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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°28, 9 juillet 2012  >  La dictature bureaucratique de l’UE n’est pas sans alternatives [Imprimer]

La dictature bureaucratique de l’UE n’est pas sans alternatives

Un nouveau livre contre la folie de l’UE, de l’euro et du MES

km. On entend de nombreuses critiques, prononcées par des économistes et venant de toutes parts, à l’égard de l’union monétaire de l’Union européenne et de son projet d’euro. Il faut que tout un chacun les prenne au sérieux, étant donné que même l’administrateur de fortunes de la Deutsche Bank – cité par le journal «Frankfurter Allgemeine Zeitung» le 20 juin – s’exprime ainsi: «L’effondrement de la zone euro est un scénario très probable.»
Mais on ne trouve que rarement une telle densité argumentative sur les plans juridique, économique et politique comme dans le nouveau recueil publié par la maison d’édition Kopp-Verlag,* intitulé «Gebt uns unsere D-Mark zurück! Fünf Experten beantworten die wichtigsten Fragen zum kommenden Staatsbankrott» [Rendez-nous notre D-Mark! Cinq spécialistes répondent aux principales questions concernant la faillite prévisible de l’Etat]. Alors que la deuxième partie du titre indique ce qui attend les pays de la zone euro – donc aussi l’Allemagne –, la première partie est une métaphore indiquant ce qui préoccupe politiquement les cinq auteurs: l’échec patent, couvrant tous les domaines vitaux, du supranationalisme ne pourra être surmonté que dans la mesure où on reviendra aux fondements d’une pensée politique éclairée, c’est-à-dire vers la communauté et vers des Etats dans lesquels c’est le peuple qui détient la souveraineté, à savoir de manière complète et indivisible. Il s’agit donc d’aller à l’encontre des profiteurs et des chantres de la mondialisation représentant la haute finance et issus de l’entourage d’individus comme Daniel Cohn-Bendit, Joseph Fischer, Bernard Kouchner et Tom Koenigs qui rêvent d’une «gouvernance» fondée sur le nihilisme et dans l’absence de légitimation, soit de grandes gueules sans attaches avec le prototype UE – sur le dos et au détriment des acquis de la culture européenne et des Lumières, c’est-à-dire des droits des citoyens.
De ce fait, tant l’Union européenne que l’union monétaire que l’euro, ainsi que toutes les mesures de sauvetage actuelles de l’euro et les efforts de centralisation sont absolument sur la fausse voie.
Une prise de position nette est d’autant plus importante face aux forces décrites ci-dessus qui mettent tout en œuvre pour atteindre leurs objectifs de politique d’hégémonie. Tous les auteurs du livre – Karl Albrecht Schachtschneider, Wilhelm Hankel, Bruno Bandulet, Udo Ulfkotte et Bernd-Thomas Ramb – démontrent parfaitement que ces paroles claires et nettes ont leur place.
Nous citons ici l’un d’eux, Karl Albrecht Schachtschneider, avec plus de détails. Il dénonce les événements comme étant un «coup d’Etat» et démontre que la politique allemande dans le cas de l’UE, et notamment en ce qui concerne la politique monétaire, est contraire à la loi, une atteinte à la liberté et à la démocratie et une catastrophe économique.
Quel est, selon Schachtschneider, le réel objectif de cette politique? «L’Etat d’Europe (les Etats-Unis d’Europe) est depuis le début de l’intégration européenne le but suprême. […] Pour réaliser ce projet, il faut détruire la nationalité et la souveraineté des peuples du continent. Le résultat ne doit même pas se traduire par un Etat fédéral européen, mais bien par un Etat centralisé qui deviendra, faute de structures démocratiques et de droit public, une dictature bureaucratique, menée par une élite de l’économie, de la politique et des médias.»
Malheureusement la plupart des représentants des partis au Bundestag se contentent de suivre. «Le Parlement a cessé depuis belle lurette de défendre le bien-être du peuple allemand, préférant mener une politique internationaliste et européiste qui va à l’encontre des intérêts d’une grande partie des Allemands, particulièrement des gens aux moyens d’existence réduits.»
De nouveaux «droits» pour le Bundestag ne permettent guère de s’attendre à une autre politique. Cela d’autant plus que Schachtschneider exprime quelque scepticisme à l’égard du rôle joué par le Tribunal constitutionnel suprême. «Le Tribunal constitutionnel suprême n’est pas (ou plus) un havre du droit […]. Les citoyens sont traités […] tels des sujets qui doivent subir sans broncher toute politique de la classe politique, dont font partie les juges de ce Tribunal, si désastreuse soit-elle.»
Ainsi Schachtschneider décrit les dirigeants politiques comme étant «largement manipulés par la grande industrie et la haute finance».
En fait, quel est l’arrière-plan économique de la politique de l’UE? «Le capitalisme international, qui de toute façon ne supporte pas le principe démocratique, a offert aux tenants de capitaux et à leurs administrateurs des gains pharamineux sur le dos des populations. En gonflant le volume monétaire par le crédit, les marchés financiers se sont trouvés en surcapacité et favorisent maintenant l’inflation. On a perdu le contact avec l’économie réelle. Les rémunérations des dirigeants d’entreprises, les boni et les provisions grimpent de façon scandaleuse. Les rendements ne correspondent pas à la production des biens. L’effondrement des marchés de capitaux, qui se nourrissent des intérêts et de l’attente d’intérêts toujours plus élevés, est inéluctable.»
Selon Schachtschneider, les fameuses mesures de sauvetage pour empêcher l’effondrement des marchés de capitaux sont inacceptables: «Cet effondrement au détriment des populations qu’on cherche à reporter, est tout autant immoral du fait que cela ne fait qu’augmenter les risques. La classe politique commet une profonde injustice et remet en cause, par son attitude corrompue, non seulement la stabilité économique, mais aussi la stabilité politique des Républiques.»
Schachtschneider émet des critiques envers l’UE et sa façon de traiter certains pays, comme la Grèce: «[…] la mise sous tutelle, au travers de l’union financière, des pays subventionnés est incompatible avec la souveraineté et la liberté de ces peuples. […] Etre souverain, c’est être libre. Il n’y a aucune raison économique qui permette d’écarter la liberté. Il n’y en a pas non plus de politique. La politique n’a qu’une raison d’être: administrer la justice et par conséquent la liberté.»
Que faut-il savoir des résultats de la politique de l’UE et de l’avenir de cette dernière? «Cette politique conduira à l’appauvrissement d’une grande partie des Allemands, mais aussi d’autres peuples. Elle peut provoquer des soulèvements qui finiront dans des bouleversements, voire dans une révolution. Cette dernière, en dernier recours pour retrouver la liberté, serait la fin de l’Union européenne. Quant au bouleversement, il ne ferait que renforcer la dictature bureaucratique.»
Selon Schachtschneider, une «révolution» serait une résistance politique dans le cadre de la Loi fondamentale allemande. Il en appelle à la lutte politique non violente, en faveur de la Loi fondamentale: «Ou bien nous sommes dirigés par les lois des marchés financiers internationaux, qui ne connaissent que l’avidité, ou bien nous dirigeons notre vie selon notre Loi fondamenale, une Constitution, qui garantit la liberté, le droit et l’Etat. C’est cette contradiction qui définit la situation politique actuelle.»
De quel côté les grands médias se positionneront-ils au cours de cette lutte? Du côté des citoyens? Schachtschneider reste sceptique en ce qui concerne les médias allemands les plus importants: «La politique imprimée par les idéologies internationalistes est propagée sans relâche par des médias dépendant de l’oligarchie et de l’économie.» Tout ceci nous amène vers un deuxième livre,** récemment publié par les Editions Kopp, qu’il vaut la peine de lire et que nous promettons de présenter dans nos pages. Il s’agit du livre d’Eva Hermann «Das Medienkartell. Wie wir täglich getäuscht werden» [Le cartel des médias. Ou comment on nous trompe quotidiennement].    •

*    Bruno Bandulet, Wilhelm Hankel, Bernd-Thomas Ramb, Karl Albrecht Schachtschneider, Udo Ulfkotte: «Gebt uns unsere D-Mark zurück. Fünf Experten beantworten die wichtigsten Fragen zum kommenden Staatsbankrott», 2012, ISBN 978-3-86445-035-8
**    Eva Hermann: «Das Medienkartell. Wie wir täglich getäuscht werden», 2012, ISBN 978-3-86445-030-3