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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2015  >  No 29, 17 novembre 2015  >  Aucune planification dans la crise des réfugiés? [Imprimer]

Aucune planification dans la crise des réfugiés?

par Hermann Ploppa*

La prétendue «crise» des réfugiés est une catastrophe humanitaire sans égal dans l’histoire de l’humanité. Soixante millions de personnes ont été chassées de leur milieu naturel. La plupart d’entre elles végètent dans des immenses camps de tentes sans nourriture suffisante et vêtements appropriés. Souvent, ils végètent jusqu’à la fin de leur vie dans ces camps, sans liberté alors même qu’ils n’ont jamais commis un délit quelconque. Environ deux millions de ces personnes déracinées ont suffisamment de force, d’argent et de relations vers l’extérieur pour tenter l’asile dans d’autres pays. Chaque jour cette armée de déracinés croît du nombre incroyable de 43'000 personnes. Leur nombre s’est quadruplé depuis 2010. Et cette croissance n’a rien perdu de son essor.
La plupart de ces réfugiés restent dans leur pays d’origine, mais souvent dans une autre province. La plupart de ceux qui doivent fuir dans un autre pays sont accueillis dans des pays pauvres dont les structures sont souvent fragiles. Le champion de l’accueil de réfugiés est la Turquie avec environ 1,6 millions. Alors que la Turquie jouit d’une économie en pleine expansion et peut donc au cours du temps intégrer les réfugiés dans la société, la Jordanie et le Liban sont des pays sans grandes perspectives d’avenir du fait d’un manque de ressources. Le Liban compte environ quatre millions et demi d’habitants et s’occupe de plus d’un million de réfugiés. On ne peut guère comprendre comment ce petit pays, ravagé par des guerres civiles, pourra assurer cette charge énorme sans aide extérieure.
Seule une faible portion de ces déracinés trouve son chemin vers l’Europe. Il s’agit généralement de jeunes personnes capables de supporter, physiquement et psychiquement, des charges considérables, et dotées de moyens financiers. Ce sont donc les privilégiés parmi ces populations malheureuses privées de biens et de droits. Alors que le Liban, l’Ouganda, le Tchad ou la Jordanie doivent s’en tirer avec des millions de réfugiés, la riche Europe est, elle, confrontée à plusieurs centaines de milliers d’exilés. En principe, ce serait supportable – si l’Europe ne s’était pas, actuellement, rendue incapable d’agir suite à une série de facteurs:

La classe politique européenne sans idées

Premièrement, la classe politique européenne n’a pas l’ombre d’une idée comment réagir à cet exode. Certains pays mettent en place des murs, d’autres laissent passer en pleine anarchie ces flux de réfugiés en direction du nord. Quant à l’Allemagne, elle s’est paralysée du fait d’une absence totale de plan migratoire. Ne peuvent entrer dans ce pays de cocagne que celles et ceux qui demandent l’asile et peuvent donc prouver qu’ils sont poursuivis pour une raison ou une autre. Cela signifie que, dans la mesure où la loi est appliquée strictement, seul un petit nombre peut en profiter. Copiant la fameuse «greencard» américaine, l’Allemagne tente d’attirer des gens fort bien formés dans leur pays d’origine, pour lesquels un autre pays, appartenant généralement au Tiers-Monde, a financé leur formation; l’économie allemande espère donc pouvoir en tirer tout le profit gratuitement. Dans ce contexte, le ministère des Affaires étrangères se contente de préciser que «l’Allemagne n’est pas un pays d’immigration classique qui, comme les Etats-Unis, le Canada ou l’Australie fixent des quotas d’immigration annuels.» Cependant, la politique, les médias et surtout l’économie réagissent à l’afflux migratoire très exactement comme s’il y avait un droit à l’immigration en Allemagne: on lance une litanie comme quoi la population allemande vieillirait dans les prochaines décennies et que, donc, les générations à venir ne pourraient plus financer le système des retraites et que de ce fait l’Allemagne pouvait accueillir sans difficulté quelques millions de réfugiés sur son marché de travail. Et soudain, on découvre tout à coup des logements vides, on pourrait aussi faire revivre les régions désertées en Allemagne de l’Est, comme cela avait été le cas lors de la venue des Huguenots. C’est ce qu’on semble découvrir soudainement.

Une Allemagne sans culture sociale performante du consensus

Des millions d’êtres humains traumatisés, venant de cultures étrangères avec des us et coutumes totalement différents peuvent-ils réellement remplir sans problème les lacunes de la structure démographique allemande? Les spécialistes émettent quelques doutes. Mais peut-être qu’on pourrait surmonter cet obstacle – si l’Allemagne possédait encore une culture sociale opérante du consensus et des rouages bien adaptés les uns aux autres. Donc une Allemagne des années 60 et 70. Mais entretemps, la société a subi des changements considérables – pas toujours à son avantage. La politique de Schröder de l’Agenda 2010, la ruine systématique du budget de l’Etat, le retrait de la politique de toute conception proactive de la société, la paralysie des structures de droit public et des coopératives: tous ces facteurs font en sorte que cet immense travail exigé pour l’intégration de millions de réfugiés n’a guère de chance de réussir. La solidarité harmonieuse des divers groupes de la société a été remplacée par une lutte sans merci pour des ressources s’amenuisant. L’extension impitoyable de la commercialisation du radicalisme de marché existant a poussé des millions de travailleurs dans un isolement prononcé.
De plus, le sociologue Heinz Bude a décrit dans un important article publié récemment, que des millions de personnes végètent avec des emplois à bas salaire en tant que «prolétariat des services», sans aucun espoir d’améliorer leur propre situation financière (en chiffre: 900 à 1100 euros par mois pour un emploi à plein temps). Le verdict est clair: nettoyer des latrines pendant toute leur vie professionnelle, délivrer des paquets, vivre dans des cabines de poids-lourds loin de la famille ou soulever des vieux et des malades hors de leurs lits. S’ajoutent à ces prolétaires des services, en tant qu’alliés potentiels dans une éventuelle guerre des classes futures, des universitaires diplômés qui n’ont pas réussi à s’intégrer dans le monde du travail et à subvenir à leurs besoins. Ainsi la République fédérale allemande s’est fortement rapprochée des Etats-Unis d’Amérique, du point de vue de la constitution sociale. Il suffit de jeter un coup d’œil dans les livres d’histoire pour comprendre à quel point les USA ont subi, depuis le milieu du XIXe siècle, à maintes reprises des vagues migratoires de populations très diverses déstabilisant le monde ouvrier déjà présent. Les migrants menaçaient en tant que concurrents le niveau de vie péniblement conquis de la population locale. Suite aux constantes baisses de leurs salaires dues a l’offre excédentaire de main-d’œuvre. La population réagit régulièrement par des pogroms et des lynchages.

Les médias ont engendré un énorme potentiel de violence

Les dépossédés et exploités du prolétariat des services en Allemagne pourraient bientôt réagir de la même façon. Les médias y ont bien contribué – consciemment ou inconsciemment, cela reste à voir – en formant depuis de longues années, des jeunes gens ayant consommé virtuellement, par la télévision, le film et les jeux vidéo («Egoshooter»), plus de 36'000 meurtres jusqu’à leurs dix-huit ans. Heureusement qu’on trouve encore de temps en temps quelques heures d’instruction sociale dans les écoles, sinon on aurait l’impression, suite aux modèles du monde virtuel transposés dans le monde réel, que la société industrialisée moderne est régie uniquement par la logique de l’âge de pierre.
En outre, la presse de boulevard excite systématiquement l’envie de certains groupes de la population ou de corporations face à d’autres, selon la vieille recette de César «diviser pour mieux régner». Et on en arrive au point où la quantité de violence virtuelle risque de se transformer en une réalité concrète.
Lors de la grève du syndicat des mécaniciens de locomotives, qui toucha fortement les usagers, on put lire dans un message sur Facebook qu’il fallait mettre tous les mécaniciens dans un train et les envoyer dans une chambre à gaz. Ce message de haine fut soutenu par 22'000 «likes», c’est-à-dire qu’un grand nombre d’utilisateurs de Facebook soutinrent cette idée. Lorsqu’à Garzweiler, en Rhénanie du Nord-Westphalie, des militants de la protection de la nature s’élevèrent contre l’extraction de lignite, ils furent bombardés de messages sadiques de haine, selon lesquels ont aurait dû leur passer dessus avec un train, qu’il fallait les anesthésier comme les animaux, etc. On découvrit que ces messages avaient été envoyés par des collaborateurs de la multinationale de l’énergie RWE, impliquée dans cette extraction de lignite. Finalement, lors d’une manifestation anti-islamique de la plate forme Pegida, on dressa deux potences à Dresde: l’un était dédié à la chancelière fédérale Merkel, l’autre à son suppléant Gabriel.

Des provocations ciblées

L’isolement croissant des gens provoque, face aux menaces réelles, des réactions qui se rapprochent de troubles de la personnalité paranoïaque. Le danger est d’autant plus grand et fait l’effet d’une goutte d’huile sur le feu lorsque des réfugiés de guerre traumatisés rencontrent des citoyens déstabilisés. Il s’agit de provocations ciblées lorsqu’on prétend que tous les réfugiés sont des abuseurs, des voleurs à l’étalage notoires, des violeurs ou qu’ils font «d’une manière ou d’une autre» partie de l’Etat islamique (EI). Il ne faut pourtant pas oublier que 99% des victimes de la violence de l’EI sont des musulmans. Mais pour les exploitants du site Internet «Politically Incorrect», il semble clair que les Allemands vont prochainement devoir affronter la terreur de l’EI. Ils pronostiquent pour fin 2016 le scénario suivant:
«Il suffit d’une simple arme à feu pour permettre à un combattant de l’EI entreprenant de tuer dans cette Allemagne naïve 20 à 30 personnes par jour – tout au moins le premier jour, pour autant que l’attaque soit coordonnée et menée par surprise. Avec 250'000 hommes cela signifie 4 à 5 millions de morts en 24 heures, ce qui semble tout à fait possible. Avant même que la Bundeswehr n’ai pu (ou voulu) réagir, il pourrait y avoir en une semaine quelques dix millions de morts – pour autant qu’il y ait assez de munition.»

Le rôle des «anti-allemands»

Mais on ne mobilise pas seulement à droite. Le milieu de la gauche classique a été infiltré depuis environ 15 ans par des forces mystérieuses qui se déclarent «antiallemandes». La gauche traditionnelle a été mise au ban par une équipe fort raffinée et professionnelle des anti-allemands, qui s’en prennent maintenant avec force aux prétendus «conspirationnistes» et aux «populistes de droite». Sont ainsi désignées les personnes qui ont l’audace de critiquer la politique du gouvernement américain ou le gouvernement Netanyahu en Israël. Une des cibles est, par exemple, l’historien suisse Daniele Ganser qui a osé confronter les affirmations officielles du gouvernement Bush concernant les dessous de l’attaque du 11 septembre 2001 avec d’autres tentatives d’explications.
Lorsque récemment l’Université Witten-Herdecke invita l’historien suisse pour une conférence, les anti-allemands, répartis entre les jeunes socialistes, les jeunes Verts, les anti-fascistes et les Pirates, tentèrent d’imposer à l’université l’annulation de cette conférence. La direction de l’université tint bon et ne se laissa pas mettre sous pression. Etant donné les très nombreux auditeurs venus pour cette conférence, les anti-allemands n’osèrent pas s’attaquer à cette réunion.
Les anti-allemands ne bénéficient d’aucun soutien dans la population. C’est pourquoi ils concentrent leurs activités de manière ciblée sur les universités allemandes. On harcèle la jeune génération d’universitaires, qui sera à l’avenir appelée à de hautes fonctions, avec des doctrines de l’ancien testament, rappelant le péché originel: les Allemands n’auraient plus droit à l’existence en tant que nation, du fait de l’assassinat de six millions de Juifs. Dans le langage du seul pouvoir hégémonique restant, on trouve sur les murs en béton gris des universités allemandes des inscriptions telles: «No Border, No Nations» ou plus simplement en allemand: «Que l’Allemagne crève!» et «Ouvrons les frontières de l’UE!».

Stratégie du choc: des expropriateurs défendant le radicalisme du marché à l’œuvre

Le motif de la délégitimation, du déni du droit individuel à l’intégrité et à la dignité, apparaît le plus souvent lors de l’usurpation soudaine des acquis de groupes de la population ou de nations entières. Les musulmans dans leur ensemble sont soupçonnés d’office de participer au terrorisme de l’EI, bien qu’ils soient eux-mêmes dans la plupart des cas les victimes de cette entité islamiste. Les habitants de la RDA étaient aussi collectivement soupçonnés d’avoir été des agents de la Stasi. Sous le choc de cette médisance totalement erronée, les banques occidentales se sont appropriées les entreprises du peuple. La population suisse est tenue responsable du comportement amoral des grandes banques suisses, afin de pouvoir, à longue échéance, s’emparer de l’immense fortune coopérative des Suisses.
Actuellement, on réquisitionne en grande quantité des installations et bâtiments communaux et municipaux ainsi que des centres communautaires au sein des communes allemandes pour y placer des réfugiés. Quiconque s’oppose à ce procédé se voit subitement confronté au reproche d’être xénophobe. L’extrême droite utilise des prétendus «groupes de citoyens» pour leurs actions, afin de dénigrer les réels soucis des citoyens. On ne peut pas s’empêcher de soupçonner qu’on utilise, une fois de plus, la «Stratégie du choc» que Naomi Klein a si bien décrit dans son ouvrage du même nom. Elle y décrit comment les expropriateurs défendant le radicalisme du marché utilisent des catastrophes tels des tsunamis ou des tremblements de terre, pour réutiliser des régions détruites selon leurs plans. On peut observer cela au Sri Lanka, où les pêcheurs avaient été chassés après le tsunami pour pouvoir installer sans entraves sur les plages tropicales de rêve des quantités de lotissements touristiques. Un autre exemple est la Nouvelle-Orléans qui a été complètement reconstruite selon les plans du radicalisme de marché à la suite de l’ouragan Katrina. Selon ce modèle, la crise des réfugiés pourrait également servir à réorganiser la topographie sociale de l’Allemagne, en profitant de l’état de choc généralisé de la population allemande: c’est-à-dire miner le vivre-ensemble de la population par la fermeture de centres communautaires et par la répartition nécessairement assez opaque des prestations sociales.
Voilà, la boucle est bouclée. Il y a une question restante: pourquoi ni la bureaucratie de l’UE ni le gouvernement fédéral allemand ne développent-ils un plan crédible et clair pour le traitement à long terme de ces flux migratoires grossissants? Une immigration de millions de personnes sans loi d’immigration – cela n’a rien à voir avec une bonne gestion de crise.

Un plan Marshall, pour reconstruire les pays détruits

Rien n’est plus urgent qu’une planification à long terme. Nous sommes condamnés à développer un tel plan, si nous ne voulons pas nous enfoncer dans la lutte des cultures préconisée par Samuel Huntington. Une telle planification pourrait avoir la forme suivante (en ayant en main une proposition, il est au moins possible de discuter sur quelque chose!): Dans une première étape, il faut adopter des lois défendant l’exportation d’armements. Là, la balle est dans le camp du gouvernement allemand, car l’Allemagne est le quatrième exportateur d’armes au monde. Dans une deuxième étape, les auteurs des destructions doivent être mis face à leurs responsabilités (dommages-intérêts), à l’instar de l’industrie du tabac dans les années 90 du siècle passé. Puis ces paiements de réparations seront versés sur un compte fiduciaire de la International Development Bank (le pendant du FMI pour les Etats du BRICS). Avec cet argent, il faut financer un plan Marshall pour la reconstruction des pays détruits. Partant de l’idée que la grande majorité des réfugiés seraient heureux de pouvoir un jour rentrer dans leur pays chauds, les pays d’hôte sont tenus de les former de manière sensée pour qu’ils puissent à leur retour participer de manière efficace à la reconstruction de leur patrie. Finalement, le gouvernement fédéral doit faire ses devoirs et mettre en route une législation pour régler l’immigration. Ainsi, on pourrait formuler de manière transparente et honnête, face aux nouveaux concitoyens futurs, les critères nécessaires pour l’obtention du passeport allemand si convoité. Il est évident, qu’une fois ou l’autre le bateau sera plein. Si l’Allemagne et ses voisins d’Europe centrale veulent garantir à longue échéance une vie en dignité à leurs habitants, ils ne doivent pas les soumettre à une lutte darwiniste pour la survie. La chancelière fédérale Merkel sait très bien pourquoi elle avait refusé en 2011 de participer à l’attaque contraire au droit international contre la Libye. Elle savait que la démolition de l’ordre étatique de ce pays allait empêcher toutes possibilités de traiter les flux de réfugiés aux frontières de l’Europe de manière coordonnée. Pourquoi Madame Merkel laisse-t-elle maintenant entrer les réfugiés dans son pays sans aucun contrôle? Quelles sont les pressions exercées sur elle, pour qu’elle agisse ainsi, à l’encontre de la bonne foi?    •
(Traduction Horizons et débats)

*    Hermann Ploppa, journaliste et écrivain, vit à Marbourg. Il a écrit les deux livres suivants:
«Hitlers amerikanische Lehrer. Die Eliten der USA als Geburtshelfer des Nationalsozialismus» [Les enseignants américains de Hitler. Les élites étatsuniennes, accoucheuses du national-socialisme] (2008, ISBN 978-3-9812703-03) et «Die Macher hinter den Kulissen. Wie transatlantische Netzwerke heimlich die Demokratie unterwandern» [Les responsables dans les coulisses. Comment des réseaux transatlantiques compromettent subrepticement la démocratie] (2014, ISBN 978-3-939816-22-5). Les lecteurs de notre journal connaissent Hermann Ploppa par son interview publiée dans Horizons et débats no 26 du 19/10/15.

Les réfugiés en Europe – des solutions constructives s’imposent

km. En ce moment, l’Europe semble être préoccupée par la seule question de savoir comment gérer les millions de migrants de provenance d’autres continents qui se dirigent vers l’Europe. La question a des dimensions humaines, mais aussi juridiques, économiques et politiques.
Des pays tel l’Allemagne, qui, au sein de l’Europe, est la destination préférée de la plupart des réfugiés, sont menacés de changements rendant le pays ingouvernable. Il n’y a plus de recherche commune de solutions. Les positions au sein du pays divergent de plus en plus. Ce durcissement menace la paix sociale. Il y a d’innombrables thèses et hypothèses sur les causes, les contextes et les impacts du flux de réfugiés. Qui peut encore vérifier ce qui est correct?
Ce qui alerte: peu des nombreuses prises de position s’orientent au bien commun, le partage entre le «bien» et le «mal» par contre est omniprésent. Le choix des mots est devenu très grossier; et ces mots suivis de pensées, de sentiments et aussi d’actes peuvent inquiéter.
Où sont les voix, où sont les forces cherchant des solutions constructives? Quel est le cadre, dans lequel il faut chercher de telles solutions? Ici, nous proposons de déclarer les aspects suivants «conditio sine qua non»:

  1. La prise en charge des réfugiés doit s’orienter au droit. Beaucoup d’aspects sont déjà réglés sur le plan du droit positif: en Allemagne, par exemple, dans la Loi fondamentale et dans d’autres lois. Au niveau international, il y a aussi de tels règlements. Actuellement, le droit n’est pas respecté. Les responsables ont construit un «état d’urgence», ce qui est très dangereux.
  2. Tous les individus ont les mêmes droits humains. Les Européens tout comme les personnes d’autres continents qui affluent actuellement vers l’Europe. Les solutions ne doivent pas négliger les droits humains.
  3. Aucun pays ne peut accueillir un nombre illimité de personnes, ceci d’autant plus s’ils viennent de milieux culturels très divers. Il faut un débat public ouvert et sans durcissements. Il est du droit de chaque citoyen de participer à la recherche de solutions. Pas seulement en tant que bénévoles qui doivent assumer une politique appliquée sans consultation des citoyens. Là aussi, il s’agit du principe de la souveraineté du peuple. Aucun peuple ne doit être contraint à quoi que ce soit contre son gré. Il faut prendre au sérieux tous les points de vue des citoyens et les discuter à la table de négociations. Seul l’argument compte. Il est évident que si de telles discussions sont menées de manière honnête et équitable, le potentiel créatif des hommes augmente. Il y aura plus d’idées constructives et moins de durcissements et de destruction.
  4. Il faut s’attaquer aux origines du flux de réfugiés: plus de guerres dans le monde, un ordre économique mondial équitable qui donne à tout être humain la chance d’une vie digne dans son pays d’origine. Tous les Etats doivent assumer leurs responsabilités. Ce n’est jamais une bonne solution si des millions de personnes doivent quitter leur pays pour trouver refuge ailleurs. Il est donc logique de partir de l’idée que les réfugiés arrivant actuellement en Europe rentreront dans leurs pays d’origine dès qu’ils n’y seront plus menacés et pourront y vivre dignement. L’intention de vouloir résoudre avec des réfugiés le «problème démographique» des Etats européens est une nouvelle injustice envers les populations et les pays.

Ici, il ne s’agit pas de formuler des hypothèses sur d’éventuels arrière-plans politiques liés au fait que des millions de personnes affluent vers l’Europe. Ce n’est pas prioritaire. Les résultats comptent mais n’arrivent pas automatiquement. C’est aux citoyens d’en décider en dernière instance, s’ils le veulent et si on leur donne l’opportunité.