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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°37, 19 septembre 2011  >  Goethe monterait sur les barricades aujourd'hui [Imprimer]

Mais qu’est-ce que nous faisons de nos riches et puissants qui se sont rendus coupables, eux-aussi, et qui ne sont pas moins aliénés socialement? Peu de jours seulement avant que les émeutes n’éclatent, c’étaient nos hommes politiques, notre police et notre presse que nous voulions clouer au pilori.  

John le Carré

Goethe monterait sur les barricades aujourd’hui

par John le Carré

John le Carré: L’un des écrivains de langue anglaise les plus connus entretient une histoire d’amour avec la langue allemande. Il nous raconte comment cela est arrivé et pourquoi une citation du «Faust» figure sur son blaireau à raser et ce que la maladie anglaise entraîne avec elle pour toute l’Europe.

Avec la plupart des histoires d’amour, malheureusement, il en est ainsi: le happy end arrive plutôt au début et non pas à la fin où il serait beaucoup mieux placé. Dans ma relation avec l’Allemagne, cependant le happy end arrive exactement au bon moment. Aujourd’hui. Ici. A Weimar. La relation se présentait plutôt sous un mauvais jour, ce qui est peut-être la raison pour laquelle elle dure toujours.

J’avais sept ans quand on nous appela mon frère et moi, à rentrer du terrain de tennis qui était situé dans le jardin de mon grand-père pour écouter Neville Chamberlain. Chamberlain nous apprit, sur un ton convenable d’une histoire pour s’endormir, que la Grande-Bretagne se trouvait en guerre avec l’Allemagne. Je me souviens du silence pesant qui tomba sur ma famille. Je me souviens des mains qu’on porta à la bouche par stupéfaction. Après une petite pause, ma tante demanda à mon grand-père, qui savait toujours tout, où se trouverait le champ de bataille. Sans hésitation il montra du doigt le terrain de tennis où mon frère et moi nous venions de jouer: «Oui, peut-être là, dehors», dit-il. Dès ce moment-là, mon frère et moi nous nous tînmes à distance du terrain de tennis. Une décision sage, car, peu de temps après, ce terrain de tennis fut changé en un tas de ruines par l’armée de l’air hitlérienne.

Le terrain de cricket de mon collège fut la victime d’une autre attaque menée contre les établissements sportifs anglais. Nous autres garçons fûmes bien étonnés d’une telle précision diabolique. Quel espion parmi nous avait bien pu mener le pilote à cet endroit sacré? L’ombre du soupçon tomba sur un garçon après l’autre. Comme tous les enfants de la guerre, nous attrapâmes l’angoisse qui nous entourait et nous nous l’appropriâmes. La plus grande menace, nous mettait-on en garde, venait des parachutistes allemands qui se déguisaient en bonnes sœurs. Ainsi, encore longtemps après la fin de la guerre, je ne pouvais pas regarder une bonne sœur sans craindre qu’un parachutiste se cache derrière.

La seconde âme dans le cœur allemand

Tous les honneurs reviennent à un professeur d’anglais, nommé «King» au collège suivant, qui avait combattu les Allemands par tous les moyens. Pourtant cet homme nous apprenait une toute autre Allemagne qui valait d’être découverte. Une Allemagne que nous pouvions respecter et admirer. Une Allemagne qui n’avait pas détruit et qui n’avait pas été détruite non plus. Mieux encore: Mr. King connaissait une autre langue allemande. Pas ces aboiements des démagogues ou de la bureaucratie des nouvelles et des films de propagande qui nous avaient accompagnés pendant notre jeunesse. Mais une langue qui devenait, entre les bonnes mains, aussi douce, aussi expressive, transformable, spirituelle et belle que la langue anglaise. Et cette autre langue, nous expliquait-il, représentait cette seconde âme dans le cœur allemand.

Et comme mon enfance anglaise n’avait pas été très réjouissante, je décidai, un peu tard, mais quand même, de m’en procurer une allemande. Je réussis, en quelques années seulement, à me gagner comme compagnons secrets: Mörike, Goethe, E.T.A. Hoffmann, Droste-Hülshoff, Morgenstern, Storm, Fontane, et même Heine.

L’enfance est, comme nous le savons tous, le silo à céréales avec lequel un écrivain, quand il est adulte, cuit son pain. Dès le jour où un écrivain arrête d’écouter l’enfant en lui, il appartient à l’ennemi. Durant les derniers 65 ans, l’enfant allemand en moi a toujours été impétueux et bruyant, même si j’avais voulu, de temps à autre, l’étrangler avec un coussin.

Quand, à l’âge de seize ans, je me révoltai contre mon éducation ou non-éducation anglaise, il m’était tout naturel de le faire en allemand et alors – quatre ans après la fin de la guerre – je me réfugiai à l’Université de Berne. Là, je choisis l’aimable professeur Fritz Strich comme successeur du paternel Mr. King. Dans les conférences de Strich, il était de loin beaucoup plus digne d’être un abruti en allemand qu’en anglais.

La main de Thomas Mann

C’est vraisemblablement grâce à Strich que depuis 65 ans je cherche en vain à comprendre la deuxième partie du «Faust». Pourtant, ma deuxième famille intérieure allemande a grandi sous la douce direction de Strich. Et si je montrais quelques faiblesses avec ­Shakespeare, j’avais Lessing, Schiller, Hebbel et Grillparzer pour me rattraper, sans parler de Gryphius et de Lohen­stein. Au lieu de Keats et Shelley, j’avais Hölderlin et Novalis; et pour ma rage j’avais le «Lenz» de Büchner. Et pour mes heures les plus sombres: Kleist. Et, grâce à Dieu, avant d’éteindre le soir: Tucholsky.

Et c’est aussi à Berne que l’étreinte avec la muse allemande devint physique. J’ai serré la main à Thomas Mann. C’était en 1949, le bicentenaire de l’anniversaire de Goethe approchait. Thomas Mann était en chemin pour Francfort pour y recevoir le prix Goethe dans le cadre d’un retour à la patrie lourd de sens. Et depuis Francfort, il fallait continuer pour Munich et puis Weimar, où Mann fut nommé citoyen d’honneur. A cette occasion, il prononça son discours souvent cité depuis, où il plaçait le communisme plus haut que le nazisme. Son voyage était déjà assombri par des disputes sauvages – de nature politique et religieuse. Les anticommunistes sages se demandèrent si Thomas, à la fin, était de gauche comme son frère Heinrich.

En Amérique, cette ambiance anticommuniste était arrivée à son comble. Et Thomas Mann était citoyen américain. Ici, en Allemagne, on venait de contraindre les Russes à mettre fin au blocus de Berlin. La guerre froide devenait plus chaude chaque jour. De voyager à Weimar, sur cet arrière-fond, demandait une grande force de caractère. Peut-être que Thomas Mann regarda son intervention à Berne comme une sorte d’entraînement.

Berne, en été 1949

Berne, été 1949: le grand auditoire du Casino était plein jusqu’au plafond. Un tonnerre d’applaudissements salue l’apparition de Thomas Mann. Pourtant, en plein discours, un groupe d’étudiants suisses grossiers – vraisemblablement ivres – poussait des huées de mécontentement: ◊ «Tu n’as pas honte, Thomas? Tu es anglicisé.»

Avec un autre camarade allemand, j’attendais la fin du discours avec impatience pour rendre visite à Thomas Mann dans son vestiaire – fermement décidé à demander pardon pour nos collègues mal élevés. Nous frappons à la porte. Mann lui-même nous ouvre et nous regarde fixement. Il est très grand, porte une chemise blanche et des bretelles noires. «Qu’est-ce qu’il y a?», nous réprimande-t-il avec toute la sévérité d’un patriarche de Lübeck. «Je suis venu vous serrer la main», bégayai-je. «La voilà», répondit-il.

Thomas Mann et moi, nous nous serrons la main. Il nous ferme doucement la porte au nez et disparaît.

Quand je commence à retracer mon propre modeste voyage, ici à Weimar, quand j’essaie de rendre par des mots ce que je dois à la culture allemande – je me rends compte de l’ampleur de son influence sur ma vie et mon travail.

Je ne suis en retard sur personne quant à l’amour de ma langue maternelle, les monosyllabes anglo-saxons, délibérément que Goethe appelait les «queues de rats des prépositions allemandes». Pourtant mon censeur intérieur reste un maniaque allemand grincheux à la cinquantaine au col amidonné et à la plume derrière l’oreille. Je n’écris aucune ligne sans me demander, même de manière subliminale, si je remplis bien le devoir sacré d’un poète: le devoir d’amuser et d’informer, mais aussi d’élever.

La vivacité et la diversité de la littérature allemande à l’époque de sa prospérité n’arrêtent pas d’être motivation et frein en même temps pour moi. Dans la fournaise de ses excès, le cri de la mesure ou de la «maze», comme disent les médiévistes, n’arrête pas de résonner, et du fouillis du Sturm und Drang sort l’appel pressant de Winckelmann à «une noble simplicité et une grandeur tranquille».

Comme jeune diplomate à Bonn

Un jour, mon épouse m’offrit un blaireau à raser où était gravé: «Actif pour créer librement». Je pense que la citation provient du «Faust», même si je ne l’ai jamais vérifié. Elle aurait pu choisir «Toujours tendre au but» ou même «Les dieux eux-mêmes combattent en vain la bêtise», ce qui n’aurait pas aidé à m’envoyer à mon bureau.

Etre jeune diplomate à Bonn, dans les années soixante, signifiait partager chaque jour les espoirs, les angoisses et les douleurs de l’Allemagne. La politique des Alliés n’avait presque pas changé depuis 1948: Keep the Russians out, the Americans in and the Germans down. Mais cette stratégie avait complètement échoué avant 1960 déjà et le fracas des questions laissées sans réponses était assourdissant.

La présence des anciens nazis dans l’industrie, la politique et la finance était difficile à supporter et le sang n’avait pas besoin d’être jeune pour bouillir. Les critiques les plus acharnées émanaient de notre propre génération et personne n’était aussi fâché que mon ami Johannes Ullrich, savant, humoriste et grand amateur de Bach, de Potsdam et de Bourgogne rouge. Avant 1945, Johannes avait été curateur des archives politiques de la Wilhelmstrasse. Il avait refusé trois fois, quand il était archiviste du ministère des Affaires étrangères, d’adhérer à la NSDAP qu’il détestait ouvertement. C’est pour cette raison-là qu’il était en 1945 toujours un modeste archiviste.

Quand on lui apprit que les Russes étaient devant Berlin, il chargea ses archives impériales bien-aimées dans une brouette, se baissa pour éviter les bombes et le feu des pistolets, l’enterra et marqua l’endroit dans sa mémoire. Peu après, les Russes l’emprisonnèrent et lui firent passer onze ans épouvantables, dont la moitié à l’isolement. Quand il fut enfin libéré, il rentra à Bonn. Sous sa direction, les archives impériales furent sorties de leur cachette. Tout de suite Johannes fut réintégré au sein du ministère des Affaires étrangères.

Mais il ne fit plus la paix avec le ministère des Affaires étrangères. Quand il feuilleta la liste téléphonique, il y trouva beaucoup de noms qu’il avait connus dans le passé dont beaucoup avaient même été promus. Il prit donc le téléphone interne, les appela l’un après l’autre et aboya dans son meilleur langage prussien: «Heil Hitler! Ici Ullrich! Je me fais porter rentrant!» Ne me racontez pas que les Allemands n’ont pas le sens de l’humour.

Maintenant, tout cela est passé. J’avais sept ans quand la guerre éclata. Ce n’était pas moi qui l’avais commencée et ce n’était pas vous qui aviez bombardé le jardin de mon grand-père.

Souvenir de «Broken Britain»

Nous nous rassemblons ici pour fêter l’anniversaire de Goethe comme citoyens de la republic of letters, de la république littéraire. Les poètes et compositeurs qui ont illuminé cet endroit de leur génie n’étaient pas tolérants. Ce n’étaient pas des suiveurs. They were people of fire. Et c’est pour cela que nous les aimons. Nous aimons leurs attaques contre l’hypocrisie et la tartufferie. Et contre l’abus du pouvoir. Ils étaient justes et vexés et ils avaient, Dieu merci, aussi des faiblesses humaines. Qu’en est-il advenu de leur fureur? L’a-t-on héritée? Ou est-ce que, en les vénérant, nous leur avons retiré l’épine? Est-ce que l’esprit de Friedrich Schiller se promène paisiblement dans ce lieu? Est-ce que Goethe se féliciterait lui-même d’avoir prédit de façon précise – dans la deuxième partie du «Faust», que je ne comprends toujours pas – l’écroulement du système monétaire? Ces pauvres retraités Philemon et Baucis, victimes de l’effondrement de Lehman Brothers.

Est-ce que Goethe, l’auteur des «Affinités électives», protesterait contre la folie de l’extension sans limites dans un monde aux ressources limitées? Est-ce que Edouard et Ottilie seraient à la tête de la marche des Verts? Comment Schiller regarderait-il la perte des droits démocratiques que nous devons à nos maîtres de Bruxelles non-élus et aux trusts multinationaux sans patrie? Ou est-ce que Schiller – quelle idée affreuse – devrait constater après un coup d’œil à la télé, que nos passions matérialistes sont si insatiables qu’il n’y a pour lui qu’une seule issue: chercher un poste dans la branche IT – comme tout le reste du monde.

Pour ce discours, j’avais souhaité un happy end. Mais les événements les plus récents dans mon pays l’ont rendu impossible. Pendant que je vous parle ici, le «Broken Britain», comme nous nous appelons nous-mêmes en ce moment, lutte contre une douzaine de maladies: la rage des expropriés, la haine des races, l’immigration, le clivage obscène et toujours grandissant entre les pauvres et les riches, le dégoût public face à l’influence des barons de la presse, la corruption visible de certains hommes politiques et de la police, et un secteur de la finance qui s’esquive en emportant nos subventions et en tournant implacablement le dos aux patients souffrants dans les hôpitaux. Résumé: a moral vacuum, un vide moral.

Une réponse chez Tucholsky

C’est un tas de pilules amères à avaler en une seule fois. Mais peut-être que vous reconnaissez quelques-uns des symptômes? Nos pauvres devront certainement payer un prix pour leurs pillages et la destruction des affaires qu’ils ne pouvaient pas se payer. Et pour leur aliénation sociale. Et ce n’est que juste.

Mais qu’est-ce que nous faisons de nos riches et puissants qui se sont rendus coupables, eux-aussi, et qui ne sont pas moins aliénés socialement? Peu de jours seulement avant que les émeutes n’éclatent, c’étaient nos hommes politiques, notre police et notre presse que nous voulions clouer au pilori. En politique, une semaine peut être très longue.

Dans notre confusion, nous devrions peut-être nous adresser à Tucholsky. Pas seulement parce qu’il a donné sa réponse en anglais: «L’état de la morale humaine entière se laisse résumer en deux phrases: We ought to. But we don’t.»

L’Europe se retrouve – et ce n’est pas pour la première fois – dans un désordre affreux. Tout à fait comme les trois quarts du monde. La Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France, la Pologne – chaque pays représenté sur cette scène – a des problèmes sociaux et économiques gigantesques. Historiquement, l’Europe est habituée à se mêler de tout. Aujourd’hui, nous devons nous contenter de jouer le rôle d’observateurs des événements du monde entier. Sans aucun espoir de pouvoir les contrôler. Once, Europe happened to the world. Now, the world is happening to us.

C’est une sensation nouvelle, pas très agréable. Jamais auparavant, les membres de la famille européenne n’ont eu autant besoin les uns des autres. Et jamais auparavant ils n’ont eu autant besoin de la nouvelle Allemagne. Aujourd’hui, rassemblés dans votre magnifique capitale culturelle, nous pouvons tous fêter cela.            •

Source: www.goethe.de
Discours officiel de David Cornwell alias John le Carré à l’occasion de l’attribution de la médaille Goethe, prononcé le 28 août 2011.

(Traduction Horizons et débats)

Clarke promet des changements dans l’exécution des peines

Le ministre britannique de la Justice: Bilan effroyable – les casseurs sont issus d’une «classe populaire brutale»

Kenneth Clarke, ministre britannique de la Justice considéré comme libéral, s’est prononcé sur les émeutes survenues à Londres: Trois quarts des adolescents et adultes condamnés pour incendie criminel, pillage et recel étaient déjà entrés en conflit avec la loi auparavant. La réinsertion des délinquants n’a manifestement guère fonctionné en Angleterre; le bilan est «franchement effroyable». Clarke a promis «des changements radicaux» pour faire baisser le taux de récidive des délinquants; les prisonniers doivent pouvoir «effectuer un travail dur et productif en détention», il faut mieux interdire le trafic et la consommation de stupéfiants, les membres des organismes de probation qui aident les délinquants à se réinsérer à leur sortie de prison, devront à l’avenir être rémunérés au mérite par l’Etat.

Les mois précédant les émeutes, Clarke avait encore défendu comme objectif prioritaire de sa politique judiciaire le projet d’accorder des réductions de peine allant jusqu’à 50% aux délinquants qui passaient aux aveux, cela pour faire des économies dans le système d’exécution des peines.

Clarke affirme maintenant que les peines sévères sont «dans l’ensemble appropriées pour les casseurs et les pillards visés par la critique en Grande-Bretagne. Mais il reconnaît implicitement qu’on ne peut pas combattre les causes des émeutes au moyen de la sévérité des peines. En effet, le noyau dur des émeutiers est issu «d’une classe populaire brutale détachée de la majorité de la société à tous égards, sauf pour le matérialisme». Les responsables de ces actes sont en grande majorité des individus ou des familles qui ont déjà eu à faire avec la justice, mais qui n’ont rien appris de leurs peines antérieures.

Il ne suffit pas de punir, précise Clarke dans un article du quotidien «The Guardian». La solution classique n’a pas changé: faire des individus des membres utiles à la société. Il faut donc des emplois, des familles fortes, une éducation solide et le sens des valeurs générales de la société. Le gouvernement devrait donc accélérer ses projets dans les domaines de l’éducation et de la politique familiale.

Source: Frankfurter Allgemeine Zeitung du 7/9/11 (Traduction Horizons et débats)

John le Carré et l’Allemagne

John le Carré est le pseudonyme de David John Moore Cornwell, qui est né en 1931 à Poole (Royaume-Uni). Il a étudié les langues modernes et la littérature allemande à l’Université de Berne. Il a terminé ses études à Oxford. Dans les années 1950, il a été professeur à Eton. Après son service militaire, qu’il a effectué dans le Service de renseignements de l’Armée à Vienne, il est entré dans le corps diplomatique et a été envoyé à l’ambassade britannique de Bonn.

En 1960, il a publié son premier roman, «Call for the Dead» (L’appel du mort). Son troisième roman, «L’espion qui venait du froid» (1963), a été un succès mondial qui lui a permis de quitter le corps diplomatique et d’entrer désormais dans le monde des Services secrets … en imagination. Ses œuvres les plus importantes, dont la plupart ont été portées à l’écran, sont «Une petite ville en Allemagne» (1968), «Comme un collégien» (1977), «La Taupe» (1979), «La Maison Russie» (1989), «La Constance du jardinier» (2001) et «Un homme très recherché» (2008). Son dernier roman est intitulé «Un traitre à notre goût» (2011).

John le Carré a tenu le discours publié ci-contre le 28 août 2011 à Weimar à l’occasion de la réception de la Médaille Goethe. Une fois par an, cette décoration est remise par le Goethe-Institut à des personnalités étrangères qui se sont engagées de manière remarquable en faveur de la langue allemande et des échanges culturels internationaux.