Du fromage au dialogue politique en passant par les pontsTout a commencé par une demande du gouvernement népalais adressée à la Suisse en 1948. Ce fut le point de départ d’une longue collaboration, marquée aussi bien par la continuité que par le changement. Cet engagement montre que la coopération au développement s’est elle-même développée au fil du temps. gn. Jusqu’au milieu du XXe siècle, le Népal était un royaume indépendant et pratiquement inaccessible. Ses élites entretenaient des liens étroits avec l’Inde. Ce sont elles qui ont poussé le gouvernement à solliciter en 1948 les conseils de la Suisse dans le but de stimuler le développement économique du pays. Ces milieux espéraient surtout découvrir de vastes gisements de ressources minières, comme de l’or ou du pétrole, dont l’exploitation générerait rapidement des profits. Mais il n’en fut rien. De la fabrication de fromage à la construction de pontsEn 1952, l’agronome suisse Werner Schulthess est arrivé au Népal, mandaté par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Il a lancé la transformation des excédents de lait en fromage à pâte dure, créant ainsi une source de revenus pour les paysans népalais. Des fromagers suisses ont été envoyés sur place. Promotion de l’autonomieDurant la phase initiale de la coopération, la Suisse s’est engagée dans des domaines qui lui étaient familiers. La première expédition au Népal, en 1950, reposait déjà sur l’argument suivant: pays enclavé, montagneux et agricole, la Suisse présentait des similitudes avec le royaume himalayen et était donc prédestinée à lui venir en aide. Pour rechercher des solutions, elle a logiquement puisé dans ce qu’elle connaissait le mieux. Le cas du fromage, un produit qui n’avait au départ aucun débouché au Népal, illustre bien cette démarche. Avec l’aide de professionnels – par périodes, plus de 100 experts suisses étaient à l’œuvre sur place –, on s’est efforcé de mettre au point des solutions «modèles» dans des régions et des domaines précis. Pas de retrait malgré les tensionsComposée d’une multitude de groupes ethniques, la société népalaise reste, aujourd’hui encore, dominée par un système de castes très rigide. Longtemps, la coopération suisse n’a guère pris en considération ce contexte socioculturel. A l’époque, on pensait que les structures sociales allaient s’adapter d’elles-mêmes aux nouvelles conditions créées par le progrès technique. Résultat: dans bien des cas, les minorités ethniques et les membres des castes inférieures ne profitaient guère des projets de développement ou en étaient carrément exclus. En matière de formation professionnelle, la Suisse a par exemple soutenu un cursus de qualité, auquel n’avaient accès que les étudiants possédant certaines qualifications préalables. Cette filière est donc demeurée réservée aux jeunes des castes citadines aisées. Or, ceux-ci considéraient la formation professionnelle technique uniquement comme un passage obligé dans leur carrière. Dès lors, le programme n’a jamais produit l’effet de ruissellement vers le bas (trickle down) que l’on en avait escompté. On a réalisé plus tard à quel point il était important d’inclure le contexte social dans la coopération. Cette prise de conscience a eu lieu lorsque les tensions sociales se sont peu à peu exacerbées pour déboucher, à la fin des années 90, sur de violents combats entre les rebelles maoïstes et les troupes gouvernementales. L’efficacité d’un petit donateurAprès la chute de la monarchie, la Suisse est également intervenue au niveau diplomatique, afin de contribuer à la résolution du conflit et à la promotion de la paix. «Aujourd’hui, notre engagement se fonde sur le constat suivant: le développement n’est possible que si la paix règne et, à l’inverse, le développement est indispensable pour qu’une paix durable puisse s’installer», explique Thomas Gass, ambassadeur de Suisse et directeur résident de la DDC à Katmandou.C’est grâce au travail de terrain déployé dans les années 50 que la coopération, initialement basée sur des idées importées de Suisse, a pu évoluer et s’adapter aux réalités népalaises. Aujourd’hui encore, les expériences et les résultats de projets servent à alimenter le dialogue politique et les programmes nationaux.Bien qu’elle soit un petit donateur, la Suisse obtient ainsi des résultats notables, comme l’illustre son programme de ponts suspendus: c’est parce que la DDC a soutenu d’emblée la formation et le perfectionnement d’ouvriers, d’ingénieurs et d’administrateurs que le Népal possède aujourd’hui les professionnels et le savoir-faire nécessaires pour construire lui-même 200 ponts suspendus par an. Actuellement, la Suisse participe au développement de ce programme en cofinançant un fonds avec d’autres donateurs et en fournissant des conseils techniques au gouvernement. • Source: Le magazine de la DDC. Un seul monde no 1/mars 2011 Au-delà de l’aide: la Suisse est engagée depuis 50 ans dans la lutte contre la pauvretéLe monde est en rupture. Par son combat contre la pauvreté, son engagement en matière de santé, de formation et pour une utilisation plus adéquate des ressources naturelles, la coopération suisse au développement promeut un changement positif – et ceci depuis cinquante ans. Dans le cadre de son jubilé, la Direction du développement et de la coopération DDC présentera ses défis actuels et les résultats de son travail par l’intermédiaire d’actions menées dans toute la Suisse. Mercredi, le directeur de la DDC Martin Dahinden a présenté aux représentants des médias un bilan ainsi que le programme du jubilé. Communiqué de presse du DDC du 9/3/11 |