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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°4, 2 fevrier 2009  >  Courrier des lecteurs [Imprimer]

Courrier des lecteurs

Tous les 30 ou 40 ans, une crise éco­nomique mondiale est «mise en scène»

Dans l’édition de votre journal datant du 19 janvier, un renvoi très intéressant sur la «doctrine de l’économie libre» vient de paraître. Ce travail m’a plu parce que, jeune homme, j’ai vécu l’expérience faite à «Wörgl» et je n’ai jusqu’à présent jamais oublié le nom de Silvio Gesell. Mais le nom d’Unterguggenberger ne m’était pas connu. Je me rappelle encore un dicton souvent cité à l’époque – par oral et par écrit. Je me rappelle aussi une votation fédérale réalisée en 1951 en Suisse concernant la monnaie indexée, et qui, bien sûr a été rejetée. En disant: «bien sûr rejetée», je veux dire que ce n’était pas uniquement les banques qui avaient agi là (surtout en Autriche), mais aussi des forces intéressées par le maintien de leur capital. Je ne suis pas économiste, mais, je pense personnellement, que nous n’aurions pas la crise économique actuelle, et certainement pas dans l’ampleur actuelle, si «Wörgl» avait réussi et avait été accepté. Ainsi, tous les 30 ou 40 ans, une crise économique mondiale est «mise en scène». Et par qui, s’il vous plaît? Cela veut dire que l’humanité de cette époque lointaine traversait les mêmes événements que l’humanité entière actuellement. Que faire? Wörgl! Je félicite les requins du monde financier pour leur réussite!
Deux des dictons de époque que j’évoque: L’argent ne peut pas pousser comme l’herbe dans les prés. Ou: Les intérêts, ce sont des revenus qui ne sont pas basés sur le travail! Malheureusement, tous mes collègues qui étaient enthousiasmés par la doctrine de l’économie libre sont entre-temps décédés.
J’aurais aimé lire encore davantage sur «l’économie libre» dans notre journal. Mais ce bref renvoi m’a déjà beaucoup réjoui. Merci!

Ernst Kunz, Zurich


«N'ont-ils pas été trop insouciants?»

Tant que le CERN ne présente pas de preuves authentiques expliquant comment et pourquoi l’incident du 19 septembre 2008 s’est produit, les doutes concernant la version officielle doivent être permis. J’estime que la probabilité d’une faute ou d’une négligence ordinaire qui aurait causé l’échec, est fort petite: ce ne sont pas seulement la construction et l’installation de tous les composants qui ont été vérifiées de nombreuses fois et en détail, mais une installation aussi complexe n’est mise en marche que «step by step» (pas à pas) et n’est mise en marche que «bottom up» (graduellement) pour éviter des erreurs de cette dimension.

D. Fürste, ingénieur diplômé, Rattiszell


Crise financière mondiale: il faut interdire les revenus non issus d’un travail

La crise financière mondiale a touché la Suisse de plein fouet. Notre système financier actuel est mis au rancart. Ce que Heiner Geissler appelait le «capitalisme prédateur» doit être remplacé par une économie de libre concurrence sans exploitation, car un être humain sur huit souffre de faim et chaque jour, 25 000 mille personnes meurent de sous-alimentation.
Au lieu de soutenir les grandes banques, il aurait fallu ouvrir une procédure collective de liquidation. Qui plus est, avec la bénédiction du Conseil fédéral et du Parlement, elles ont dérobé 65 milliards de francs suisses au Trésor public, ce qui représente une fois et demie le revenu annuel de la Confédération. De l’assistance sociale pour les banques, des miettes pour les pauvres!
Le rapport de la Banque des règlements internationaux (BRI), publié en 2008, a révélé que, en moyenne, les transactions à la bourse s’élèvent à 5,3 billions de dollars chaque jour, dont 3,2 billions à la bourse des devises et 2,1 billions en produits dérivés (ce sont là tout simplement des paris, comme aux courses de chevaux). C’est là où le système monétaire est coincé. A voir les chiffres ci-dessus, on dirait qu’on a affaire aujourd’hui à des joueurs invétérés ayant joué leur «va-tout» au nom des banques mondiales. Et maintenant, après le désastre, ils demandent à l’Etat de les aider, ce qui a été fait. Les responsables, c’est-à-dire le Conseil fédéral et le Parlement, ont donné suite à la demande presque sans poser de conditions. Saviez-vous qu’en 2007, en Suisse, une minorité a «gagné» plus d’argent en spéculant que ne le représente le total des revenus de tous ceux qui travaillent? Fermer les bourses serait un premier pas dans la bonne direction, car celles-ci représentent depuis longtemps un «foyer de tricheurs». L’auteur sait bien que la corporation des économistes irréalistes n’arrive pas à imaginer une telle mesure.
On est en train de vivre ce que Silvio Gesell, réformateur économiste et théoricien en économie libre, vivement critiqué à l’époque, a décrit de la manière suivante: «Aucune invention n’a engendré autant de souffrance que l’idée du taux d’intérêt entraînant une croissance forcée». Même avec beaucoup – voire trop – d’aide, on n’arrivera plus à démêler ce système financier mondialement meurtrier. L’économie basée sur le crédit, aujourd’hui complètement démesurée, privilégie le secteur privé aux dépens du secteur public et promeut la redistribution des biens des pauvres aux riches.
Le système actuel ne doit ni peut plus être sauvé, parce qu’il ne sera plus jamais possible de s’acquitter de la gigantesque montagne de dettes créée en Suisse et dans le monde entier – à rembourser d’après «le principe suicidaire» des intérêts composés. Sauver ce système relève de la schizophrénie. Nous ne pouvons plus tolérer les «tricheurs criminels du capital» qui tentent de s’emparer de la fortune nationale et menacent de nous faire perdre l’argent de l’AVS (Assurance-vieillesse et survivants) et celui des caisses de pension privées, ainsi que des caisses maladie. Il faut donc obliger le plus vite possible l’économie et les banques à respecter les principes éthiques des directives législatives, à interdire le taux d’intérêt ainsi que les intérêts composés – rejetés par toutes les grandes religions du monde – et à y renoncer en tant que «revenu non issu d’un travail». Comment faire? Il existe de nombreuses propositions expérimentées.

Hansjürg Weder,
ancien conseiller national, Bâle


Que faut-il finalement voter à propos de Schengen?

Le 21 décembre 2008, sur mon blog – Die Stimme der Anderen – j’étais favorable au «non». En tant qu’adversaire du supranationalisme, incompatible avec la démocratie directe, je pense qu’un «non» mettrait un frein à l’intégration dans l’UE, déjà bien avancée et ouvrirait la voie à un retour vers l’autonomie, en tout cas à la renégociation des Bilatérales I, bien que cela soit considéré par une majorité de personnes comme discutable au milieu d’une crise financière et économique qui ne cesse de s’étendre et en raison des interdépendances économiques.
Sur mon blog, le 10 janvier, en réaction à la discrimination manifestée par l’UDC, selon sa vieille recette, à l’égard des Roumains et des Bulgares, j’ai plaidé en faveur du «oui». Tout simplement parce que depuis ma scolarité dans un lycée allemand de Bulgarie, je suis devenu un adversaire de toutes formes de méthodes autoritaires et de racisme simplificateur. Malheureusement, cette tendance est réapparue en Suisse.
Alors que voter le dimanche 8 février?
Nous sommes face à un dilemme, comme c’est le cas de plus en plus souvent dans ce pays. Pour moi, la réponse est très simple quand on fait la différence entre les aspects à long et à court terme. A long et même à moyen terme, nous devons nous détacher de l’intégration de facto dans l’UE en essayant, avant tout économiquement, de ne pas être impliqué dans l’UE à raison de plus de 30%. Bien que ce soit plus commode de faire du commerce avec nos voisins, cela ne doit pas nous conduire à devenir le sous-traitant des grands pays de l’UE. Nous devons à nouveau nous tourner davantage vers les autres marchés mondiaux, même si c’est moins lucratif et beaucoup plus compliqué. Dans toutes les entreprises, un voyant rouge devrait s’allumer quand le volume des échanges commerciaux avec les entreprises européennes atteint plus de 30%. Nous devrions en revenir à des relations bilatérales normales reposant sur l’égalité des droits et un accord de libre-échange ou d’autres relations multilatérales. L’idée d’une globalisation exagérée s’écroulera de toute façon plus rapidement que beaucoup ne le pensent.
Jusque-là, nous devrions, à court terme, redonner la parole à la démocratie authentique.
Nous devrions combattre avec énergie la tendance de ceux qui, sous prétexte de défendre notre indépendance vis-à-vis de l’extérieur, veulent nous dire comment cette défense doit s’opérer et sont devenus nos baillis. L’argument selon lequel on s’exprime au nom d’un tiers des citoyens ne devrait plus être accepté dans une démocratie directe. Et, en outre, il n’est pas certain que cela soit encore juste aujourd’hui. D’ici aux prochaines élections législatives, nous devrions utiliser Schengen pour donner la parole au peuple.

Frédéric Walthard, Estavayer-le-Lac