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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°16, 21 avril 2008  >  Trouver une voie pour la coexistence [Imprimer]

Trouver une voie pour la coexistence

Interview d’Ana Pararajasingam

Début janvier, le gouvernement du Sri Lanka a résilié l’accord de cessez-le-feu de 2002 établi avec les Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul (LTTE) et a entamé une nouvelle offensive militaire. Horizons et débats a eu l’occasion de parler avec Ana Pararajasingam, le secrétaire de la Fédération australienne des associations tamoules, sur la situation actuelle au Sri Lanka.

Pourquoi le gouvernement du Sri Lanka a-t-il résilié cet accord?

Le président Rajapakse a été élu en promettant d’éliminer l’Etat tamoul de facto et il a exigé du régime au Sri Lanka de suivre la solution militaire. Par contre, le cessez-le-feu était l’obstacle proprement dit à celle-ci et c’est pourquoi il a été décidé de résilier l’accord de cessez-le-feu.

Mais n’était-ce pas ainsi auparavant, que les parties fassent la guerre avant même que Rajapakse ait résilié l’accord de cessez-le-feu? Pourquoi Rajapakse s’est-il décidé à agir maintenant?

Pour comprendre cela, nous devons rechercher la raison pour laquelle Rajapakse a fait croire que le cessez-le-feu était en vigueur. Je pense qu’il en était ainsi parce qu’il ne voulait mettre aucun des coprésidents du processus de paix dans l’embarras; en effet ceux-ci ont continué à livrer à Rajapakse du matériel malgré la guerre non déclarée et les rapports horribles sur la violation des droits de l’homme.
Lorsque Rajapakse a réalisé que ce prétexte pourrait être un obstacle à son gouvernement, il a décidé de le laisser tomber.

Comment la communauté internationale a-t-elle réagi?

L’acte a été critiqué sans restriction. Bien que cela ait été à prévoir, la résiliation unilatérale de l’accord du cessez-le-feu a signifié la guerre. Mais on n’a pas entrepris grand’chose pour juger Rajapakse. Par contre, on a essayé de diaboliser le LTTE pour le déposséder moralement de tout pouvoir.

Au moyen de quelles actions voulait-on diffamer le LTTE?

Je dirais qu’on voulait imputer principalement au LTTE le service militaire obligatoire au Sri Lanka et les exactions dans la diaspora. Une partie de cette action consistait également à répandre différentes histoires dans le monde médiatique occidental. Celles-ci ont servi à minimiser la critique contre le gouvernement, ce qui ainsi soutient le gouvernement sri-lankais, malgré les violations atroces des droits de l’homme et le retrait unilatéral de l’accord de cessez-le-feu.

Comment le peuple tamoul a-t-il réagi?

Le LTTE a réagi en exigeant que le cessez-le-feu soit entièrement appliqué; les Tamouls de la diaspora ont réclamé des mesures pour exercer une pression sur le régime sri-lankais afin qu’il renonce à l’option militaire.

Quelles mesures pourraient détourner le gouvernement sri-lankais de poursuivre l’action militaire?

Comme je l’ai déjà mentionné, la pression diplomatique pourrait détourner le gouvernement sri-lankais de poursuivre l’action militaire, de même que l’injonction de sanctions économiques et un embargo sur la vente d’équipements militaires. Mais le plus important, c’est de reconnaître le droit à l’indépendance du peuple tamoul et d’encourager la reprise des négociations sur la manière dont le Sri Lanka pourrait exister sous forme de deux Etats indépendants voisins.

De quelle manière ces mesures sont-elles applicables?

Comme l’ont montré les attaques militaires insensées, le conflit au Sri Lanka ne peut manifestement pas être résolu en anéantissant les Tamouls par la force militaire. Les tentatives de l’armée sri-lankaise de pénétrer les forteresses tamoules ont été vaines; plus de 50 000 troupes sri-lankaises ont été retenues à l’intérieur de la presqu’île de Jaffna et l’occupation de l’Est par le gouvernement, territoire occupé auparavant par les Tamouls, semble être très faible.
C’est pourquoi, la seule solution raison­nable pour les dirigeants sri-lankais et tamouls est de se mettre à une table et de trouver une voie pour la coexistence.    •