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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°46, 29 novembre 2010  >  De la montagne à la plaine [Imprimer]

De la montagne à la plaine

par Walter Stünzi

Si jadis le sauvetage aérien se résumait à des missions d’évacuation en montagne, il englobe aujourd’hui une aide médicale d’urgence dans tout le pays.
Le chemin pour y parvenir fut long et semé d’embûches techniques tout comme bureaucratiques. Septembre 1961: à l’occasion d’un exercice de démonstration de la Rega, de la police et des samaritains, le Pilatus Porter atterrit sur une route cantonale à Bassersdorf (ZH).
A ses débuts, la Garde aérienne suisse de sauvetage était considérée comme un enfant des montagnes. Si l’hélicoptère avait certes délesté le mulet ou le dos du secouriste alpin de la charge du patient, il se contentait d’emmener les blessés au plus vite des parois rocheuses à l’hôpital.
Très rapidement, des médecins engagés se sont investis dans la fourniture d’une aide médicale efficace sur les lieux de l’accident, accompagnant bénévolement les équi­pages dans leurs opérations en montagne. Les premiers jalons du sauvetage médical aérien étaient posés.

L’hôpital devient un partenaire

Ces médecins dispensaient les premiers secours vitaux à même la paroi rocheuse ou le cône d’avalanche; ils pouvaient aussi décider de la destination de l’hélicoptère avec le patient à bord. Les hôpitaux devinrent du coup d’importants partenaires du sauvetage aérien, ce qui nécessitait des capacités de part et d’autre mais exigeait également des centres hospitaliers adaptés en termes de construction. Les héliports devaient ainsi être dégagés, éclairés et proches du service des urgences.

Un pionnier contre la lourdeur du système

Intégrer le sauvetage aérien dans le dispositif des urgences  n’était pas chose facile. Le professeur Georg Hossli, ancien chef de l’unité d’anesthésie de l’hôpital cantonal de Zurich, peut se référer à sa propre expérience. En 1955, il s’est vu refuser par le Conseil d’Etat zurichois l’aménagement d’un héliport. Les patients venus de l’extérieur ne doivent pas surcharger les infrastructures hospitalières zurichoises; tout effort dans ce sens n’est pas dans l’intérêt du canton avait alors argumenté le gouvernement.
Le professeur Hossli ne se laissa pas décourager. Les années suivantes, ce pionnier et visionnaire déposa d’autres demandes de même nature. En 1958, il obtint un premier succès: le gouvernement autorisait l’utilisation «occasionnelle» d’un terrain de sport de l’école cantonale, situé à proximité de l’hôpital, comme lieu d’atterrissage pour l’hélicoptère de sauvetage. Une autorisation préalable du concierge devait toutefois être obtenue pour chaque intervention, ce qui témoigne du peu d’importance accordé jadis à ce nouveau domaine des secours. Sans compter qu’après l’atterrissage, l’ambulance devait encore transporter les patients jusqu’au service des urgences sur une distance de 500 mètres, le tout sur des routes très fréquentées.
La persévérance finit toutefois par payer: en 1970, les forces aériennes et la Garde aérienne suisse de sauvetage mènent avec succès une série d’exercices d’atterrissage sur le toit de l’auditoire de l’hôpital cantonal de Zurich. Les patients peuvent désormais être transférés directement au service des urgences.

Exercice et période d’essai – l’hélicoptère se pose sur la route

A l’époque, le nombre de blessés graves de la route augmente drastiquement. Comme ces patients requièrent une aide médicale d’urgence sur les lieux de l’accident, le sauvetage aérien présente alors des avantages évidents. Dans les montagnes comme sur la route, le travail d’équipe joue un rôle prépondérant. Il faut pouvoir compter sur la collaboration fiable et désintéressée de tous les partenaires concernés: police, ambulance, service du feu, Rega et hôpitaux.
Un vaste exercice d’intervention va d’ailleurs mettre tous ces acteurs à l’épreuve. Le 30 septembre 1961, la Rega atterrit avec un avion et un hélicoptère sur une route cantonale fermée, près de Bassersdorf, à proximité d’un lieu d’accident fictif. Bien que toute l’opération se déroule sans heurts, il faudra attendre 14 ans pour que la réalité remplace la fiction. Sous la forme d’un projet d’abord  pilote puis définitif, la police cantonale zurichoise commence, dès 1975, à faire appel à l’hélicoptère pour les accidents de la route. Le service des urgences élargit ainsi sa «portée» jusque sur les lieux de l’accident – pour le bien des patients. D’autres cantons ont suivi, de sorte qu’aujourd’hui on ne saurait imaginer un lieu d’accident avec des blessés graves sans médecin de la Rega.     •

Source: 1414, Magazine des donateurs de la Garde aérienne suisse de sauvetage, no74, p.28-30