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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°45, 14 novembre 2011  >  People’s Movement: «Un référendum sur le MES est nécessaire» [Imprimer]

People’s Movement: «Un référendum sur le MES est nécessaire»

Irlande

par Titine Kriesi

Le «People’s Movement» est un groupe de défense des intérêts civiques irlandais qui lutte pour la protection de la neutralité irlandaise, la défense de la souveraineté du pays et le maintien de la démocratie et de la justice sociale. Le «People’s Movement», disposant entre-temps du soutien de 27 parlementaires provenant de divers partis et d’un membre du Parlement européen, lutte en faveur d’un référendum contre le «Mécanisme européen de stabilité» (MES). Il revendique pour tout citoyen le droit de connaître la vérité sans ambages au sujet du MES et les conséquences qu’il entraînerait pour l’économie financière irlandaise dans les décennies à venir.

Jusqu’en 2008, l’Irlande a connu un développement économique florissant. Suite à la crise économique, les entreprises et investisseurs étrangers se sont retirés. Ainsi l’Irlande entra comme premier pays de l’UE dans la récession. En novembre 2010, l’Irlande fut «sauvée», notamment par l’UE et la BCE, un jeu goupillé à l’avance qui chargea l’Etat irlandais de dettes bancaires, et força ainsi la population à s’embourber dans le piège des dettes. D’un jour à l’autre, des queues interminables devant les bureaux du service des chômeurs dominèrent la scène: pas de travail, pas de clients dans les magasins de chaussures et de vêtements. A partir de 2009, près de 500 jeunes Irlandais bien formés, quittèrent chaque mois leur patrie pour s’exiler en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Canada et ailleurs. Cette année-là, le taux de chômage atteignit plus de 14%. En 2011, il y aura autour de 50 000 exilés, et jusqu’en 2015, on s’attend à un nombre s’élevant à 200 000. Ainsi l’Irlande perdra toute une génération. De tels chiffres évoquent l’époque de la Grande famine de 1845 à 1849, lorsque plus d’un million d’Irlandais furent forcés d’émigrer aux Etats-Unis pendant que, précisément à cette époque-là, les colons britanniques exportèrent vers l’Angleterre plus de froment irlandais que jamais.

Le «People’s Movement» initie un ­référendum contre le MES

Raymund Crotty, historien et économiste irlandais, obtint en 1987 de la Cour suprême l’inscription dans la Constitution d’un article stipulant que tout amendement important de la Constitution européenne nécessitait – préalablement à sa ratification par l’Etat – un complément correspondant dans la Constitution irlandaise, sanctionné par référendum. C’est précisément à cet impératif démocratique que recourt actuellement le «People’s Movement», face à l’introduction du MES, en appelant les citoyens à exiger un référendum. En Irlande, tout refus d’un tel référendum par le gouvernement enfreindrait de manière flagrante l’arrêt Crotty. Le Mouvement estime que la proposition de l’UE d’introduire le MES met gravement en question l’indépendance économique et la démocratie de l’Etat, valeurs en cours de disparition au sein de l’UE. Selon le «People’s Movement», le MES est très dangereux pour les citoyens irlandais et pour les droits démocratiques de tous les autres pays membres. Comme toute modification des traités européens est soumise à la ratification par tous les 27 pays membres de l’UE, il suffirait que l’Irlande et quelques autres membres disent non pour faire échouer le MES. Selon le «People’s Movement», l’UE s’apprête à couper court à tout référendum au sein des pays membres, ce qui le fait se battre avec d’autant plus d’acharnement en faveur d’une consultation populaire, tout en espérant trouver encore davantage de soutien.
Le «People’s Movement» part de l’idée que la question du référendum sera débattue, cette année encore, au Parlement irlandais.    •

Des membres du Parlement irlandais et du Parlement européen revendiquent un référendum

Communiqué de presse du mouvement populaire «People’s Movement Gluaiseacht an Phobail» du 22/9/11

26 membres du Parlement irlandais et un député du Parlement européen se sont joints au «People’s Movement» (qui s’était déjà engagé lors des deux référendums contre le Traité de Lisbonne) pour revendiquer la possibilité, pour les citoyens irlandais, de se prononcer en dernière instance sur le traité établissant un fonds permanent de la zone euro qui sera contraignant aussi pour l’Irlande.
Une lettre des membres parlementaires, appartenant à divers partis et des indépendants, déclare que le traité prévu subordonne explicitement les intérêts de l’Irlande à la stabilité de la zone euro toute entière et que les implications et conséquences du MES pour le pays sont presque entièrement évincées par les médias.
Dans une prise de position Kevin McCorry, porte-parole du «People’s Movement», déclare que le gouvernement doit dire la vérité sur le traité établissant le «Mécanisme européen de stabilité» (MES), signé le 11 juillet 2011 par le ministre des Finances M. Noonan, et qui exige de l’Etat de débourser «de manière irrévocable et inconditionnelle», à partir de 2013, 11 milliards d’euros pour la création d’un fonds de la zone euro. Ce traité inclut la possibilité d’exiger à l’avenir des sommes supplémentaires.
Le «People’s Movement» demande également au parti Fianna Fáil de s’expliquer sur le fait qu’il soutient, de toute évidence, le gouvernement à faire cet amendement du traité européen en catimini.
Vu l’état actuel de notre économie nationale, a ajouté McCorry, il est raisonnable que la population soit au courant de tous les détails des coûts et des conséquences futures pour le pays, au cas où l’Irlande serait contrainte de solliciter un nouveau prêt, pour pouvoir répondre à ses échéances liées aux 1,27 milliards d’euros initiaux et aux 11 145 400 000 euros futurs. Et d’ajouter, qu’il lui semblait que toutes les personnes impliquées paraissaient carrément heureuses de pouvoir contraindre le peuple à de telles obligations. Quelles garanties peuvent-ils nous donner que tout cela profitera au pays?, a-t-il demandé.
Même si l’Etat recevait un soutien financier du MES, les dispositions concernant les «conditions rigides» ne connaissent pas de limites; il se peut ­d’ailleurs qu’elles aient été complétées en vue du fait que le traité subordonne les intérêts de l’Irlande à ceux de la «stabilité de la zone euro comme entité». Tout cela signifierait un régime d’austérité totale pour des décennies.
Au profit de qui? Certainement pas de celui du peuple irlandais.
(Traduction Horizons et débats)