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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°25, 27 juin 2011  >  Pour un monde plus digne [Imprimer]

Pour un monde plus digne

Le plus grand réseau humanitaire au monde

par Markus Mader, Directeur de la Croix-Rouge suisse*

Il n’est pratiquement pas un pays qui ne dispose de «sa» Croix-Rouge. Les 186 Société nationales s’engagent sur leur propre territoire, mais inter­viennent aussi partout dans le monde en cas de catastrophe.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), quant à lui, veille au respect du droit international humanitaire et assume de délicates missions dans le cadre des conflits armés.
C’est un réseau pour le moins impressionnant: sur 193 Etats, tous sauf sept disposent de leur Société nationale de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge. Chaque citoyen de la planète, même au Liechtenstein ou à Monaco, a donc «son» organisation nationale, elle-même affiliée à la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Celle-ci coordonne le travail de ses 186 membres, lesquels doivent respecter les sept Principes fondamentaux de la Croix- Rouge et poursuivent tous les mêmes objectifs prioritaires: protéger la vie, la santé et la dignité humaine, mais aussi atténuer la souffrance des personnes en détresse.
Il ne peut y avoir qu’une Société nationale de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge par pays, et elle doit être reconnue par le gouvernement. Etonnamment, chacun de ces relais étatiques est non seulement toléré, mais aussi officiellement reconnu même par des régimes instables et non démocratiques, qui le laissent travailler de manière autonome.
A l’image de la Croix-Rouge suisse (CRS), les Sociétés nationales se consacrent à la promotion de la santé dans leur pays, soutiennent les plus démunis et représentent de par leurs nombreuses prestations un recours indispensable pour les personnes en détresse. En cas de catastrophe, elles interviennent en mobilisant leurs nombreux bénévoles, comme récemment en Haïti et au Japon. Dotée d’un secteur «Gestion de catastrophes Suisse», la CRS dépêche également au besoin des équipes à l’étranger. Car en cas de crise, les Sociétés nationales de la Croix-Rouge doivent pouvoir compter les unes sur les autres et soutenir les pays durement éprouvés sans considération d’ordre religieux ou politique. Dans le cadre de la coopération au développement, nombre d’entre elles, issues d’économies fortes, s’engagent dans des pays pauvres, parfois sur le long terme. La CRS œuvre ainsi dans 26 pays en faveur de la prévention sanitaire et de l’accès aux soins médicaux de base.
Et le CICR dans tout cela? S’il a son siège à Genève, ville natale d’Henry Dunant, le Comité international de la Croix-Rouge n’est pour sa part lié à aucun Etat. Il a pour mission de veiller au respect des Conventions de Genève, donc du droit international humanitaire, partout dans le monde. Le CICR joue le rôle de médiateur entre les belligérants, protège les populations civiles, assure les soins aux blessés et visite prisonniers de guerre et détenus politiques. En tant que délégué du CICR, j’ai visité des centaines de prisonniers, souvent plusieurs fois, je les ai enregistrés, j’ai examiné leurs conditions de détention – et suis intervenu au besoin –, j’ai pris contact avec les familles et j’ai maintenu ce lien jusqu’à leur libération.
Il va de soi que, malgré leurs attributions différentes, les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et le CICR travaillent main dans la main dans les régions touchées simultanément par des catastrophes et des conflits. Je pense ici au Sri Lanka, où, après le tsunami, la CRS a pu profiter de la longue expérience du CICR dans le nord et l’est du pays, déchirés par la guerre. Ou encore à cette spécialiste du Service de recherches CRS, mise à la disposition du CICR au printemps à la frontière libyenne afin de l’aider à mettre en contact les milliers de réfugiés avec leurs proches. Car l’ensemble du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, soit aujourd’hui la plus grande organisation humanitaire au monde, poursuit bien les mêmes objectifs, basés sur la vision forgée par Henry Dunant il y a 150 ans.    •

Source: Humanité 2/2011, Magazine de la Croix-Rouge suisse

*Markus Mader, Directeur de la CRS, a été délégué du CICR au Sri Lanka, au Pérou, au Pakistan et en Afghanistan de 1990 à 1995.