Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°53, 28 décembre 2012  >  Les crises économiques et leurs conséquences politiques [Imprimer]

«Non, c’est le manque de compréhension de ce système complexe de l’économie mondiale qui explique même dans les milieux de gauche l’échec permanant de la politique. Nous n’avons pas de politiciens capables de faire de la politique dans l’économie mondiale et nous n’avons pas d’économistes capables de concevoir un design pour cette économie mondiale. Ainsi, l’économie mondiale avance vers l’avenir, toujours de nouveau touchée sans préavis par des crises globales et régionales comme par des gros météorites venant de l’espace. Et le simple citoyen reste sur le carreau – et finalement aussi la démocratie.»

Les crises économiques et leurs conséquences politiques

Les économistes ont créé un monde qu’ils ne comprennent pas

Heiner Flassbeck*

Depuis que nous, êtres humains, sommes descendus des arbres, nous essayons de comprendre le monde qui nous entoure. En ce qui concerne notre interprétation de la nature, nous avons déjà bien progressé. Nous nous sommes séparés des vieux mythes et nous nous sommes appropriés une vue scientifique des choses donnant la priorité à la rationalité et à la logique avant la croyance et les émotions.

Avoir recours à la logique de façon conséquente

C’est justement le recours à la logique qui s’est avéré supérieure lorsqu’il s’agit de comprendre le monde et l’adaptation optimale aux réalités qui se trouvent en transformation permanente. Seul celui qui dispose du moyen de la logique peut sélectionner parmi un nombre infini d’affirmations insignifiants ou contradictoires sur ce monde, celles qui sont significatives parce qu’elles sont sans contradiction et peuvent donc être examinées empiriquement.
Le pas décisif vers la connaissance est au fait la reconnaissance de relations qui peuvent être observées avec une certaine stabilité dans la réalité et qui nous révèlent finalement leur raison d’exister. Que la pomme tombe régulièrement de sa branche vers le sol au lieu de s’envoler vers le ciel représente le premier petit pas dans la voie vers d’autres conclusions solides. Ce sont seulement les pas suivants – la découverte de la force qui fait mouvoir la pomme, notre capacité de prouver l’existence de cette force, de façon que d’autres explications puissent être éliminées – qui créent la vraie connaissance.

La logique n’a-t-elle pas de place dans l’économie?

Dans la soi-disant science de l’économie, il en est autrement. Là, l’essai d’arriver à la connaissance est constamment, avec succès, recouvert par la croyance, par l’idéologie et par la pure représentation d’intérêts. Le phénomène que des groupes de pression et des entreprises intéressés par des résultats prédéterminés «entretiennent» des scientifiques qui n’ont rien d’autre à faire que de mettre en question les résultats de recherches sérieuses ou de les contrecarrer par leurs propres «recherches», cela existe aussi dans d’autres domaines plus orientés vers les sciences naturelles, comme par exemple la chimie. Ce qui, par contre, manque dans les autres domaines, c’est «l’empressement servile» que présentent même des économistes indépendants lorsqu’il s’agit de la question «Marché» envers «Etat». La plupart des économistes n’est malheureusement pas formée comme chercheurs en sciences sociales, mais comme techniciens dont le seul devoir consiste en la compréhension d’un marché apparemment parfait et en sa défense. Cela ressemble – et j’ai présenté cela déjà il y a quelques années (Flassbeck 2004) – plutôt à un jeu de perles en verre qu’à une science. Et dans ce jeu, il s’agit uniquement et exclusivement de l’amélioration du jeu lui-même et non pas d’une connaissance dans le sens d’une meilleure compréhension du monde (cf. Kay 2011 et la réplique de Davidson). Mais comme c’est uniquement la vraie connaissance qui peut être traduite en des actes de politique économique couronnés de succès, les politiciens se retrouveraient sans conseils sérieux pour presque toutes les questions même si au moins ils comprenaient combien ils en ont besoin.

Le fantôme: le marché fait tout mieux …

Ainsi nous avons permis qu’un monde économique se crée, construit sur quelques préjugés comme par exemple que le marché fait tout mieux. Notre monde aurait au fait besoin d’une régulation infiniment complexe pour pouvoir plus ou moins fonctionner. Des efforts pour arriver à une telle régulation de grande envergure n’existent cependant pas, parce que l’opinion dominante dans l’économie politique et dans la politique croit fermement que le marché ou les marchés arrangeront tout. Les conséquences sont dramatiques. L’économie mondiale titube de crise en crise et les conseils pour les politiciens, prodigués par les «experts», sont chaotiques, ils se contredisent dans presque chaque facette. Les marchés financiers ont pris le commando mais ne savent pas très bien comment l’utiliser, sauf bien sûr pour s’assurer leurs propres prébendes. Et ainsi, la prochaine crise est inévitable.

Les politiciens, menés par des juristes, s’adonnent au dilettantisme

Comme les économistes forment un chœur si polyphonique, les politiciens, menés par une armée de juristes, en viennent à se tricoter leur propre monde économique. Dans ce monde-là, la procédure domine les faits et la pensée sous l’angle de la microéconomie, donc la pensée comme dans un ménage privé, triomphe sur la prise en considération des relations macroéconomiques. La crise de l’euro a ainsi été réinterprétée en une crise dans laquelle quelques «Etats pécheur» auraient quelque chose à se reprocher (gloutonnerie et une vie de débauche), et pour cette raison, ils doivent être condamné par les Etats-juges sages et travailleurs. De cette manière les débiteurs sont désignés d’emblée comme les coupables, et on croyait qu’il ne serait même pas nécessaire de parler des réelles raisons.
Du point de vue de la microéconomie, on pourrait effectivement croire que celui qui est hautement endetté et qui n’obtient plus de crédit sur les marchés, s’est conduit de façon erronée et doit être sanctionné. Du point de vue de la macroéconomie, tout porte à croire que c’est faux. Il n’y existe pas de causalité simple, parce que le fait qui apparait comme un «endettement trop élevé» est déjà le résultat d’un processus hautement complexe, dans lequel des acteurs individuels et quelques secteurs sont concomitants. Dans ce processus il s’agit avant tout de trouver un secteur (l’étranger inclus) qui est prêt à s’endetter pour investir et pour justifier ainsi les économies planifiées des budgets privés. Lorsque par exemple un pays comme l’Allemagne mène une politique agressive pour améliorer sa compétitivité, d’autres pays sont poussés dans l’endettement parce que beaucoup d’acteurs individuels de ces pays achètent des produits allemands à crédit. Dans la première moitié de 2011, l’excédent de la balance commerciale de l’Allemagne avec les pays de l’Union monétaire s’élevait toujours encore à 37 milliards d’euros, ce qui signifie en même temps de nouveaux crédits de ce montant. Le déficit de la France s’élevait à 18 milliards, celui de l’Italie à 6 milliards et même la Grèce était en débit de 1,8 milliards.
Même si chacun de ces achats à crédit est parfaitement sérieux et justifié du point de vue économique, le résultat peut s’avérer catastrophique pour le pays qui s’endette. C’est une érosion insidieuse de sa force économique avec des conséquences fatales qui se montrent, comme l’érosion géologique, seulement lorsque la grande pluie en forme de crise financière arrive. Dans une telle crise, tous les investissements existants sont soumis à une réévaluation par les investisseurs et on évite d’emblée des investissements à risque.

Le débiteur est condamné à priori parce qu’il est le plus faible

La condamnation à priori des débiteurs a des répercussions fatales pour la cohabitation des nations. D’un côté, à l’avenir, les débiteurs se montreront sceptiques ou même négatifs concernant toute forme de collaboration internationale parce qu’ils ont l’impression, à juste titre, qu’on leur impose de l’extérieur un diktat tout à fait injustifié qui nuit à leur souveraineté et les force dans un programme néolibéral (cela arrive pour la plupart des fois par la fameuse «conditionality» du FMI, qui consiste en général en la «flexibilisation» et l’ouverture de tous les marchés). Ainsi les systèmes politiques des Etats débiteurs sont poussés à bout à long terme de façon insupportable et intolérable. La diminution des déficits de l’Etat, qui est exigé dans tous les cas, a des répercussions sur les parties de la population le moins capables de surmonter de telles pertes. Les salaires des employés de l’Etat baissent car ce n’est que là qu’on a accès. Des secteurs même pas exposés à la concurrence internationale sont libéralisés (l’électricité et l’énergie en Argentine par exemple), des branches appartenant encore à l’Etat sont privatisées. Cependant, tout cela n’a aucun rapport avec les causes de la crise et est ressenti comme purement arbitraire par les personnes concernées, ce qui est compréhensible. De cette façon, au cours des années 1980 et 1990, presque toutes les populations d’Amérique latine sont devenues des adversaires catégoriques du Fonds monétaire international (FMI). Les gens ont élus systématiquement des gouvernements de gauche pour se soustraire à ce diktat.
Tout cela n’est pas nouveau et a déjà été traité maintes fois, même par le FMI lui-même. Mais cela n’a pas empêché les politiciens européens de se ruer avec verve sur exactement ces programmes avec lesquelles le FMI a échoué déjà maintes fois auparavant. Comment se fait-il que les cadres politiques dirigeants de tout un continent, les acteurs, qui portent la responsabilité du Fonds monétaire depuis des lustres, font maintenant les mêmes fautes dans leur région qui ont conduit cette organisation – avant la crise actuelle – au bord de l’insignifiance? Donc, cela ne peut arriver que lorsqu’on veut aussi pousser délibérément sa propre région dans le chaos, pour en sortir comme vainqueur final de la compétition des nations – ou si l’on n’a vraiment pas compris ce qui s’est passé réellement et si l’on manque d’ouverture idéologique pour pouvoir le comprendre. Moi, je penche pour la deuxième explication.

Les gens désespèrent de la mondialisation, et la démocratie est sérieusement en danger

Vu cet échec de la collaboration entre Etats, on peut constater clairement que ce n’est pas seulement la pression directe des lobbyistes qui ramène systématiquement et de façon répétée la politique dans la mauvaise voie. Dans ces relations interétatiques, il n’y a guère d’avantages commerciaux directs qui seraient encouragés par l’agenda néolibéral des créanciers. La privatisation est certainement un des champs d’action où les entreprises multinationales ont des intérêts massifs. Les réductions de prestations de l’Etat pour les plus pauvres par contre, et cela jusqu’au point où l’économie du pays débiteur s’effondre, ne présentent pas non plus d’avantage pour les entreprises. Et lorsque finalement – comme en Amérique latine – des gouvernements de gauche sont élus à la suite de l’agenda néolibéral surmené, les lobbyistes auraient atteint tout le contraire de ce qu’ils voulaient.
Non, c’est le manque de compréhension de ce système complexe de l’économie mondiale qui explique même dans les milieux de gauche l’échec permanant de la politique. Nous n’avons pas de politiciens capables de faire de la politique dans l’économie mondiale et nous n’avons pas d’économistes capables de concevoir un design pour cette économie mondiale. Ainsi, l’économie mondiale avance vers l’avenir, toujours de nouveau touchée sans préavis par des crises globales et régionales comme par des gros météorites venant de l’espace. Et le simple citoyen reste sur le carreau – et finalement aussi la démocratie.

Pour les uns des richesses incroyables et les autres un revenu misérable: c’est ce qui met en danger la démocratie

Lorsque l’économie mondialisée n’est plus comprise que comme un système qui apporte aux uns des richesses incroyables et au grand reste au meilleur cas la stagnation ou un revenu misérable, la démocratie est en danger. Démocratie veut dire aux yeux de la plupart des êtres humains non pas seulement qu’ils peuvent élire tous les quatre ans et supporter entre temps ce que l’agenda néolibéral leur demande. Au plus tard depuis la crise financière de 2008, beaucoup de gens ont compris que c’était une grande illusion d’espérer la fin de l’euphorie sur les marchés financiers et que la richesse de quelques uns leur servirait finalement aussi. La deuxième crise, qui vient juste de commencer, leur prendra aussi l’espoir qu’au moins l’Etat démocratique serait en mesure de diriger les choses dans la bonne direction. Mais quoi alors?

Rendre la mondialisation plus maniable à travers l’Etat-nation

Alors la porte sera grande ouverte pour toutes sortes d’enjôleurs. Ceux qui essayent de profiter de l’échec de la mondialisation auront du succès. Car qu’est-ce qui viendra après l’ère de la mondialisation? La réponse naturelle, pour ainsi dire, serait le retour à l’Etat-nation. Cela ne serait pas mauvais, si des voies simples et tolérantes existaient pour renationaliser un peu le monde globalisé et le rendre de cette façon plus maniable politiquement. Mais il ne peut y avoir de telles voies simples et tolérantes dans un monde dans lequel tant d’êtres humains ont quitté leur patrie et ont ainsi misé leur destin sur l’économie mondialisée. Ils ont émigrés de leurs pays dans l’espoir qu’à la fin, à cause du succès économique de toutes les parties de la population, on ne leur refuserait pas la reconnaissance comme citoyens égaux et c’est eux qui risquent de devenir les vraies victimes de l’échec de la coordination internationale.
Si les signes au mur, qu’on peut voir en Europe comme en Amérique, ne trompent pas, les nouveaux mouvements de la droite qui poussent partout comme des champignons ne s’arrêteront pas à rendre responsable la forme actuelle de la mondialisation pour toutes les soucis des hommes. Ils feront un ou plusieurs pas de plus et déclareront les «autres» comme coupables. Ainsi que l’Europe politique survit à travers le temps en désignant des «coupables» et en les mettent au pilori, ainsi ils donneront la responsabilité aux «étrangers» et aux influences étrangères et beaucoup de gens les suivront, parce qu’ils n’acceptent pas, à juste titre, de devoir personnellement porter la responsabilité pour le grand échec. Bien sûr la stratégie populiste de la droite ne donnera pas plus de succès économique au monde, parce qu’un Etat-nation qui utilise une théorie inadaptée n’a pas plus les pieds sur terre que l’économie mondialisée. Si la démocratie survit à tout cela, est une question qui reste ouverte.

La démocratie doit avoir la force de diriger le processus dans le sens du bien commun

Dans cent ans, on cherchera des explications pour l’échec politique et économique du début du XXIe siècle. On dira que le manque de volonté politique de diriger tous ensemble une économie mondiale aura été la cause la plus importante. Que cela aurait pu être notre manque de capacité de comprendre des rapports économiques complexes, et notre manque de bonne volonté de les transformer en une politique sans idéologie, une fois de plus – comme déjà concernant la situation au début du dernier siècle – personne ne le croira. Les historiens chercheront des faits et non pas des idées qui manquent. Il nous reste l’espoir d’une nouvelle génération critique qui ne se contente pas de formules toutes faites, mais qui veut aller au fond des choses sans compromis et avec la capacité, propre aux êtres humains, à la pensée logique. Peut-être, nous en avons vu des débuts sur la place Tahrir au Caire, dans le parc Zuccotti à New York et sur la Plaza Italia à Santiago du Chili.
A ce stade, je ne veux pas essayer de démontrer des propositions concrètes qui découlent de mes réflexions. Je l’ai fait en détail en d’autres circonstances, sans que ces propositions aient été reprises aussi largement que nécessaire. Il s’agit aujourd’hui plutôt de s’interrompre, d’enlever la pression du temps et l’hystérie pour se rendre d’abord compte de ce qui se passe. Il s’agit tout d’abord d’un diagnostic juste des problèmes du système économique dans lequel nous vivons. Il s’agit dans un deuxième pas aussi de reconnaître que «l’économie» ou bien «le capitalisme» ou encore «l’économie du laissez-faire» ne doivent être que des instruments utilisés par la société pour subvenir à ses besoins. Il s’en suit que le «capitalisme» nous appartient, c’est-à-dire à la société. Et lorsque nous reconnaissons que nous ne le maitrisons pas et qu’il nuit plus qu’il n’est utile, on peut bien sûr, dans l’intérêt de la communauté, le changer – au moins aussi longtemps que la démocratie existe encore et que la majorité des humains le désirent.
Ce qui manque ce ne sont pas les propositions de solutions, mais la bonne volonté chez beaucoup trop de gens trop puissants, de se séparer de leurs intérêts et de leurs vieilles connaissances pour donner une chance réelle à la discussion ouverte dans une société ouverte.    •

Source: Epilogue de: Heiner Flassbeck. Zehn Mythen der Krise. Editions Suhrkamp, Berlin 2012

ISBN 978-3-518-06220-3

(Traduction Horizons et débats)

*Heiner Flassbeck est économiste. Depuis janvier 2003, il est économiste en chef (Chief of Macroeconomics and Development) auprès de l’Organisation des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) à Genève.

Document final de la Conférence sur la crise financière et économique mondiale et son incidence sur le développement

Résolution A/RES/63/303 adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies* (Extraits)

 

L’Assemblée générale,

Notant la Conférence sur la crise financière et économique mondiale et son incidence sur le développement, qui s’est tenue à New York du 24 au 30 juin 2009, et l’adoption, par la Conférence, du document final,
Décide d’entériner le document final de la Conférence sur la crise financière et économique mondiale et son incidence sur le développement, joint en annexe à la présente résolution.

Annexe

2. Nous réaffirmons les buts des Nations Unies tels qu’ils sont énoncés dans la Charte, notamment ceux qui consistent à «réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d’ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire» et à «être un centre où s’harmonisent les efforts des nations vers ces fins communes». […]
3. Les pays en développement, bien qu’ils ne soient pas à l’origine de la crise économique et financière mondiale, n’en subissent pourtant pas moins les répercussions de plein fouet. Les avancées réalisées ces dernières années dans les domaines économique et social, en particulier au regard des objectifs de développement arrêtés sur le plan international, notamment les objectifs du Millénaire pour le développement, sont désormais compromises dans les pays en développement, en particulier les moins avancés.
Face aux menaces que fait peser la crise, il faut préserver et mettre en valeur les progrès accomplis, qui avaient été en partie stimulés par la forte croissance économique connue par de nombreux pays. Nos entreprises doivent être motivées par la nécessité de faire face aux conséquences de la crise sur le plan humain, à savoir l’augmentation du nombre pourtant déjà inacceptable de personnes pauvres et vulnérables, femmes et enfants en particulier, qui souffrent et meurent de la faim, de la malnutrition et de maladies évitables ou curables, la montée du chômage, la réduction de l’accès à l’éducation et aux services de santé, et les lacunes que présente actuellement la protection sociale dans de nombreux pays. Les femmes connaissent aussi une plus grande insécurité financière et doivent assumer des responsabilités familiales plus lourdes. Ces coûts particuliers sur le plan humain nuisent considérablement au développement et à la sécurité commune des personnes touchées. Pour que le relèvement soit équitable partout dans le monde, tous les pays doivent participer pleinement à l’élaboration d’interventions appropriées. […]
5. La paix, la stabilité et la prospérité sont indissociables. A l’heure de la mondialisation de l’économie, toutes les nations sont plus étroitement liées que jamais. Du fait de la portée planétaire de la crise, il est nécessaire d’intervenir rapidement et de manière résolue et coordonnée pour s’attaquer à ses causes, atténuer ses effets et renforcer ou établir le cas échéant les mécanismes voulus pour tenter d’empêcher qu’une telle situation se reproduise à l’avenir. […]

Une action rapide et décisive est nécessaire

11. Nous nous engageons à travailler solidairement à une réponse mondiale coordonnée et détaillée à la crise et à prendre notamment à cet effet les mesures visant à:
•    Rétablir la confiance, relancer la croissance économique et créer le plein-emploi productif avec un travail décent pour tous;
•    Sauvegarder les acquis économiques, développementaux et sociaux;
•    Offrir aux pays en développement une aide adéquate pour qu’ils remédient aux impacts humains et sociaux de la crise, de façon à préserver et valoriser les gains durement acquis jusqu’à présent sur le front de l’économie et du développement, notamment s’agissant des progrès accomplis vers la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement;
•    Assurer la viabilité à long terme de la dette des pays en développement;
•    Chercher à fournir aux pays en développement des ressources suffisantes, sans conditionnalités injustifiées pour leur développement;
•    Rétablir la confiance dans le secteur financier et relancer les opérations de prêt;
•    Faciliter et revitaliser un commerce et un investissement ouverts et rejeter le protectionnisme;
•    Faciliter une reprise sans exclusive, attentive à l’environnement et durable, et apporter un soutien constant aux efforts que font les pays en développement en matière de développement durable;
•    Renforcer le rôle du système des Nations Unies face à la crise économique et à son impact sur le développement;
•    Réformer et renforcer au besoin le système financier et économique et l’architecture financière internationale pour les adapter aux difficultés actuelles;
•    Encourager une bonne gouvernance à tous les niveaux, notamment dans les institutions financières internationales et sur les marchés financiers;
•    Remédier aux effets humains et sociaux de la crise. […]

Endiguer les effets de la crise et améliorer la capacité de récupération mondiale future

21. La crise n’affecte pas seulement les secteurs économiques et financiers. Nous en constatons les effets humains et sociaux et nous observons les problèmes qui se posent quand on cherche à y remédier. Des mesures à court terme doivent tenir compte des objectifs à long terme, en particulier ceux qui concernent l’élimination de la pauvreté, le développement durable, la protection de l’environnement et l’obtention de ressources énergétiques propres et renouvelables, la sécurité alimentaire, l’égalité entre les sexes, la santé publique, l’éducation et la croissance économique soutenue, notamment le plein emploi productif et le travail décent pour tous. Le renforcement des filets de sécurité sociale qui existent déjà, la création de nouvelles formes de protection là où elles sont nécessaires, et la préservation des dépenses sociales sont des conditions importantes d’un développement centré sur l’homme et de la solution des problèmes humains et sociaux déclenchés par la crise. Nous réaffirmons notre volonté de réaliser à temps les objectifs de développement dont nous sommes convenus au plan international et notamment les objectifs du Millénaire pour le développement. […]
23. […] Nous constatons le rôle unique que joue l’Organisation, qui est une tribune universelle propre à faciliter une meilleure compréhension de l’impact social et économique de la crise et à dégager les réponses adéquates. […]
26. Pour surmonter la présente crise, il nous faut également exploiter tout le potentiel que représente le commerce en tant que moteur d’une croissance et d’un développement économiques soutenus. À cet égard, nous réaffirmons notre engagement au service d’un système commercial multilatéral qui soit universel, réglementé, ouvert, non discriminatoire et équitable. Nous redisons que le commerce international est le moteur du développement et d’une croissance économique soutenue. […]

*adoptée à la 95e séance plénière, le 9 ­juillet 2009 [sans renvoi à une grande commission (A/63/L.75)]