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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°28, 16 septembre 2013  >  Association «Kindernothilfe» – l’aide à l’auto-assistance sur une base oecuménique [Imprimer]

Association «Kindernothilfe» – l’aide à l’auto-assistance sur une base œcuménique

Interview de Mieke Eberhardt, directrice de l’association suisse «Kindernothilfe»

La «Kindernothilfe», une institution salutaire, a été fondée en 1959 à Duisburg. La «Kindernothilfe» suisse existe depuis 2004. Dans son courrier d’appel à la générosité, est joint un petit recueil de berceuses «Schlaflieder zum Vorsingen».

Horizons et débats: Dans l’avant-propos de votre recueil des berceuses, vous vous engagez pour qu’il y ait un «droit au sommeil paisible» pour tous les enfants. Pourquoi avez-vous choisi des berceuses pour ce recueil?

Mieke Eberhardt: Les parents d'ici veulent et peuvent protéger leurs enfants. Le fait de les bercer pour qu’ils puissent se calmer et s’endormir en toute sécurité en fait partie. Chaque mère, chaque père connaît cela. Dans nos projets, nous avons des enfants qui appartiennent aux plus pauvres parmi les pauvres. Ce sont des enfants qui sont obligés de vivre au-dessous du seuil de pauvreté. Ces enfants n’ont vraiment que le nécessaire. Ils n’ont pas chaque jour un ou deux repas, ils ne peuvent pas aller à l’école, ils sont exposés à divers dangers, ils vivent dans la rue. Les enfants dans nos projets ne sont ni choyés ni protégés. Nous voulons créer un lien: nous allons bien, nous pouvons beaucoup offrir à nos enfants. Mais ce n’est pas le cas pour tous les enfants.
Lors de la sélection des chansons, nous avons choisi des berceuses dans lesquelles les gens se reconnaissent: des chansons suisses, de belles chansons.

Pouvez-vous nous raconter un peu l’histoire de cette organisation?

La «Kindernothilfe» a été fondée en Allemagne par des chrétiens réformés. Les premiers projets ont été accomplis en Inde, il y avait une grande détresse. Je me souviens, dans les années 60, l’Eglise catholique transmettaient des parrainages pour les enfants indiens avec des petites photos. C’est en fait la même idée, c’est ainsi que la «Kindernothilfe» a travaillé, mais par l’intermédiaire de l’Eglise réformée. On a offert des parrainages pour les enfants et investi ensuite l’argent dans des projets. Ce sont les débuts de cette association. De là, elle s’est développée ces 50 dernières années vers une des plus grandes organisations humanitaires pour les enfants. Au début, on était surtout en Inde. Maintenant, on réalise des projets dans 30 pays, actuellement il y en a 945. Dans les années 90, notre approche a continué à se développer. Nous nous appuyons davantage sur les droits de l’enfant et la Convention des droits de l’enfant de l’ONU comme base pour notre travail dans les divers pays. Puis, on a choisi une nouvelle approche. Autrefois, on a principalement soutenu un enfant par le biais d’un parrainage. Cet enfant pouvait aller peut-être dans un orphelinat ou dans une «boarding school», ce qui a été soutenu financièrement. Après l’école, on a peut-être financé aussi une formation ou une formation continue.
Nous avons appris avec le temps qu’ainsi, des dépendances se formaient. De plus, on n’encourageait de cette façon qu’un seul enfant et quand il ne retournait plus au village et qu’il faisait autre chose, on l’a certes encouragé, mais on a trop peu soutenu la communauté. Cette aide ne suffisait pas, elle était trop ponctuelle.

Que comprend cette nouvelle approche de projet?

Nous avons alors développé un nouveau prototype: des groupes d’auto-assistance à plusieurs niveaux. Il y a 15 ans, nous avons commencé avec ces groupes en Inde. Les groupes d’auto-assistance fonctionnent comme d’autres groupes d’auto-assistance aussi. On cherche dans les villages 10 à 15 adultes, la plupart du temps des femmes. On les réunit, elles se rencontrent une fois par semaine et elles font elles-mêmes des économies. C’est la différence. Elles ne reçoivent pas d'argent de l’extérieur, mais elles font des économies, même les plus pauvres. Quand elles ont mis de côté de l’argent après quelques semaines, alors elles le mettent à disposition en tant que microcrédit au sein de leur groupe. D’une part, les économies augmentent, et avec les intérêts, le capital du groupe augmente aussi. En général, un an plus tard, les femmes qui vivaient auparavant au-dessous du seuil de pauvreté, se retrouvent au-dessus.

Cela veut dire qu’elles doivent puiser d’abord dans leurs propres réserves. Donc, le peu qu’elles possèdent, elles le mettent en commun.

C’est peut-être une cigarette de moins. C’est peut-être quelque chose qu’elles ne peuvent pas se payer. Cela correspond à 5 centimes chez nous. Cependant, si 15 ou 20 femmes donnent chaque semaine 5 centimes, alors elles ont ainsi un franc. Après 6 à 7 semaines, elles ont 7 francs. Et 7 francs, c’est déjà pas mal. On peut entreprendre quelque chose avec cela.

Comment arrivez-vous à convaincre les femmes dans ces pays pauvres?

La «Kindernothilfe» a toujours un partenaire sur place qui connaît la communauté villageoise. Ces gens vont voir ces femmes, frappent à leur porte et demandent: «Voulez-vous participer à un groupe d’auto-assistance?» Ainsi, on fonde un groupe de 15 à 20 femmes. Le partenaire engage un médiateur ou une médiatrice; cette personne se retrouve une fois par semaine avec les femmes et les instruit. Elle leur explique comment on tient les comptes, comment on ouvre un compte et comment on dirige une rencontre. Chaque semaine, les autres femmes dirigent la séance chacune à son tour, cela donne de la confiance en soi. Parfois, le médiateur organise aussi des cours de lecture et d’écriture. Les femmes développent de petites idées en affaires et le médiateur les soutient lors de la réalisation. Ainsi, une femme achète peut-être du sucre en gros et le revend au détail. Elle réalise ainsi un petit gain, elle peut rembourser le crédit et en prendre un autre. Peut-être qu’elle se procure des poules. Elle apprend dans le groupe d’auto-assistance comment elle peut le mieux s’occuper de ses poules pour qu’elles produisent davantage. Ou bien quelqu’un installe une station d’alimentation pour les portables fonctionnant à l’énergie solaire. En tout cas, ce sont des femmes qui font part de leurs idées et qui les mettent en pratique. C’est ainsi que commencent les groupes d’auto-assistance. Le profit se situe à différents niveaux; d’un côté, il y a les relations sociales: les femmes ne sont plus seules. La pauvreté isole et les femmes, les familles sont très seules, si elles n’ont pas d’argent. Elles apprennent dans le groupe d’auto-assistance qu’elles ne sont pas seules, que d’autres sont dans la même situation. Elles apprennent à échanger et à se soutenir mutuellement. Le deuxième profit est de nature économique: grâce à l’argent que les femmes épargnent et la transmission de micro-crédits, elles parviennent rapidement au-dessus du seuil national de pauvreté. La prochaine étape assez classique est de s’associer à d’autres groupements. Si 10 ou 15 groupes d’auto-assistance existent, alors 150 à 200 femmes se retrouvent déjà et notre partenaire fonde une association qu’on appelle «cluster», c’est-à-dire une association de ces groupes d’auto-assistance. Les femmes envoient deux délégués par groupe dans cette association «cluster». Celle-ci n’épargne plus elle-même, cependant elle peut faire des affaires, et avant tout les femmes regardent quels thèmes elles veulent aborder au niveau communal. Peut-être qu’elles ont besoin d’un pont au-dessus du fleuve, pour arriver plus rapidement au point d’eau, par exemple en une demi-heure au lieu d’une heure. Ou bien elles ont besoin d’un jardin d’enfants pour leur communauté, parce qu’il manque de place pour les petits dans le jardin d’enfants et ils sont désavantagés quand ils entrent à l’école. Ou bien elles aident une famille ayant un enfant handicapé, elles l’approvisionnent en aliments et s’assurent que l’enfant soit bien soutenu. Il y a peut-être aussi des ménages sans parents dans lesquels les enfants travaillent. Ceux-ci obtiennent alors régulièrement des aliments, afin qu’ils puissent aller à l’école. Il est important que les groupes d’auto-assistance décident eux-mêmes du lieu et de la manière dont ils veulent s’engager. Quand on a déjà cette association de groupes d’auto-assistance, alors il représente déjà un certain nombre de ménages. Les femmes ont alors une telle importance qu’elles peuvent atteindre quelque chose pour leur propre communauté auprès des institutions ou bien des dirigeants du village. Pour en rester à l’exemple du jardin d’enfants: les femmes se sont adressées aux responsables du village, suite à quoi elles ont obtenu un terrain et ont construit un jardin d’enfants. La commune a financé une partie, l’autre partie a été financée par le groupe d’auto-assistance et le tout construit par des bénévoles. L’activité du jardin d’enfants repose sous la responsabilité des membres du groupe, mais la commune apporte son soutien si nécessaire. Un autre exemple: si le groupe d’auto-assistance veut par exemple offrir un cours sur la planification familiale, la prévention du sida ou sur l’hygiène, l’association envoie une personne qui suit le cours.
Après 4 à 5 ans, quand il y a un certain nombre d’associations de groupes d’auto-assistance, alors on fonde une fédération. Ici aussi, des délégués, cette fois des associations, prennent place. Une fédération prend encore plus de responsabilité. Les groupes d’auto-assistance ont rassemblé tant d’expériences et de connaissances et se sont élevés économiquement à la force du poignet, qu’on peut maintenant les confier à eux-mêmes. Ils s’occupent eux-mêmes de la croissance continue et du développement du groupe d’auto-assistance et de leurs communautés.
En résumé, l’approche des groupes d’auto-assistance, signifie que l’on ne donne pas aux parents l’argent afin que les enfants puissent aller à l’école. Nous leur transmettons notre savoir, afin qu’ils puissent eux-mêmes gagner leur argent, pour payer les taxes scolaires, l’uniforme scolaire et les livres. Ainsi, ils ne deviennent pas dépendants des aides financières et ils développent davantage de confiance en eux-mêmes. Pour les parents, c’est plus satisfaisant de pouvoir financer quelque chose pour l’enfant que de recevoir de l’argent d’autrui pour envoyer l’enfant à l’école.
Nous sommes convaincus de pouvoir renforcer la société civile avec cette approche. Maintenant, il existe dans nombre de nos projets des groupes d’auto-assistance, que cela soit dans la région asiatique, en Afrique et nouvellement en Amérique centrale. Il en résulte que le nombre d’enfants qui profitent de notre travail a augmenté énormément. En 2012, 1,5 millions d’enfants ont bénéficié de nos projets. Ce chiffre ne contient pas seulement les participants des groupes d’auto-assistance, mais aussi les enfants de tous les 945 projets.

Avez-vous pu poursuivre le développement des groupes d’auto-assistance sur plusieurs années? Avez-vous là un exemple concret?

Au Rwanda, on poursuit cette approche depuis environ 10 ans. Les femmes gagnent assez en moins d’un an pour ne plus devoir vivre au-dessous du seuil de pauvreté. En 5 ans, elles peuvent obtenir un revenu annuel dix fois plus important. De plus, il faut ajouter que les enfants en profitent en premier. Ils ont deux repas par jour, ont accès à une meilleure prise en charge sanitaire de base, parce que les parents peuvent payer une assurance maladie et les envoyer régulièrement à l’école.

Aussi avec l’aide de l’autosuffisance? Parce qu’ils possèdent eux-mêmes de la terre et peuvent cultiver quelque chose … ?

Oui, ils vendent l’excédent. Le Rwanda est un petit pays qui produit beaucoup de denrées agricoles. On peut les vendre facilement. Les chemins sont plus courts et les villages ne sont plus aussi isolés, comme par exemple en Zambie, où l’on parcourt un chemin beaucoup plus long pour pouvoir vendre les marchandises. Au Rwanda, il y a aussi des hommes dans les groupes d’auto-assistance, pas seulement des femmes. Mais seulement un tiers d’hommes est permis, sinon cela «bascule».

Que voulez-vous dire par là?

La dynamique du groupe se transforme. C’est bien qu’il y ait des hommes dans le groupe, les femmes le confirment. Elles apprennent aussi à exprimer leur opinion devant eux. Cela les aide quand elles devront faire appel plus tard à l’ancien du village et qu’elles doivent parler devant les hommes. Il y a des travaux que ceux-ci peuvent mieux accomplir. Cependant, il ne doit pas y avoir trop d’hommes dans le groupe, car ils aspirent plutôt au succès financier à court terme, tandis que les femmes investissent leur gain pour les enfants, en les envoyant à l’école.

Dans vos principes, il est écrit que vous travaillez exclusivement avec des partenaires qui sont familiarisés avec les particularités culturelles des êtres humains et qui les respectent. Pourriez-vous ici décrire un exemple?

Voilà un tout petit exemple: dans un projet en Zambie, une famille reçoit un animal. Celui-ci a de la progéniture et il y a du lait qu’on peut vendre. Le jeune animal est donné à une autre famille du village. En Afrique, on cède des chèvres.
Je viens d’aller au Honduras, où l’on réalise un projet semblable. Mais les partenaires là-bas ont toujours parlé de vaches, pas de chèvres, bien que l’élevage de celles-ci soit meilleur marché.  
J’ai demandé pourquoi ils ne voulaient pas réaliser le projet avec les chèvres. Le partenaire a répondu que cela n’allait pas. Alors j’ai pris conscience qu’au Honduras, on ne voit presque jamais de chèvres. Là-bas, on voit plutôt des cochons, des poules ou des vaches. On veut et doit respecter ces différences. Nous impliquons les gens sur place dans la planification des projets et concrètement aussi les enfants. Nous demandons aux enfants ce dont ils ont besoin et comment on peut réaliser le projet. C’est important qu’on les écoute aussi, car ils peuvent vivre leur droit de participation à la société, afin qu’ils apprennent qu’ils en ont le droit. Beaucoup d’enfants ne savent même pas qu’ils possèdent des droits.

Probablement c’est la même chose pour les enfants que pour les femmes. Avec votre soutien, ils commencent à développer leurs propres forces?

Oui, ils apprennent la responsabilité et développent une confiance en soi. Reprenons l’exemple des groupes d’auto-assistance: on organise toujours plus de choses au sein des groupes, établis en général au niveau parental, également des groupes d’enfants. Les enfants se rencontrent une fois par semaine et discutent de choses qui leur sont importantes. Ils apprennent également qu’ils ont aussi le droit de jouer. J’ai observé un jeu: debout, les enfants forment un cercle et ils ont convenu quelque chose auparavant. L’un fait un petit signe et alors tous font par exemple les mêmes mouvements de mains, tout le groupe réagit à l’ordre d’une personne. Au milieu se trouve un enfant qui doit deviner qui a donné l’ordre.
Un jeu tout simple. J’ai demandé: «Pourquoi faites-vous ça?» Leur réponse: «Nous apprenons à être attentifs, nous apprenons à faire attention à ce qui se passe.» Et le plus important: on apprend à voir ce que l’autre fait, mais aussi à mettre la société au centre.

Pouvez-vous présenter un projet pour lequel vous récoltez des dons actuellement?

Peut-être le Honduras. Je viens d’aller là-bas et j’ai regardé le pays et le projet «Droits des enfants dans les bidonvilles». Le projet est en cours. Le Honduras appartient aux pays ayant un des taux de meurtres les plus élevés au monde.
L’Etat de droit ne fonctionne pas là-bas.
L’Amérique centrale est le corridor des drogues vers l’Amérique du Nord, qu’il s’agisse du Guatemala, du Honduras ou du Mexique. La propension à la violence est extrêmement élevée, ainsi que la criminalité due à la toxicomanie.
Notre projet se situe à San Pedro Sula, une ville de plusieurs millions d’habitants, avec un centre économique et elle se situe au bord de différents fleuves. Comme les territoires fluviaux sont des zones inondées, il y a normalement une interdiction de construire. Mais en 1998, après l’ouragan Mitch, d’innombrables personnes ont perdu leur subsistance à la campagne.
Le Honduras est un pays magnifique, vert, très vallonné, très montagneux, comme la Suisse. Les gens construisent en partie leurs maisons et leurs cabanes sur des pentes très raides. Si une forte pluie arrive, tout peut s’ébouler. Beaucoup de personnes ont déménagé en ville et se sont installées aux bords des fleuves. Maintenant, il existe 17 «bordos», c’est-à-dire des bidonvilles, aux bords de ces fleuves. Lors de pluies intenses, le risque d’inondation est toujours présent.
Dans ces 17 bordos vivent environ 30?000 familles. On leur promet depuis longtemps qu’elles seront déplacées. Mais elles ne le sont pas – parce que le gouvernement ne le veut ou ne le peut pas tout simplement, quelle que soit la raison.
Notre partenaire de projet réalise maintenant un projet dans 5 de ces bordos. Quand les adultes ont un emploi, ils vont travailler à l’extérieur, le taux de chômage est très élevé au Honduras. Les enfants vont en partie à l’école à l’extérieur de ces bordos, quand les parents peuvent payer les livres et l’uniforme scolaire.
Les enfants, qui ne vont pas à l’école, traînent toute la journée dans la rue. Les parents vont travailler et ferment leur maison pour qu’on ne vole rien. Donc les enfants sont toute la journée dans la rue.
J’ai parlé à un enfant de 11 ans. La mère travaille dans une pâtisserie à l’extérieur du bordos de 9 à 16 heures et elle ferme la maison le matin, quand elle part. Le garçon ne sait ni lire ni écrire. Il n’est jamais allé à l’école, parce que l’argent manque. Il traîne toute la journée dans la rue jusqu’à ce que sa mère revienne.
Dans la rue, il rencontre des jeunes de son âge, on regarde la télé quelque part, il y a de la drogue, ils sont recrutés par les marchands de drogues comme commissionnaires. Beaucoup sont tués.
Nous essayons, de donner aux enfants plus âgés, aux adolescents, un «vocational training», une sorte de formation professionnelle, afin qu’ils aient un métier et qu’ils puissent gagner de l’argent eux-mêmes. Nous voulons aussi leur montrer qu’il existe une autre vie à côté de la violence et de la drogue. Ils vont à des cours, à des groupes de jeunes, où on leur transmet des «life skills». Nous les soutenons pour qu’ils sortent de cette spirale vers le bas.

Comment faites-vous cela? Comment contactez-vous les adolescents?

Il est intéressant de savoir que ces bordos ont une certaine structure. Il y a une association, qui représente le bidonville à l’extérieur, et notre interlocuteur est notre partenaire.
On travaille avec eux. Nous offrons des cours et les enfants et les adolescents viennent. C’est bien sûr attractif quand on offre quelque chose. On joue par exemple avec eux. Le jeu permet toujours un accès aux enfants.
Nous essayons de créer des sources de revenus pour les adolescents. Ou bien nous essayons de les réintégrer à l’école. De plus, il s’agit aussi de la réduction de la violence, du machisme, des stratégies de résolution de conflits etc. …

Votre motivation et mission, c’est de permettre aux enfants de grandir sans peur, qu’ils soient pris au sérieux en tant qu’être humain. Vous apportez de l’aide d’urgence en cas de crises et de catastrophes.

L’aide humanitaire est un mot clé approprié. Bien sûr, en cas de catastrophe, il s’agit d’abord d’apporter de l’aide d’urgence sous forme de livraisons d’aliments. De plus, on ouvre des centres pour enfants. Les parents ont tant à faire pour assurer la survie qu’ils n’ont pas le temps de s’occuper de leurs enfants.
En plus, les enfants sont traumatisés par la catastrophe. Un accompagnement psychosocial manque. C’est pourquoi nous installons des centres pour enfants. Ici, il s’agit de constructions toutes simples, de tentes ou de cabanes que nous édifions. Les enfants se réunissent ici et peuvent jouer. En même temps, ils reçoivent un approvisionnement médical et de quoi manger. Des structures plus fixes se développent à partir de cet accompagnement psychosocial spontané. A Haïti par exemple, se développent à partir des centres pour enfants des écoles régulières.

Pour conclure, pourriez-vous nous expliquer pourquoi vous avez choisi une croix bleue comme emblème?

La «Kindernothilfe» a été fondée en Allemagne, par des chrétiens. La croix bleue est d’un côté le symbole chrétien, mais aussi en liaison avec la Croix-Rouge, l’organisation humanitaire connue dans le monde entier. C’est l’idée chrétienne d’assistance au sens œcuménique de la protection des enfants dans la détresse. C’est pourquoi le nom de «Kindernothilfe» apparaît comme 4e  barre de la croix.

Merci de cet entretien et tout de bon pour votre futur travail.    •

Pour de plus amples informations, veuillez consulter le site: www.kindernothilfe.ch 
Pour les dons: Kindernothilfe, Berner Kantonalbank, IBAN: CH75 0079 0016 5327 0003 5