles pourront les sauver en les transformant en écoles uniques – même si, pour les protagonistes de l’école unique, il ne s’agit guère de maintenir des écoles situées à proximité des habitants.
De nombreux directeurs d’école le savent. 60 d’entre eux qui ont eu le courage d’exprimer leurs critiques dans une annonce publiée quelques jours avant les élections parlementaires de 2011 dans un quotidien du Bade-Wurtemberg, donc peu de temps avant la réalisation du projet «Ecole unique», ont été sévèrement chapitrés par la ministre nouvellement élue qui leur a fait comprendre qu’ils ne devaient plus s’exprimer publiquement sur le sujet. Le gouvernement rouge-vert, qui se vante d’être proche des citoyens et ouvert au débat, évite ce débat, surtout quand des experts y participent. Aussi l’administration compétente du ministère de l’Education, où plusieurs voix critiques se sont élevées, a-t-elle été tout simplement neutralisée au moyen de la création d’un office à la tête duquel on a placé un membre du syndicat Erziehung und Wissenschaft.

Les trotskistes et les maoïstes sont-ils à l’œuvre?

Il est évident que le gouvernement vert-rouge a l’intention d’abolir le système scolaire différencié: cela ressort clairement de l’avant-propos au projet de «Loi sur la modification de la Loi scolaire et d’autres lois», puisque celui-ci précise qu’«il faut surmonter l’enseignement dispensé dans divers types d’école» (c’est nous qui soulignons).
On vante l’école unique comme étant «performante», «socialement juste» et «particulièrement fidèle aux valeurs démocratiques». En vérité, tout cela est faux. L’école unique est contraire aux principes de l’Etat de droit libéral et démocratique, elle n’est ni performante ni socialement juste.
Quant au concept pédagogique, on peut lire notamment dans le commentaire au projet de loi: «Les classes traditionnelles fondées sur l’âge des élèves sont remplacées par des groupes d’apprentissage. […] Les processus d’apprentissage autonome et en groupe y jouent un rôle central. Ils constituent justement le trait caractéristique de l’apprentissage dans les écoles uniques. Les enseignants se considèrent comme des animateurs […]. Il n’y a plus de passages dans la classe supérieure ni de redoublements au sens traditionnel.»
Ce sont là quelques lieux communs d’une idéologie irréaliste (quel est son objectif politique actuel?) qu’une pédagogie sérieuse a dépassée.
Dans l’école unique, il n’y aura donc plus de classes et plus guère d’enseignement dirigé par l’enseignant. On encourage les enseignants à négliger leurs responsabilités pédagogiques puisque les élèves devront largement se débrouiller avec leur matériel pédagogique coûteux. Ils n’auront plus la possibilité de reprendre pied en redoublant une classe.
Jusqu’ici, le système scolaire du Bade-Wurtemberg était à tous égards, y compris dans sa capacité d’intégration et son équité sociale, un des meilleurs d’Allemagne, contrairement à celui de la Rhénanie du Nord-Westphalie. Il semble que l’idée de prendre précisément ce système-là comme modèle pour le Bade-Wurtemberg ne constitue qu’une étape politique.
Au cours des derniers mois, on a assisté à une retenue et à un penchant pour le compromis caractéristiques de la politique de ce Land. Cependant, nombreuses ont été les critiques adressées à la politique scolaire du gouvernement vert-rouge. Nous en reproduisons ci-dessous quelques extraits.     •

Une école unique créée pour des raisons idéologiques

«Pour des raisons idéologiques, le nouveau gouvernement du Land a annoncé l’introduction de l’école unique (Gemein­schaftsschule). Le groupe parlementaire CDU est d’avis que l’on sacrifie ainsi le système différencié du Bade-Wurtemberg qui est pourtant efficace. On ne comprend absolument pas que le cadre légal n’en ait toujours pas été défini. Le ministère de l’Education démarre une expérimentation avant d’avoir modifié la Loi scolaire en conséquence (date prévue: avril 2012). Une telle introduction hâtive en l’absence de base légale est à notre avis irresponsable car les parents, les enseignants et les élèves ignorent ce sur quoi ils doivent se décider. C’est partir à l’aventure. Ce n’est pas comme cela qu’on pratique une politique scolaire responsable.»

Communiqué de presse du porte-parole du groupe parlementaire CDU chargé de l’éducation Georg Wacker du 9/12/11

Le gouvernement du Land défend l’école unique sans pouvoir prouver que ce système est le meilleur

«Pour l’Association Bildung und Erziehung (VBE) du Bade-Wurtemberg, le nouveau gouvernement régional place nettement les écoles uniques en ‹pole position› au détriment des autres types d’école. Selon le président du VBE Gerhard Brand, ‹ceux qui favorisent unilatéralement l’école unique dévalorisent le travail effectué dans toutes les autres écoles.›
Alors que l’école unique n’est pas encore inscrite dans la loi, le chef de l’office ‹Ecole unique, types d’écoles, intégration› du ministère de l’Education Norbert Zeller présente déjà dans des manifestations très fréquentées du Land ce type d’école comme une réussite […].
Le VBE craint que l’école unique n’entraîne une perte de spécialisation et par conséquent une baisse générale de niveau, d’autant plus que le programme doit – du moins provisoirement – correspondre à celui de la Realschule, lequel est nettement trop facile pour les élèves visant l’obtention du baccalauréat qui se trouvent dans les nouveaux groupes hétérogènes (remplaçant les classes traditionnelles), vantés comme étant le nec plus ultra, et trop difficile pour les élèves de niveau Hauptschule. […]
Investir dans un nouveau modèle scolaire vaut la peine pour les enseignants, en particulier, lorsqu’on peut susciter chez eux un enthousiasme communicatif. Or en ce qui concerne l’école unique, il y a encore trop d’incertitudes non étayées scientifiquement, trop de visions irréalistes. L’ex-chancelier fédéral Helmut Schmidt (SPD) recommandait autrefois à ceux qui avaient des visions de consulter un psychiatre. Brand résume la situation confuse de la politique actuelle de l’éducation en disant que le quotidien scolaire est à l’opposé de ce que les visionnaires rouges-verts imaginent.»

Communiqué de presse du VBE du 16/11/11. Le VBE regroupe quelque 140 000 enseignants et enseignantes des Grundschulen, Hauptschulen, Realschulen, Förderschulen et Gesamtschulen au sein de l’Union allemande des fonctionnaires.

Les écoles uniques favorisent sans raison l’apprentissage autonome

«Parmi les avantages de l’école unique, ses partisans mentionnent toujours le fait que l’apprentissage y est différent. On remarque souvent qu’ils sont assez fiers qu’on n’y pratique plus guère le face-à-face entre l’enseignant et le groupe-classe (Frontalunterricht). Le VBE du Bade-Wurtemberg s’élève contre une dévalorisation fondamentale de cette forme d’enseignement. […]
La gestion professionnelle de l’apprentissage individualisé, du travail autonome, en duo, en groupe, en ateliers ou selon un plan hebdomadaire, fait partie du répertoire standard d’un enseignant moderne. Toutefois un enseignement bien préparé et intéressant avec le groupe-classe n’est pas moins efficace qu’un enseignement misant uniquement sur le travail autonome ou de groupe dans lequel les élèves sont certes toujours ‹occupés› mais ne savent plus exactement à la fin de la classe pourquoi ils ont fait quelque chose. Et ce sont la plupart du temps précisément ceux qui ont besoin d’un soutien particulier.»

Communiqué de presse du VBE du 20/1/12

L’école unique suit le modèle scolaire de Rhénanie du Nord-Westphalie

«Les parallèles avec la Rhénanie du Nord-Westphalie sont évidents. Si évidents qu’il vaut la peine de les examiner. Depuis le changement de gouvernement à Düsseldorf, en juillet 2010, où Jürgen Rüttgers a cédé la place à Hannelore Kraft flanquée de la ministre écologiste de l’Education Sylvia Löhrmann, le modèle scolaire en vigueur là-bas est exactement le même que celui que le gouvernement du Bade-Wurtemberg entend introduire.»

Extrait d’un communiqué de presse non daté du VBE intitulé «Wo Milch und Honig fliessen»

«L’Association des philologues s’oppose à l’introduction de l’école unique»

«L’Association des philologues s’oppose à l’introduction de l’école unique. Toutes les études allemandes sur les résultats des élèves confirment que plus un système scolaire est différencié, que moins il y a de Gesamtschulen dans un Land, meilleurs sont les résultats. Les structures scolaires divisées en plusieurs types d’établissements profitent mieux aux élèves, en particulier à ceux qui sont issus de milieux défavorisés ou de l’immigration. ‹Le ministre-président se trompe›, a déclaré Bernd Saur, président du PhV de Bade-Wurtemberg, ‹quand il prétend que tous les élèves, les bons comme les faibles, tirent profit d’un enseignement en commun. Ce n’est prouvé par aucune étude scientifique. La promotion unilatérale d’écoles uniques au détriment d’autres types d’école est inacceptable.›»

Communiqué de presse de l’Association des philologues du Bade-Wurtemberg du 3/5/11. L’Association allemande des philologues (DPhV) est un syndicat qui regroupe des enseignants d’établissements scolaires menant au baccalauréat. Il compte quelque 90 000 membres au statut de fonctionnaires ou d’employés.

Ce qui compte, c’est la qualité des concepts pédagogiques

«Le développement du système scolaire du Bade-Wurtemberg est une question capitale pour l’économie. La formation et la maturité de ceux qui quittent l’école est une condition essentielle pour répondre aux besoins en main-d’œuvre des entreprises du Land.
Depuis des années, le patronat explique que les structures scolaires revêtent une importance secondaire. Ce qui est déterminant, c’est la qualité des concepts pédagogiques, l’accent mis sur les compétences, les contenus adéquats de l’enseignement, des mesures convaincantes de garantie de la qualité et une utilisation optimale des ressources temporelles et financières, qui sont limitées. Cela vaut également pour l’école unique que le gouvernement régional a l’intention de promouvoir.»

Déclaration sur l’école unique de la Fédération des syndicats patronaux du Bade-Wurtemberg (13/12/11)

Pourquoi ne pas commencer par une expérimentation sérieuse?

«L’objectif prioritaire de la politique éducative à moyen et à long terme du Land doit être de créer des structures scolaires sûres et compréhensibles. Or ni le projet ni les déclarations du gouvernement du Land ne permettent de savoir quels sont les objectifs du Land à ce sujet et quels effets structurels le gouvernement cherche à obtenir à long terme en introduisant l’école unique. Comme cette introduction aura des répercussions sur tous les autres types d’école et qu’elle entraînera des conséquences pour l’ensemble du système scolaire du Bade-Wurtemberg, le projet de loi doit reposer sur des perspectives de politique scolaire concrètes et compréhensibles.
Au lieu de préciser ces perspectives, on invoque l’autonomie communale et la liberté des écoles à déterminer librement leur évolution. Le Congrès des maires du Bade-Wurtemberg salue évidemment toute déclaration en faveur de l’autonomie communale. Toutefois, il ne faut pas confondre autonomie et liberté avec laissez-faire. Le respect de l’autonomie communale nécessite justement une concertation sur les objectifs communs entre les deux grands acteurs de la politique de l’éducation que sont le Land et les communes. C’est le seul moyen de garantir que ces deux collectivités vont dans la même direction.
Comme le gouvernement du Land ne dit actuellement rien à ce sujet, on ne sait pas où va la politique scolaire. […]
Dans l’école unique, on doit pratiquer une forme d’enseignement et d’apprentissage toute différente de celles des autres types d’école. Les classes traditionnelles doivent être remplacées par des groupes d’apprentissage hétérogènes. L’enseignement doit obéir à des normes impliquant différents niveaux de compétence et il convient par conséquent de travailler en équipe. Il n’y a plus de passage dans la classe supérieure, plus de redoublements et il faut intégrer les handicapés, même dans la phase initiale. Telles sont quelques-unes des caractéristiques de l’école unique.
Pour les cas de changements aussi profonds, l’article 22 de la Loi scolaire prévoit une étape éprouvée : l’organisation d’expérimentations. Ces dernières ‹ont pour but de développer et de tester de nouvelles idées pédagogiques, de nouvelles formes d’organisation scolaire, notamment en ce qui concerne l’enseignement, l’administration, les modifications de contenu importantes, les nouveaux processus d’apprentissage ou les moyens pédagogiques.› Et c’est tout particulièrement nécessaire pour l’école unique. Or jusqu’ici, il n’existe ni projet ni enseignants formés ni expériences pratiques. Et la question des ressources communales n’a pas été abordée.
Au lieu de procéder aux expérimentations nécessaires et de régler la question financière, on veut inscrire tout de suite dans la Loi scolaire un type d’école tout à fait nouveau. On n’attend même pas les rapports des écoles pionnières dont on prétend ailleurs qu’elles constituent des modèles.»

Déclaration du Congrès des maires du Bade-Wurtemberg lors de l’audition relative à la Loi sur l’école unique du 3/2/12

«L’éducation nécessite la continuité, la pondération, un soin minutieux et de la clairvoyance»

«Comme l’éducation nécessite la continuité, la pondération, un soin minutieux et de la clairvoyance, le VBE demande instamment au gouvernement de veiller à ce qu’on ne mette pas en route des processus qu’on ne peut pas introduire de manière judicieuse et sûre, poursuivre de manière fiable et appliquer durablement. Sinon les dégâts dans le système éducatif seront considérables. Trop souvent nous autres directeurs d’école avons soutenu des réformes, introduit des changements, appliqué des nouveautés, procédé à des évaluations pour finir par tout abandonner. Nous avons très souvent plaidé en faveur de la continuité et de la pondération dans le système éducatif. Il ne s’agit pas ici de regretter tout le travail inutile que cela nous a coûté: nous l’avons supporté avec humilité. Il s’agit plutôt de la déception de beaucoup d’enseignants qui se sont mis au travail, qui ont organisé ces processus, qui les ont adaptés à la situation de leur école. Il s’agit des parents qui ont cru que les nouveaux concepts profiteraient à leurs enfants. Il s’agit des enfants qui ont été le jouet d’expérimentations à caractère politique. Il s’agit toujours des hommes, il s’agit de confiance!»

Extrait d’un communiqué de presse non daté du VBE intitulé «Wo Milch und Honig fliessen»